L’important c’est les tripes, point

RANK’N’OL #S02E48. L’OL s’est incliné à Gerland face à Monaco (2-3), abandonnant ses espoirs de qualification pour la Ligue des Champions. La petite histoire retiendra que chacun des buts monégasques était entaché d’un hors-jeu. La grande histoire se souviendra d’un OL admirable dans un Gerland en fusion. Car à la petitesse des hommes, le Rank préférera toujours la grandeur des âmes.

Olympique Lyonnais

La beauté cachée déliée. (Photo Panoramic – Anthony Bibard)

 

Dimanche 16 mars 2014, 29e journée de Ligue 1

Olympique Lyonnais – AS Monaco 2-3

Buts : Briand (32e, 78e) pour Lyon ; Germain (4e), James Rodriguez (27e), Berbatov (51e) pour Monaco.

OL : A. Lopes – Miguel Lopes,  Bisevac , Umtiti (B. Koné, 10e), Bedimo – Ferri (Gomis, 72e), Gonalons (cap.), Fofana (Gourcuff, 53e) – Mvuemba – Briand, Lacazette (avert., 31e). Entr. : Rémi Garde.

 

Olympique Lyonnais

Le mode d’emploi : Let’s Rank’n’OL !

 

Olympique Lyonnais1. Jimmy Briand

Quand l’OL court après plusieurs lièvres sans réellement faiblir, c’est un peu grâce à sa maîtrise technique, mais surtout beaucoup grâce à son cœur. Une telle définition sonne déjà comme la biographie Wikipédia de Briand. Car oui, l’OL actuel ressemble à Jimmy, et ça lui va bien. Certes, on ne s’habituera jamais tout à fait à cette idée, le passif étant trop grand. Mais l’actif l’est encore plus. Façon de dire qu’on tient le plus grand Jimbo jamais vu depuis sa rupture (des ligaments), en mars 2009. On n’a peut-être pas retrouvé le joueur dont la légende dit qu’il était peut-être le plus fort de la génération 1985 en sélection de jeunes, devant un Portugais (Cristiano R.) et un Anglais (Wayne R.). Mais quand on crie au génie les soirs où Ibrahimovic plante un doublé sans qu’on ne l’ait vu du match, ce ne sont pas quelques contrôles et remises envoyés à l’envers qui vont priver Briand de sa place parmi les grands. Ou pas loin.

2. Rémi Garde

L’OL a fini par lâcher l’une de ses trois déraisonnables conquêtes. Les Lyonnais peuvent encore rêver à l’Europa League ou (et ?) à une victoire en Coupe de la Ligue face au PSG, mais ils ne termineront pas sur le podium de la Ligue 1. Ils laisseront donc à plus moches qu’eux le droit de représenter la France en Ligue des Champions. S’ils regretteront longtemps leur première partie de championnat, les Gones ont laissé filer leur ultime espoir un après-midi au terme duquel ils peuvent en vouloir au destin bien plus qu’à eux-mêmes. À ce compte, Rémi Garde n’est pas un magicien, mais au moins un funambule. S’il y a autant d’entraîneurs que de supporters, tous ne seraient pas capables aujourd’hui de faire jouer leur équipe de cette manière malgré les absences, ni d’enflammer un stade quand le sort s’acharne à grands coups de hors-jeu face à un dauphin de Ligue 1 dopé aux roubles. Ça ne soulagera probablement pas ses peines, mais au moins Garde a gagné les honneurs du Rank pour cela. C’est quand le Derby déjà ?

Olympique Lyonnais3. Alexandre Lacazette

Tout a commencé par une inspiration géniale, celle d’un joueur qui pique son ballon pour tenter de marquer, mais aussi pour éviter de défoncer l’arrière-train de son coéquipier alors au sol, Briand en l’occurrence (6e). Le ballon a fini juste au-dessus de la barre de Subasic, mais son camarade était sauf. On ne mettra pas du symbole n’importe où, encore moins dans les fesses de Jimbo. Il y aurait pourtant à raconter sur l’altruisme du Kid de Mermoz le jour où il y a peu à manger pour lui, alors même que Miguel et Bako distribuent des galettes. Mais ce sont bien à ces matchs vaillants qu’on peut légitimement croire que Lacazette n’est pas qu’un feu de paille. Ou alors, au regard de la triplette décisive, il éclaire très loin.

