Koné, le money gag

Olympique Lyonnais

RANK’N’OL #S03E23Il en va des chansons comme des matchs : il y a ceux qui font rire et ceux qui font pleurer. Certains matchs font encore exception : ceux où l’on peut retrouver Bako Koné parmi les titulaires. Il suffit de le voir se pointer pour une séance de tirs aux buts pour qu’on se marre, avant de pleurer quand sa tentative rejoint Philae. C’est ce qu’on appelle le tragi-comique de répétition. « Ground control to General Bako… »

 

Le match : Déchanter sous la pluie

 

Olympique Lyonnais

Le mode d’emploi : Let’s Rank’n’OL !

 

Olympique Lyonnais1. Anthony Lopes

L’idée de faire revenir Jérémy Toulalan à Lyon l’été prochain afin d’y mettre en place la défense centrale la plus cool d’Europe ne comptait jusqu’ici que quelques adeptes romantiques un peu nostalgiques. Anthony Lopes n’est peut-être ni l’un ni l’autre, mais sûr qu’il a a rejoint le mouvement ce matin. Pendant que la Toule dirigeait avec une maîtrise indécente la manœuvre dans le camp d’en face – seulement dépassé par un Gourcuff comme on n’en voit pas tous les jours –, le Portugone vivait dans l’angoisse permanente de l’erreur de Bako Koné. Après deux-trois gestes pas maîtrisés mais sans conséquence, à commencer par cette relance en touche dès la 50e seconde de jeu, celle-ci allait arriver. Personne n’en doutait, mais elle allait faire mal. Car avant que le Général ne manque totalement son intervention pour laisser Ferreira-Carrasco partir allumer son gardien (0-1, 97e), Lopes venait d’arrêter un penalty devant le même joueur (95e). Un exploit suffisamment rare à Lyon pour mériter pareil sort. On a un moment cru qu’il n’allait pas être vain, notamment quand Lopes sortait la première tentative de Toulalan lors de la séance de tirs au but. Las, Koné envoyait le sien dans les étoiles, annulant une nouvelle fois la prouesse de celui qu’il est censé protéger. Un Lopes qui mériterait un défenseur tout en contrôle. Pas en ctrl Z.

Olympique Lyonnais2. Alexandre Lacazette

Le destin d’Alexandre Lacazette a changé à la 85e minute quand Yoann Gourcuff est entré sur la pelouse. Il a beau avoir porté l’OL à bout de bras depuis huit semaines et poursuivi son œuvre le soir même encore, il n’était alors plus au centre des attentions. Oublié le une-deux avec Fekir en pleine surface et dans un espace restreint (6e) ; oubliée aussi cette déviation à pleurer pour permettre à Ferri de s’approcher du but de Stekelenburg ; oublié encore cette double-roulette de la 72e. C’est finalement quand il a marqué son 17e but de la saison que le Kid de Mermoz a semblé le moins exister, éclipsé plus que jamais par l’enchaînement, le débordement et la passe de Gourcuff. C’est peut-être ingrat, mais c’est surtout une bonne nouvelle. Car il en faut plus pour troubler Lacazette qui, dans la lumière ou dans l’ombre, continue de rester celui qu’il est devenu depuis un an à Lyon : le meilleur.

Olympique Lyonnais3. Nabil Fekir

On ne contestera pas le droit de croire que le football puisse paraître plus beau quand Gourcuff vient faire admirer son sens du délié. Ça n’empêche pas de penser que l’Olympique Lyonnais n’a jamais été aussi passionnant depuis l’apparition de Nabil Fekir. Y compris dans une partie qui ne l’a été que trop rarement. On pourrait se dire qu’il y a d’autres moments qu’une élimination dans un 8e de finale de Coupe de la Ligue pour donner dans ce genre de célébration. Mais puisque Gerland n’a pas pris cette précaution à sa sortie (57e), le Rank doit se faire le témoin de cette émotion qui couve sous chaque apparition de Nabilon. Pour cette électricité qui se dégage à chaque prise de balle. Pour ce sens du mouvement collectif. Pour ces départs au large ou dans la nasse, à jouer avec les nerfs de la défense monégasque. Pour cette technique qui, à défaut d’être toujours décisive, n’est jamais vaine. Pour cette histoire du type qui a préféré ne pas partir alors qu’il n’aurait jamais dû revenir. Qu’importe que ce soit Gourcuff qui poste le coup de rein décisif sur Toulalan, que Lacazette plante son 17e but de la saison ou que Lopes renvoie la fatalité du bout des gants. La passion n’est jamais aussi lyonnaise qu’avec Fekir.

