Lacazette, sauve qui peut l’envie

Olympique Lyonnais

RANK’N’OL #S03E21Le jeu lyonnais peut bien être à l’arrêt depuis Bastia, il reste encore les arrêts de jeu à Lacazette pour sauver la mise – en plus de la doubler – du côté d’Annecy (2-3). Après un rapide réaménagement du losange et quelques entrées décisives, le meilleur buteur de L1 a réglé le petit derby là où on a pu lui reprocher de ne pas avoir su le faire pour le grand : à l’envie. Deux matchs plus loin, remportés l’un et l’autre dans l’extra time, c’est le Rank qui tient sa rengaine du moment : l’envie arrose.

 

Le match : Lacazette met le feu au lac

 

Olympique Lyonnais

Le mode d’emploi : Let’s Rank’n’OL !

 

Olympique Lyonnais1. Alexandre Lacazette

Une nouvelle fois, la quatrième de suite, Lacazette a dû composer avec une prise à trois. On pourrait penser qu’il doit y avoir une lassitude à passer son match à convoquer l’exploit à chaque prise de balle, sachant qu’il y a plus de chances de finir dans le mur que de le dribbler. C’est bien pour ça que le Kid de Mermoz commence d’abord par contourner le problème, en jouant au pivot de service, dos à la défense, comme Gomis en son temps, le statisme et les hors jeu en moins. Lacaz’ y gagne un coup franc que Benzia peut reprendre sur un mauvais renvoi de Hansen (63e). Ce qui n’empêche pas le losange lyonnais d’être une fois de plus pris à sa volonté de faire le jeu sur le but qui suit, le second de Barbosa (64e). Si ses adversaires semblent avoir compris comment jouer contre lui, à trois dans l’axe, Lacazette s’en remet une fois de plus aux autres et au temps qu’il a pour lui. On ne parle pas seulement de ce réaménagement du losange – avec les entrées de N’Jie, Ghezzal et Tolisso – qui lui permet de naviguer beaucoup plus large devant la défense d’ETG dans le dernier quart d’heure. On pense à cette habitude prise par celui qui s’est souvent félicité de n’avoir jamais eu à se justifier d’une quelconque précocité – et des procès qui finissent tôt ou tard par l’accompagner. Lacazette y a cultivé bien plus qu’une collection de gestes qui en font aujourd’hui un attaquant au-dessus de la moyenne. Il y a gagné cette détermination à toute épreuve sur laquelle se construit chaque but et qui renvoie bien au-delà de l’histoire d’un match, d’un enchaînement envoyé pleine lucarne (81e) ou d’un pénalty tiré à bout de nerfs (90e+4). C’est l’histoire d’une envie.

Olympique Lyonnais2. Maxime Gonalons

On a trop rappelé que Gonalons avait réussi à s’imposer en faisant oublier Toulalan qu’on doit se demander pourquoi il se met soudain à nous rappeler sa débauche de récup’ et ses relances qui tournent sur elles-mêmes. Si l’on était romantiques – et on l’est sans doute un peu –, il faudrait invoquer l’admiration qui couvait chez Max quand il envoyait du « monsieur » à son aîné aux tempes grisonnantes. On se dira aussi que c’est le moment qui exige du capitaine lyonnais d’aller bien au-delà de son rôle habituel. Là où n’importe quel récupérateur est tenu plus que tout autre de remettre les choses en ordre à partir d’une passe (et rien d’autre), Gonalons doit régulièrement aller s’enrouler autour de ses adversaires avant de trouver la seule relance qui tienne, celle qui va de l’avant. Pour en être réduit à ce genre d’extrémité, il faut ne pas avoir le choix. Bien pour ça que la fréquence à laquelle Washing Maxime s’y colle interroge sur l’état du milieu lyonnais et son corollaire, ce losange qui s’essouffle depuis qu’un coach intérimaire aurait mis la main sur la formule à faire déjouer l’OL du côté de Bastia. On veut bien. On a aussi le droit d’y voir une autre réalité qui tient dans ce turn over en passe de venir la règle au milieu. Mvuemba en doublure, Malbranque bousculé, Tolisso ménagé, Ferri en reprise, c’est donc au capitaine que revient le rôle de prendre les affaires à son compte. Quitte à prendre le risque de trop quand, à la relance en position de dernier défenseur, il envoie Camus filer seul face à Lopes (86e). Nul doute qu’on se serait bien passé du retour décisif de Bisevac qui a suivi. Mais puisqu’on ne peut plus se passer de ce milieu en losange, né de la contrainte de trouver une place pour les quatre plus beaux talents d’une équipe qui en manquait alors cruellement, on pardonnera à Gonalons d’être suffisamment fort pour faire passer cette faiblesse.

