L’OL perd de l’argent, et alors ?

Olympique Lyonnais

FINANCES. Dans un rapport de la DNCG tombé le 17 avril, on a pu lire une énième fois cette saison que l’OL perdait beaucoup d’argent. Ce n’est pas une nouvelle puisque les résultats financiers sont disponibles depuis octobre. Pourtant, tout ne va pas si mal. Mais attendez quand même d’avoir tout lu avant de vider votre PEL pour acheter de l’OL Groupe.

 

Si la santé financière d’une entreprise se résumait à son seul résultat comptable, ça se saurait. Pourtant, de nombreux médias se sont contentés de dire que les clubs français perdaient beaucoup d’argent. C’est vrai. Mais parmi ceux qui perdent de l’argent, il y a des clubs qui ont aussi beaucoup acheté ces deux dernières saisons, comme Rennes ou Marseille. On ne peut pas leur reprocher d’être mal gérés parce qu’ils investissent, il faut déterminer la pertinence de cet investissement, le risque encouru.

L’OL lui n’achète pas beaucoup et surtout pas très cher. Pourtant, jamais le déficit n’a été aussi grand. Pourquoi ? Une partie de la réponse vient plus tard ; l’autre tient au fait que le club, qui avait prévu de céder deux joueurs avant le 30 juin, ne l’a pas fait. Forcé par des offres insatisfaisantes ? Peut-être. L’OL a donc misé sur la continuité d’un effectif et d’un losange qui avait laissé la vague impression d’avoir fait deux saisons. Mais aujourd’hui ça paye. L’OL joue le titre à cinq journées de la fin et amène progressivement à maturité une génération de jeunes joueurs qui alimenteront dans quelques mois les unes les plus folles de la Gazette des Transferts. Pas sûr qu’on en serait là sans l’expérience et les coups de gueule de Maxime Gonalons.

 

La fin d’une époque

Probablement influencé par les comparaisons très flatteuses de Bernard Lacombe – ou l’envie d’hypothéquer sa résidence principale pour fournir une équipe à Claude Puel -, JMA a fait quelques folies à fin des années 2000. Des folies qui ne devraient bientôt plus avoir de conséquences directes sur les résultats financiers puisque le contrat de Yoann Gourcuff, l’ultime extravagance d’une période révolue, se termine. Une aubaine pour le club puisqu’il continue de supporter les conséquences de cet investissement. En effet, les contrats de joueurs étant considérés comme des actifs immobilisés, le coût n’est pas supporté par le seul exercice d’acquisition. Cette charge est en fait étalée proportionnellement aux nombres d’années de contrat restantes. Concrètement, Yoann Gourcuff est arrivé pour 23,4 M€ et a signé pour cinq saisons. Il a donc coûté en moyenne 4,68M€ par saison en amortissement. Et comme il ne prolongera pas, cela fera, en ajoutant le salaire et les charges sociales, 12M€ de charges en moins pour l’OL à partir de l’exercice 2015/2016.

 

On constate une chute des amortissements depuis 2011, signe du changement de la politique sportive. Cela devrait se poursuivre pour l’exercice 2014/2015 puisque les coûts d’acquisitions des contrats de Gomis et Briand ont été complètement amortis. Une charge en moins estimée à environ 5M€ qui, ajoutée à la diminution de la masse salariale, devrait permettre à l’OL de compenser la perte des revenus de l’Europa League. Si le club maintient cette politique, l’amortissement pourrait dès l’exercice 2015/2016 ne représenter que 6 ou 7M€ de charges.

La valeur résiduelle des contrats joueurs correspond au coût d’acquisition non amortis au moment de la vente d’un joueur qui doit être inscrit en charges. Pour 2013/2014, ce poste de charges équivaut à 11,2M€, résultant principalement des transferts de Bastos, Lisandro et Monzon. Ce montant devrait logiquement chuter dans les années à venir puisqu’on a vu que le montant des amortissements devrait être de moins en moins important.

Lire : On a épluché le rapport d’activité d’OL Groupe

Après quelques années de rigueur, l’OL devrait enfin apercevoir le bout du tunnel. Est-ce vraiment un hasard si Jean-Michel Aulas remet sur le tapis un partage plus favorable aux élites des droits télés ? Il convient maintenant de se demander pourquoi l’UEFA enquête sur l’OL pour des erreurs faites avant même le Fair-play financier alors que le club est sur le point de s’en remettre.

 

Y a pas de petites économies

Depuis le 1er janvier de cette année, la taxe à 75% n’existe plus juridiquement, pour le grand plaisir des clubs et de Jean-Michel Aulas. Il faut dire que cette taxe représente un coût estimé à 5 millions d’euros par saison pour l’OL. Une taxe dont le club continuera de supporter le coût pour l’exercice en cours au titre de 2014 mais qui ne viendra plus augmenter les charges de l’OL ensuite. Mais puisqu’on aime bien être fiscal, on se doit de noter que la taxe sur les spectacles vient d’être remplacée par une TVA à taux réduit. Pour un club comme l’OL qui en était exempté cela représenterait un coût supplémentaire d’1,5M€ par saison.

L’OL va aussi bientôt en finir avec Claude Puel et une procédure en justice à rallonge. On ne va pas rentrer dans les détails, mais l’OL pourra reprendre (passer en produit) une provision qu’on estime, à la lecture des bilans, à 2,5M€. Une provision, c’est un risque que l’on anticipe en constatant par avance une charge estimée. Une charge qui pourrait bien être nulle si la cour de Cassation venait à ne pas casser l’arrêt rendu par la cour d’appel de Lyon et qui était complètement défavorable à Claude Puel.

 

Ligue des Champions, le jackpot

L’OL pourrait, à l’issue de la saison, retrouver la Ligue des Champions et ses revenus toujours plus délirants. Avec une qualification directe pour la phase de groupes, le club pourrait légitimement tabler sur 30M€ de ressources supplémentaires au minimum. Il serait assuré de toucher 12 millions d’euros pour sa participation à la phase de groupes. À ce montant pourraient s’ajouter des primes à la performance équivalentes à 500.000 euros le point et bien sûr les recettes de billetterie. Mais également les revenus market pool, qui sont en fait la partie des droits télés versés par beIN Sports et Canal + à l’UEFA que se partageront les clubs français. Un beau gâteau qui pourrait atteindre 75 millions d’euros si le market pool augmente proportionnellement aux droits télés versés par les diffuseurs français. Et, bien entendu, si le troisième de Ligue 1 ne se qualifie pas pour la phase de groupes, seuls deux clubs se le partageront. De la à espérer que Saint-Étienne finisse troisième…

Reminho

(Photo Anthony Bibard – FEP / Panoramic)

Source : rapports annuels OL Groupe

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