Olympique Lyonnais4. Samuel Umtiti

Il faut un sacré talent pour anticiper les intentions des attaquants d’en face, surtout quand ils ont eu le temps de se frotter au grand monde des soirées de Ligue des Champions. Il en faut deux fois plus pour anticiper Bako Koné. Ce n’est pas le moindre mérite d’Umtiti d’avoir laissé croire que l’OL pouvait échapper à la fatalité pendant plus de 90 minutes. Les trente supplémentaires serviront sans doute à se rappeler qu’on ne peut plus rien quand c’est le Général qui finit par lui échapper. Le but de Ferreira Carrasco (97e) vient de là, de ce côté droit où Koné est parti prendre l’air. Umtiti connaît trop sa part de responsabilité dans l’affaire pour ne pas prendre la sienne dans la séance des tirs aux buts qui suit. Façon de laisser la part restante, l’élimination, à tous ceux qui ont préféré baisser leurs chaussettes plutôt que de prendre la place de Bako parmi les tireurs. Le reste, ce fameux problème de la défense lyonnaise, il la voit s’envoler avec le temps de jeu que réclamait le grand échalas burkinabé, au-dessus de la barre de Stekelenburg. Toujours ça d’ennuis en moins à anticiper pour la suite.

Olympique Lyonnais5. Yoann Gourcuff

On n’en a jamais aussi été proche. On ne parle pas seulement de la fin de son contrat qui devrait, selon toute vraisemblance, se terminer comme son passage à Lyon, sur un malentendu. À l’heure donc où il faut commencer à faire les premiers bilans, et pas seulement comptables, de ses années sous le maillot lyonnais, on pourrait bien retenir ce 8e de finale comme le condensé ce que fut le moment Gourcuff entre Saône et Rhône. Lequel aura passé son temps à provoquer l’agacement pour mieux éblouir son monde, avant de laisser tout son monde dans un état de frustration tel qu’il faut tout reprendre depuis le début. L’agacement d’abord quand, depuis le banc, Yo y va de sa critique du match en cours. De toute évidence, l’engagement que donnent à voir les mecs sur le terrain n’a rien d’une partie de plaisir. L’ASM livre un match comme il l’a fait pendant sa campagne de Ligue des Champions ou face à l’OM quelques jours plus tôt, à la façon d’une équipe dure. Peut-être la plus dure qu’on connaisse cette saison en Ligue 1 – à l’image de son capitaine, celui avec lequel l’OL avait pris l’habitude de frayer avant son blues couleur cafét’ ramené de Knysna. Gourcuff préfère encore livrer sa vision idéalisée d’un jeu qui ne peut exister ce soir. Voyez comme ça manque de technique, notamment derrière, pour créer ces quelques décalages qui sauront faire la différence. Avant d’ajouter, en substance : « Donnez-moi dix minutes en fin de match et vous verrez ce que je veux dire. » On voit surtout Ferri, ce joueur qu’on tient pour moyen, qui doit sauter les lignes pour ne pas se prendre une des mines que lui envoient Diallo et Bakayoko. L’éblouissement ensuite. Aucun attaquant n’a réussi à passer Toulalan qui tient toujours ce coup de rein ou cet art du contrôle tentaculaire pour s’en sortir. Or, c’est précisément à ce jeu-là que Gourcuff va avoir raison de l’homme aux tempes grisonnantes. Un dribble en extension et une double accélération. La promesse envoyée plus tôt a été tenue au-delà de ce qu’on pouvait espérer. La preuve, on en arrive à se foutre de tout le reste, du but de Lacazette et des 106 minutes précédentes, passées à batailler pour user le mur monégasque. La frustration enfin quand vient le temps des tirs aux buts. Un signe de la main, une grimace et une poche de glace sur le genou, c’est la vie qui reprend comme elle n’a jamais cessé de se jouer à Lyon, sans lui. Comme si les gestes irréels de Yo délice devaient être rattrapés immanquablement par ce mental qui dévisse. Sous l’esthète, c’est bien le joueur qui a foutu le camp.

 

Par Pierre Prugneau et Serge Rezza

Retrouvez le Rank’n’OL sur OL Dirty Bastards et le Libéro Lyon.

(Photo Frédéric Chambert – Panoramic)

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