Olympique Lyonnais3. Nabil Fekir

Il n’a pas défloré sa feuille de stat’ hors de Gerland et c’est un peu injuste. En fait non, c’est plutôt classe. Pas question ici de rendre hommage au beau joueur inutile, mais une mine à huit mètres des cages ou un corner envoyé sur la tête d’on ne sait qui auraient éclipsé l’ensemble, qui valait plus qu’un passage dans un résumé télé du dimanche soir. Quand l’OL s’est inanimé après vingt premières minutes prometteuses, Fekir n’a jamais cessé de donner un peu de liant entra la défense et l’attaque, un peu seul mais jamais spécialement embêté par cette situation au moment de recevoir un ballon dos au jeu, de se retourner et de gagner quinze mètres. Les relais, c’était Nabilon. La conservation, c’était encore Nabilon. Et les avant-dernières passes, c’était souvent Nabilon. On s’est alors revu le matin du match, devant les appels des uns à une convocation en équipe de France et les rumeurs des autres qui l’envoyaient à Arsenal, au Barça ou au Real, à se dire : « Calmez-vous les gars ! » Mais quand on s’est mis à y repenser quelques heures plus tard, on était en train de se regarder dans la glace et de se dire : « Calme-toi mon gars ! »

Olympique Lyonnais4. Rachid Ghezzal

Son entrée à la place de Benzia à la 77e devait avoir une vertu, celle de faire comprendre à tout le monde que c’était bien fini. L’OL allait perdre à l’extérieur, comme d’hab’, et ce remplacement ressemblait à celui du désespoir. Pourtant, quatre minutes plus tard, tout avait changé. Entre temps, le contrôle dans la surface de Ghezzal avait manqué d’assurance mais ne l’avait pas empêché d’obtenir un corner ; et son corner était parti au troisième poteau mais ne manquait pas de tomber sur Lacazette, ce qui suffisait à le rendre décisif (81e). Le coup de poker était déjà rentabilisé quand sa déviation du crâne obligeait Thomasson à un mouvement plus ambigu qu’illicite. On jouait les arrêts de jeu, l’OL l’emportait et Rachon avait tout changé, dans son plus pur style : sans qu’on l’ait remarqué.

5. Hubert Fournier

Longtemps on a attendu de Rémi Garde qu’il prenne les choses en main et s’approprie une bonne fois pour toute son équipe. Deux ans et demi pour être exact. Le losange n’était pas son premier choix quand il s’agissait de griffonner des compos sur son cahier durant les heures les moins passionnantes de la formation pour le DEPF, mais son effectif lui avait imposé une mesure pragmatique qu’il n’allait jamais regretter. Et c’est un peu le paradoxe de l’histoire. Garde a mis pas loin de deux ans avant de se rendre à l’évidence, mais l’héritage du système, qui n’avait pourtant guère plus de sept mois d’existence, est devenu un boulet pour son successeur. Face à des équipes qui ont compris comment le faire déjouer, mais surtout sans les milieux sur qui s’était initialement appuyé le projet – Fofana, Gourcuff et Grenier donc –, le losange trépasse. Il n’est pas forcément question de s’en passer définitivement puisque l’OL n’a toujours pas de joueurs de côté et Fournier encore moins intérêt à isoler Lacazette, mais le passage en 4-2-3-1 à Annecy, comme trois jours plus tôt contre Reims, a permis de rapporter six points là où il y aurait tout à fait pu en avoir zéro. L’avenir dira si tout cela n’était qu’un énorme coup de bol. Mais si c’est le cas, le Rank se réserve le droit d’applaudir le coup de bluff.

Par Pierre Prugneau et Serge Rezza

Retrouvez le Rank’n’OL sur OL Dirty Bastards et le Libéro Lyon.

(Photo ETG FC)

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