OL – Atalanta Bergame (1-1) : Houssem Aouar, le talent au service du correctif

Aouar

LES NOTES. On pourrait toujours partir du principe que le football est une bataille au mérite. Auquel cas, l’OL aurait dû empocher trois points sans que personne n’y trouve rien à redire pour cette première à domicile en Ligue Europa face à l’Atalanta. Reste qu’avec son goût du game bas de gamme, le collectif lyonnais a trop souvent été à la ramasse pour troubler la mécanique défensive bergamasque. Alors, on s’en remet au cache-misère préféré du moment, celui du talent qui corrige à la marge, à défaut de savoir corriger l’adversaire du jour.

 

Olympique Lyonnais – Atalanta Bergame 1-1

Buts : Traoré (44ème) pour Lyon ; Gomez (56ème) pour Bergame

OL : Lopes – Tete, Marcelo, Morel, Mendy – Tousart, Ndombélé – Traoré (Cornet, 85e), Fekir, Aouar (Memphis, 69e) – Mariano (Maolida, 69e). Entr. : Bruno Genesio.

Atalanta Bergame : Berisha – Masiello, Caldara, Palomino – Hateboer, Cristante (Castagne, 46e), De Roon, Freuler, Spinazzola – Petagna (Ilicic, 61ème), Gomez. Entr. : Gian Piero Gasperini.

Lopes 4 – Tete 5, Marcelo 5, Morel 5, Mendy 7 – Tousart 6, Ndombele 7 – Traoré 6, Fekir 7, Aouar 7 – Mariano 4

 

LE JEU. On aimerait croire qu’il y en a un. Ou alors, chacun s’emploie à le chercher pour faire de l’OL ce laboratoire à ciel ouvert dans lequel on se relaie pour mettre en évidence sa trouvaille du moment. Face à un collectif bergamasque venu pratiquer l’art du repli, on sent venir de loin le scénario du Jour sans fin adapté aux soirs d’Europe : les tentatives lyonnaises qui se crashent sur le mur de l’Atalanta, un contre qui sort du bunker et la même histoire qui peut reprendre, jusqu’au second but marqué dans les arrêts de jeu.

A défaut de collectif qui connaît son affaire tactique quand il faut faire déjouer l’adversaire, l’OL a pu s’en remettre au correctif du moment : le talent individuel. Qu’il s’appelle Ndombele, Aouar, Mendy, Traoré ou encore Fekir, il a le mérite de tromper l’ennui pour sortir l’OL de l’impasse dans laquelle se trouve son projet de jeu. Façon de dire qu’il fait bien assez de différences pour ne pas laisser complètement indifférent.

On entend les petits cœurs fragiles battre d’ici, mais on peine encore à voir l’élan qui pourrait porter l’OL au loin cette saison en Europa League. A pratiquer ce petit jeu jusqu’à l’absurde, on en arrive à trouver un nul plutôt injuste au vu de la domination et du nombre d’occasions. On reconnaîtra ensuite qu’il s’inscrit dans une logique du moment, celle d’un football sans victoire qui oblige à se contenter de peu.

LES JOUEURS. On se demande d’abord qui va sortir l’OL du brouillard dans lequel navigue sont 4-2-3-1 du moment. Suffit que tout le monde se planque pour que Ndombele sorte du bois. C’est à la gratte, dans les pieds et debout, qu’il remet son équipe dans le sens de la marche. Laquelle mâche plus qu’autre chose les munitions que lui envoie son Big Bison du moment. Le jeu est encore trop vertical pour trouver les solutions qui sauront déséquilibrer un 3-5-1 plus solide qu’agressif monté par Gasperini. Ndombele peut bien s’imposer tout en autorité devant sa surface et lancer Traoré dans la profondeur, l’affaire doit se terminer par un passage plein axe, sans autre perspective qu’un tir qui s’écrase bien assez pour ramollir les intentions offensives du moment (9ème).

