Manchester City – OL : la preview tactique

Aouar

BRIEFING. Avant le déplacement de l’OL à Manchester City pour la première journée de Ligue des Champions, on a discuté avec Florent Toniutti (du podcast Vu du Banc et qui écrit aussi sur le site Les Chroniques Tactiques) de ce qui attend les Lyonnais en Angleterre ce mercredi.

Pas de surprise, il faudra défendre bas et bien

Pep Guardiola contre Bruno Genesio : la confrontation a déjà déchaîné les passions. En ce qui concerne la possession de balle, il ne devrait pas y avoir de débat. « Je pense que l’OL va jouer bas », pronostique sans trop prendre de risques Florent Toniutti. « De toute façon, l’OL n’a pas l’habitude de jouer haut dans ce genre de matchs. Il ne l’a fait qu’une fois l’an dernier, contre le PSG à la maison et ça avait plutôt marché avec une victoire. »

« Le problème si tu veux copier Liverpool de l’an passé et les presser, c’est qu’il te faut des latéraux extrêmement forts en un contre un. Robertson et Alexander-Arnold City avaient fait des matchs exceptionnels dans ce domaine, alors que ça semble plus limite côté lyonnais si tu laisses les latéraux seuls face à Sané ou Sterling. City n’a cette saison pas encore affronté quelqu’un qui soit sorti pour aller les chercher. Mais personne n’a réussi à ne pas prendre de buts contre eux en jouant bas. »

Défendre bas est quasiment une obligation, défendre bien est une nécessité. « Tu sais que tu vas subir. La vraie difficulté, c’est de les empêcher d’avoir de grosses occasions. Ce qui va être important, c’est de bien protéger la surface de réparation et de bien la quadriller. Je crois que Wolverhampton l’avait bien fait. » C’est d’ailleurs le seul nul de City cette saison (4 victoires en 5 journées de Premier League).

Après avoir ouvert le score, les Wolves s’étaient fait rejoindre par Manchester City sur une tête de Laporte sur coup franc. « C’est le plus frustrant. Jouer bas, concéder peu d’occasions dans le jeu et céder sur coup de pied arrêté. C’est d’ailleurs un facteur qui compte pour City, qui a débloqué pas mal de situations là-dessus en Ligue des Champions l’an dernier je crois. » Toniutti termine d’ailleurs par une stat qui fait dire que Lopes ne devrait pas s’ennuyer mercredi. « Là, en Angleterre, ils sont en tête au nombre de tirs dans le jeu et en tête au nombre de tirs sur coups de pied arrêtés. »

Le dernier épisode de Vu du Banc,
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Le dilemme des ailiers

Le 4-4-2 losange avait permis à l’OL de réussir une grosse série à la fin de la dernière saison et de se qualifier pour la Ligue des Champions, mais on avait depuis des doutes sur le fait que ce système serait employé dans la plus prestigieuse des coupes d’Europe. Des doutes qui se sont confirmés. Le losange a bel et bien été abandonné, et même plus tôt que prévu. À City, on devrait voir selon les derniers échos un OL en 4-3-3.

Si la composition du trio du milieu de terrain (Ndombele-Tousart-Aouar) semble connue, Toniutti attend de voir celle des trois de devant. « Pour exploser vite de l’avant, il faut des joueurs rapides mais qui jouent aussi pour les autres. Dembélé peut être intéressant pour jouer bas, il ne faisait que ça avec le Celtic en Ligue des Champions. Il peut remiser vers des joueurs qui arrivent lancés. Après, il va falloir se poser la question des joueurs de côtés. »

« Est-ce que ce ne serait pas possible de mettre un gars comme Terrier, dans l’optique de défendre et de compter sur son volume de courses pour sortir quand tu récupères le ballon. Mais le problème c’est que si tu mets Terrier sur le terrain, tu enlèves un joueur capable de faire la différence en solo, sur une action ou un coup franc par exemple. Le calcul, il va surtout être là. »

Nabil Fekir devra trouver sa place

L’autre grande question concernera évidemment le placement de Fekir. L’équipe est depuis longtemps bâtie pour que son capitaine soit en position de meneur de jeu (4-4-2 losange ou 4-2-3-1), mais celui-ci devrait plutôt être sur un côté en cas de 4-3-3. Logique pour Toniutti, qui avait cependant aimé le match de Fekir en numéro 10 lors de la victoire de l’OL contre le PSG en janvier.

« Dans mon souvenir c’était un 4-5-1 à la perte du ballon et Fekir venait se replier au niveau de Ndombele. Ça pourrait être une piste, sauf que l’OL va jouer beaucoup plus bas que contre le PSG. City a une organisation qui facilite la progression de l’équipe. Le PSG a des milieux qui aiment jouer derrière la ligne de pression et attendre la balle dans des zones peu dangereuses pour eux, du coup ça peut te permettre de faire sortir tes milieux. Les milieux de City vont eux se mettre dans le dos de tes milieux pour les forcer à reculer, l’une des bases du jeu de position. »

S’il était positionné dans un rôle similaire, Fekir devrait donc défendre beaucoup plus souvent et beaucoup plus longtemps que contre le PSG. Ce devrait aussi être le cas sur un côté, même si son rôle tactique à la perte du ballon sera scruté : vrai 4-3-3 où Fekir reviendra défendre sur une aile ou faux 4-4-2 où Fekir restera proche de Dembélé et laissera à Memphis le soin de venir compléter la ligne du milieu ?

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Prier pour le retour de la surperformance

Si l’on parle beaucoup de la qualité offensive de City, une stat indique toute la difficulté à se créer des occasions face à l’équipe de Guardiola. Depuis le début de la saison, Ederson n’a eu que 8 arrêts à réaliser. Rajoutez à cela les 3 buts encaissés en 5 matchs de Premier League, et vous avez une idée des miettes qu’il vous restera. « Le facteur réalisme sera forcément important. Il y aura forcément une ou deux occasions pour l’OL, mais il faudra espérer deux choses. Que l’OL soit encore dans le match au moment où il les obtiendra. Et que les joueurs les mettent au fond. »

Car c’est l’un des soucis du début de saison lyonnais. « L’an dernier, l’OL surperformait beaucoup aux expected goals (xG). Bon, c’est aussi grâce au talent des joueurs, qui sont capables de mettre plus régulièrement que les autres des lucarnes de 30 mètres. Mais c’est moins le cas cette saison. L’OL mis 6 buts pour 6,05 xG. L’an dernier ça aurait fait 10 buts et changé pas mal de choses ! » Le dernier conseil de Toniutti n’a pas donc grand chose de tactique. « Faudrait que la surperformance de l’an passé revienne. Ça reste possible. » On le remercie pour cette ultime note d’optimisme.

Hugo Hélin

(Photo Jean-Marc)

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