Lille-OL : Vercoutre, gardien de l’après

RANK’N’OL #7. Il y a des soirs, comme ça, qui sentent le clash, le sabordage, l’envie de tout envoyer en l’air. Mieux vaut alors tenir dans ces cas-là son lot de miracles. Ou, mieux, un quintette qui sait y faire pour sauver le set le plus mal embarqué du début de saison et gagner l’air de rien sa place au Panthéon du Rank’n’OL.

 

Dimanche 23 septembre, 6ème journée de Ligue 1

Lille OSC – Olympique Lyonnais
1-1

Pour Lille : Roux (7ème)

Pour Lyon : Lisandro (80ème)

 

 

 

Rank’n’OL #7 – Vercoutre, gardien de l’après

Le mode d’emploi : Let’s Rank’n’OL !

 

1. Rémy Vercoutre : il s’en est fallu d’un rien pour qu’on manque cet improbable remake de Rosemary’s Baby, avec Hugo Lloris dans le rôle de Mia Farrow. Une idée de génie quand on y repense, surtout en voyant les monstres que le « meilleur gardien français » a pu enfanter chez ceux qui vivaient dans son ombre ou qui étaient pressentis comme tels. Après Brad Friedel venu lui chiper la vedette avant même son arrivée, c’est au tour de Vercoutre de recaler sur le banc le fantôme d’Hugo en sortant cette prestation type qui devait rester à jamais comme la marque de fabrique du grand échalas à tête de fouine, celle du gardien qui rapporte des points à son équipe. Mieux, en deux arrêts miracles, Flying Rémy a détourné sur Mendes (44ème) et Payet (57ème) la rengaine du type qui ne pourra jamais faire oublier le monstre sacré qui le précédait au poste – qu’il s’agisse de Hazard ou de Gervinho. En plus du point en Nord, c’est toujours ça de pris.

2. Lisandro : le système adopté par Rémi Garde, et déjà tellement décrié après douze minutes de jeu, ne valait que pour lui. Mais Licha n’est pas le genre de mec qui cherche à ce qu’on lui fasse des cadeaux. Alors il a attendu d’être replacé sur la gauche, un peu loin du but pour penser à planter. Et comment ! Prise de balle, petit pont, frappe de 25 mètres. Certes, Coupet l’aurait sûrement arrêté. Mais Licha s’en fout, il s’adapte. Coupet ou pas Coupet. Décalé ou pas décalé.

3. Robert Duverne : pendant que le théorème de Réné Girard – trop de fatigue trois jours après un match de coupe d’Europe –  permettait au petit cirque du grand foot show de refaire le top 5 des albums de Pink Floyd entre deux retransmissions ce week-end, le préparateur physique historique de l’OL a semble-t-il bien bossé. La preuve : alors que la performance des Lyonnais a été pathétique durant quatre-vingt bonnes minutes, on s’est même pris à croire qu’ils pourraient l’emporter sur la fin. L’autre Bob D. de légende n’a peut-être pas été retenu pour le prochain Nobel de littérature, il n’en jubilait pas moins, toujours accroché à son chrono. Si l’on ajoute à cette maîtrise du temps le fait qu’aucune blessure musculaire ne soit à déplorer depuis le début de la saison, Robert Duverne marche sur l’eau. Ne manque plus qu’il remette Gourcuff en selle et c’est un autre Nobel qui lui tend les bras : celui de médecine.

4. Dejan Lovren : c’était il y a une semaine et Alex Dupont lâchait dans un soupir : « Je ne vois pas beaucoup d’équipes prendre des points contre l’OL à Gerland. » Histoire de ne pas contredire le coach à la moto, Rémi Garde a consenti à se passer de son milieu de terrain en première période. Comme ça, pour voir comment ça faisait de jouer sans sa triplette Gonalons-Malbranque-Grenier, la plus prometteuse du moment – et pas loin d’être la plus étanche – avec celle du milieu parisien (Veratti-Matuidi-Chantôme). Si Garde a pu maintenir son expérience au-delà du raisonnable, soit un peu plus d’une mi-temps, il le doit en grande partie à Lovren, revenu en deux apparitions dans un rôle de daron en chef. Aussi à l’aise dans ses relances que précis dans ses interventions, le Croate a maintenu sa ligne de défense à flot et semble confirmer tout le bien que Lacombe a pu voir en lui – un genre d’Edmilson, mais en mieux. A moins qu’en comparaison, la prestation plus poussive de Bisevac ne parvienne à rendre plus brillante qu’elle ne l’est celle de son compère de la défense – après Koné trois jours plus tôt, Lovren face au LOSC. Façon de rappeler le Serbe à son métier plutôt qu’à ses intentions tweetées à chaque veille de match sur l’air de « Fais un match de foot, pas la guerre ! »

5. Mouhamadou Dabo : OK, il y a eu quelques trous d’air dans son dos. OK, sa relation technique avec Malbranque en première période n’a pas éclipsé le souvenir du duo Abidal-Malouda. Mais quand même : quand tous les supp’ lyonnais souffrent, c’est toujours Dabo qui ramasse. Et ce n’est pas une image : une nuit en observation à Saint-Luc-Saint-Joseph après le match contre le Sparta puis une titularisation, quarante-huit heures après sa sortie, célébrée par un tacle de Pedretti les deux pieds décollés et par derrière, avec une lèvre en sang un peu plus tard. Et quand tous les supp’ lyonnais rigolent, c’est encore lui qui ramasse, mais là c’est une image.

Dabo poche de glace

(Capture d’écran Canal Plus)

Dur au mal et capable de faire quelques différences balle au pied, inesthétique mais efficace, Dabo s’impose comme l’anti-Fabio Grosso. Et donc comme un vrai symbole de l’ère actuelle.

Par Pierre Prugneau et Serge Rezza

(Article publié le 24 septembre 2012 sur Rue 89 Lyon)

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