OL : beaucoup de progrès, un peu de chance et encore du boulot

Olympique Lyonnais

STATS. À mi-chemin entre la fin de la saison écoulée et le début de la prochaine, il est temps de faire un bilan de cette année réussie, avec maintenant le recul nécessaire pour analyser la réussite de l’Olympique Lyonnais 2014-15 mais aussi les enseignements à en tirer pour la  suite. En se penchant d’abord sur ce que nous disent les chiffres de la performance collective.

 

Le bilan individuel

 

Olympique Lyonnais

© Birdace

Si on regarde d’abord les statistiques au niveau collectif, il ressort que l’OL version 2014-15 a été une équipe excellente offensivement et un peu au-dessus de la moyenne défensivement.

L’OL tire 13,8 fois par match, ce qui, sans être exceptionnel (les meilleurs équipes tournent à plus de 15), reste solide pour une équipe jouant le podium. Mais elle brille surtout par son nombre de tirs cadrés puisque seuls le PSG et Montpellier ont fait mieux depuis 2009/2010.

Cela se répercute logiquement sur les buts marqués, qui placent aussi Lyon dans le top 5% depuis 2009-10. Les calculs d’Expected Goals (une statistique qui calcule la probabilité de but de chaque tir selon sa position et le type de tir) sont un peu moins positifs même si le ratio de 1,52 xGoal par match reste une bonne valeur.

Défensivement, le bilan est moins bon malgré un très bon 0,87 but encaissé par match (top 10%). L’OL se retrouve entre Nantes et Nice en termes de tirs subis et entre Lille et Rennes pour les tirs cadrés. Le taux d’Expected Goals concédés en revanche renvoie la défense lyonnaise dans le ventre mou (11e).

Le ratio d’xGoals place donc Lyon au pied du podium, derrière Paris, Marseille et Monaco. En utilisant ce modèle, on aurait prédit 68 points au lieu des 75 obtenus. Ces résultats sont évidemment à prendre avec précautions car ils utilisent une statistique assez nouvelle et qu’il est probablement encore possible d’améliorer. Mais on pourrait anticiper une baisse de régime si le club ne profite pas de sa saison réussie pour encore s’améliorer (notamment en défense). Il serait toutefois dangereux de prendre ce type de données comme acquises pour la saison à venir.

 

Difficile de faire mieux

Néanmoins, d’autres chiffres viennent appuyer la thèse d’un recul en 2015-16.

Olympique Lyonnais

© Birdace

• Le pourcentage d’arrêts [(tirs cadrés – buts) / tirs cadrés] d’Anthony Lopes est impressionnant à 75,7% mais il devrait diminuer prochainement. Depuis 2009/2010, tous les gardiens avec un pourcentage supérieur à 75% ont régressé la saison suivante avec 7,2% de moins, en moyenne. Certains gardiens baissent peu d’une année sur l’autre, comme Sirigu, Agassa et Subasic, mais s’en est suivie une dégringolade pour les deux premiers (respectivement -13,2 et -12,7%) la troisième année. Subasic, de nouveau, et Ruffier seront également à suivre en 2015/2016 pour voir s’ils seront aussi concernés.

 

• De manière similaire, les taux de conversion (buts / tirs) offensif et défensif de l’OL ont été excellents cette année mais ça devrait s’atténuer sur la longueur. Le premier est à 13,8%, soit le 3e meilleur depuis 2009-10, et le second est à 8,1% alors que la moyenne est à 10% pour les deux taux de conversion. Même si les bonnes équipes sont souvent au-dessus de la moyenne (11,8% et 8,6% en moyenne, pour les cinq premiers de L1), cela reste très élevé. Quand on cumule les deux, on se retrouve avec un ratio de 0,628 (conv pour / (conv pour + conv contre)) : seul Paris, qui fait figure d’ovni, a fait mieux sur les trois dernières années, ainsi que Sochaux en 2010-11, l’équipe qui symbolise sans doute le mieux une saison passée en surrégime. D’ailleurs, ce ratio a déjà diminué en passant de 0,635 en première moitié de saison à 0,623 en deuxième partie et devrait se rapprocher du ratio moyen de Lyon ces six dernières années : 0,548.