En plus de sa puissance, Ndombélé possède ce qu’il faut d’intelligence de jeu pour rester à sa place et pratiquer l’art du relais. Lequel peut aussi se passer. Avec Tousart d’abord qui bouscule en long, en large et en travers le milieu bergamasque pour l’empêcher de mettre en place son pressing. Avec Aouar surtout, bien planqué à gauche jusque-là, le temps que Mendy prenne la mesure de son couloir.

 

C’est Aouar qu’il nous faut

On vous le dit, le foot est affaire de tempo. À ce jeu, Ndombele bat le rythme et Aouar balance la partition, celle que l’OL a toujours confié à ces quelques joueurs qui possèdent ce qu’il faut de technique et de science pour être là où ça passe, sur une remise qui pourrait paraître bien trop simple si elle n’était exécutée à une vitesse qui en arrive à précéder tout le reste – l’appel du coéquipier, la défense de l’adversaire, l’admiration du supporter.

Une bonne demi-heure, c’est sans doute ce qu’il a fallu à Mendy pour sortir de l’impasse de Memphis. Passer des improvisations foutraques du Néerlandais aux anticipations à tout-va d’Aouar demande plus qu’un ajustement. Même Mariano a l’air moins embarrassé dans son rôle de pivot, héritier du Carew cassé. On comprend alors que tout ce beau monde soit un brin jetlagué dans ce début de première période. Le décalage horaire de quelques secondes consommé, Mendy a en prendre la mesure, répétant les appels à l’envi et manquant de peu le cadre d’un pointard qui laisse Berisha les deux genoux à terre (34ème minute).

 

Fekir, la sélection naturelle

Une chose est sûre, à partir de là, s’il doit y avoir une différence, elle passera par la gauche. Comme tous les gars qui sentent le foot, Fekir vient de plus en plus souvent traîner du côté du duo à l’origine des accélérations les plus prometteuses. On peut toujours chercher les excuses que Deschamps fera mine de sortir pour justifier son absence de sa liste, Nabilon n’invente rien quand il faut faire respirer le jeu – et le sien au passage. Mieux vaut d’abord passer par la droite avant de basculer à gauche pour trouver l’intervalle qui manquait jusque-là. La remise éclair d’Aouar fait la première différence. Le double contact et feinte au passage manque de faire tomber De Roon à la renverse. La voie est libre pour Traoré qui peut s’y reprendre à deux fois avant de marquer. (44ème)

 

Lopes, Portugal. Third Man

Une fois qu’on a fait le tour des types les plus en vue, la suite paraît bien plus famélique. Les intentions de l’Atalanta paraissent tellement dérisoires qu’on n’aurait rien à (re)dire sur la prestation défensive du soir. Même Marcelo et Morel parviennent à rattraper sur un geste ou une course un retard à l’allumage ou un menace de dévissage.

Puisque le danger ne rôde pas, on s’intéresse un peu au cas Lopes. Depuis l’Euro, c’est comme s’il s’était conformé à son rôle de troisième gardien de la sélection portugaise. Être gardien au Portugal, c’est un peu comme être bassiste un soir de la Fête de la Musique : on sait qu’on en a besoin, même si on n’a jamais trop compris pourquoi. On rejoue alors avec lui l’itinéraire d’un enfant ganté, celui qui devait jouer les sauveurs de la maison lyonnaise les soirs de tempête et qui doit désormais servir de première rampe de lancement aux passes à la limite du foireux de Marcelo. Un joueur de champ comme les autres. Un joueur de chambre surtout si l’on en croit l’obscurité dans laquelle l’affaire l’a plongé.

Au point d’en perdre certains repères au moment de monter un mur quand Gomez se pointe pour tirer un coup franc. Forcément, le placement et la cohésion laissent passer les failles qu’on avait déjà repérées chez le gardien lyonnais. L’Atalanta peut égaliser (56ème) et étirer jusqu’à l’ennui que le coaching poussif de Génésio ne manque pas d’accompagner. Façon de rappeler qu’on peut très bien ne pas mériter un nul, on n’a jamais que les nuls qu’on mérite.

Serge Rezza

(Capture d’écran W9)

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