Olympique Lyonnais4. Bakary Koné

Un seul mouvement peut venir à bout de bien des courses inutiles. C’est à peu de chose près la master class qu’est venu délivrer Dimitar Berbatov en cette fin d’après-midi à Gerland. Une première remise déclenche le bazar love triangle avec James et Germain (3e), en appelle un second (27e), pour se finir en piqué flotté qui noie cette fois l’OL. On peut toujours en vouloir à un arbitre de touche de ne pas avoir vu le hors-jeu qui traîne à chaque fois. En même temps, comment lui reprocher de se laisser prendre devant cette allure dont la facilité et le détachement n’ont pour seul équivalent ces quelques refrains lâchés par Pavement – dont on ne s’est d’ailleurs jamais vraiment remis ? Encore fallait-il tenir un esthète à la hauteur du Bulgare pour reprendre la leçon à son compte. Lacazette ? Autant demander à Springsteen de lâcher son New Jersey prolo pour une chambre adolescente sur la Côte Ouest. Briand ? Jimmy préfère de loin mettre les doigts dans la prise, quitte à se prendre les pieds dans les fils, comme tous les Ramones de son calibre. Alors, va pour Bako. Ce qui ne va pas de soi au premier abord. Avant de comprendre que le tempo relâché de Berbatov lui convient à merveille. Non sans prendre le risque de se manquer sur ces passes trop tendues quand il faut envoyer une première relance. Qu’importe. Puisque l’heure est au combat d’esthète contre esthète, Koné monte d’un cran et vient délivrer la plus belle passe qui soit, l’avant-dernière – celle qui ne compte pas (76e). Il manque encore une tête, celle que Briand laisse filer. Bako monte la sienne sur le mouvement qui suit et Jimmy n’a plus d’autre choix que celui du doublé (77e). Peut-être trop tard pour remonter le score. Pas pour le Rank, pour qui mieux vaut Dimitar que jamais.

Olympique Lyonnais5. Miguel Lopes

On croyait l’avoir perdu. Depuis son retour, c’est à peine si l’on veut se souvenir de l’intérim de Zeffane qui devait le renvoyer parmi les grands oubliés de l’histoire moderne de l’OL – « Entre ici Miguel Lopes avec ton terrible cortège de Cleber Anderson, de Marc Crosas et de Fabian Monzon. » Une nouvelle passe décisive plus loin – la seconde depuis son retour –, il faut croire que l’international portugais n’en est plus là. À moins que ce ne soit l’OL qui n’en soit plus là. Là où le club aurait eu toutes les raisons de s’en foutre – salaire au-dessus des nouveaux canons en vigueur, option d’achat qui en fait déjà un passage sans lendemain –, il finit par relancer le joueur, au point de faire basculer le jeu de son côté quand Bedimo en est encore à retrouver son souffle. La confiance retrouvée de Miguel Lopes a alors valeur de message envoyé au monde. Certes, l’OL n’a plus les mêmes moyens qu’hier et son renvoi un peu plus loin d’une nouvelle Ligue des Champions réduit encore plus son pouvoir d’attraction. Mais l’important n’est pas là. Le club pourrait bien avoir remis la main sur ce savoir-faire qui lui permettait de jouer un rôle d’accélérateur pour certaines carrières. Ou, dans le cas présent, de relancer celles données pour (presque) perdues. Au cas où vous auriez encore des doutes, demandez vous un instant ce qu’est devenu Anthony Réveillère.

Par Pierre Prugneau et Serge Rezza

Retrouvez le Rank’n’OL sur OL Dirty Bastards et le Libéro Lyon

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