 

Possession efficace

Même si l’OL a sans doute profité de pas mal de réussite cette saison, certains éléments permettent en partie de l’expliquer. L’excellent travail de @SaturdayOnCouch sur les statistiques de passes permet de mieux apprécier le jeu lyonnais.

 

Ce qui ressort de ce profil, c’est tout d’abord que l’OL conserve beaucoup le ballon mais pas juste pour le plaisir. Les Lyonnais le gardent assez haut et progressent plutôt par des passes vers l’avant que des passes latérales. À cela, il faut noter que l’OL use très modérément de longs ballons alors même qu’il est dans le top 3 européen des équipes réalisant le plus de diagonales. Le faible tempo des tirs s’explique par un jeu patient fait de redoublements de passes. Le plus étonnant, c’est le faible nombre de passes réalisées vers la surface adverse par match mais ce nombre peut s’expliquer par le fait que l’OL est l’équipe qui centre le moins en Ligue 1.

En revanche, Lyon possède une des meilleures formations d’Europe (top 3) quand il s’agit de réussir des passes à l’intérieur de la surface adverse : à l’inverse d’autres équipes qui frappent dès qu’elles entrent dans les dix-huit, les Lyonnais n’hésitent pas à réaliser une passe supplémentaire pour déstabiliser la défense et se procurer des occasions de meilleure qualité. C’est une part important du jeu offensif de l’OL.

Autre variable notable : la centralité du jeu de passes lyonnais. La majorité des passes réalisées le sont à partir du tiers défensif de l’adversaire, vers l’axe du terrain, d’où il est le plus facile de lancer les dernières passes qui amèneront des occasions de qualité.

L’OL se concentre donc sur la création d’occasions franches plutôt que la multiplication d’occasions moins nettes. Dans une certaine mesure, on est à l’opposé de ce qu’une équipe comme l’OM réalise.

Défensivement, l’arrière-garde lyonnaise se concentre sur l’annihilation de la circulation du ballon aux abords de sa surface (et y arrive) et force l’adversaire à jouer sur les côtés, là où il est plus facile de défendre. Ces données peuvent aussi être liées à la formation très axiale de de l’OL que les autres équipes essayent de contourner.

 

Fort devant, heureux derrière

Si on compare maintenant avec la saison 2013-14, on peut facilement voir les domaines dans lesquels Lyon a progressé :

Olympique Lyonnais

© Birdace

 

Lyon est simplement passé d’une équipe top 25% (top 40% pour les xGoals) à une équipe top 10% dans toutes les statistiques offensives, tout en restant assez constante en ce qui concerne la défense. À cela, il faut ajouter la mise en place d’un vrai jeu de possession (pourcentage qui oscillait entre 53,3 et 54,8 depuis cinq ans) et l’affirmation de la tendance à dribbler de plus en plus (tendance qui concerne tout le championnat). On voit aussi une nouvelle preuve des fortes variations que peut avoir le pourcentage d’arrêts avec un grand écart entre 2013-14 et 2014-15.

Par rapport à la moyenne des cinq années précédentes, la cuvée 2014-15 est particulièrement bonne. Au nombre de tirs par match, elle est juste derrière des saisons 2009-10 et 2010-11 très prolifiques (15,6 et 14,7) et elle se classe première que ce soit pour les tirs cadrés, les buts ou les xGoals. Défensivement, l’OL fluctue beaucoup moins et cette saison se situe dans la moyenne, si ce n’est au niveau des buts encaissés, peu en adéquation avec les xGoals concédés.

Pour conclure, l’OL a réussi une belle saison, bien meilleure que la précédente, mais un certain nombre de statistiques laissent penser que l’équipe doit encore progresser si elle veut à nouveau se qualifier pour la Ligue des Champions.

Le prochain article se penchera davantage sur certains cas individuels et les nouvelles recrues.

Julien Assunçao

(Photo CTK Photobank : Panoramic)