Jessica Fishlock, le gros poisson au petit gabarit

Fishlock

FÉMININES. L’OL a bouclé son recrutement pour la saison 2018/19 avec l’arrivée en prêt du Seattle Reign (jusqu’à la fin de l’aventure lyonnaise en Ligue des Champions) de la milieu de terrain galloise Jessica Fishlock. Après ses débuts sous ses nouvelles couleurs dimanche à Rodez, portrait détaillé de la milieu de 31 ans dont la réputation s’est principalement faite très loin des championnats européens.

Son parcours. Joueuse talentueuse et précoce, Jessica Fishlock débute sa carrière professionnelle à l’âge de 15 ans dans le club de Cardiff City, et contribue largement aux bonnes performances de l’équipe qui accèdera en 2006 à la FA Women’s Premier League Division (à l’époque la plus haute division anglaise). Elle part un an plus tard (et Cardiff sera relégué la saison suivante) pour rejoindre Alkmaar et l’AZ, acceptant la proposition de l’entraîneur du club qui l’avait repérée lors d’un match entre les Pays-Bas et le Pays de Galles.

Recrutée en 2011 par Bristol (avec entre autres, l’ancienne internationale néerlandaise Anouk Hoogendijk) dans le but de former une équipe compétitive sur la scène nationale et européenne, l’expérience se révèle plutôt décevante : malgré de nombreuses récompenses individuelles pour Jessica Fishlock, Bristol ne décolle pas des places de milieu de tableau en championnat, se fait laminer en Russie dès les 32e de finale de la Ligue des Champions 2011/12, et ne réussit qu’à accrocher une finale de FA Cup maîtrisée de bout en bout par Arsenal et son jeune espoir Kim Little (le slalom du 1-0 Arsenal vaut le coup d’œil).

Fishlock quitte l’Europe pour s’engager en 2012 dans la W-League australienne avec le Melbourne Victory, puis rejoint en 2013 le Seattle Reign aux Etats-Unis, tout en continuant d’être prêtée à son ancien club. Elle dispute ainsi pour la première fois de sa carrière deux championnats nationaux durant une même saison, ce qui deviendra une habitude.

Après un doublé coupe-championnat d’Ecosse avec Glasgow en 2013, Fishlock explose véritablement lors de l’année 2014 : elle remporte tout d’abord la W-League australienne avec Melbourne Victory, puis participe ensuite à la saison régulière monstrueuse de Seattle Reign en NWSL, malheureusement conclue par une défaite frustrante en finale de championnat face à Kansas City.

À l’exception d’une parenthèse européenne à Francfort pour la saison 2014-2015 (3e de Frauen Bundesliga et vainqueur de la Ligue des Champions, dont elle ne joue pas les derniers matchs puisqu’elle est déjà repartie aux États-Unis), elle continue par la suite de briller à la fois dans le championnat des Etats-Unis (Seattle Reign) et celui d’Australie (Melbourne City).

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Ses dernières années avant l’OL. Milieu de terrain incontournable du Seattle Reign et de son 4-5-1 extrêmement exigeant pour les joueuses offensives, Jessica Fishlock a enchaîné les saisons de haute volée en NWSL sans jamais parvenir à remporter le titre final (NWSL Shield, titre de la meilleure équipe des saisons régulières, en 2014 et 2015), malgré de nombreuses récompenses individuelles (NWSL Best XI 2013, 2014, 2015, 2017 et NWSL Second XI 2016). La faute à une équipe magnifique offensivement, mais qui déjoue complètement dès que la machine s’enraye. Ses expériences dans le championnat d’Australie seront bien meilleures : dans un positionnement similaire, elle reste sur trois victoires de suite en W-League (2016, 2017, 2018), dont les deux dernières en tant qu’entraîneuse-joueuse.

Ses points forts. Une grosse activité, des appels de balle incessants, un bon sens du jeu et une puissante frappe légèrement flottante : Jessica Fishlock est une milieu de terrain offensive complète, sachant tout aussi bien peser sur une défense par des percussions balle au pied que sur passe longue ou tir de loin.


Illustration du jeu direct version Seattle Reign: Fishlock décroche pour récupérer la balle au centre du terrain, puis prend à revers toute l’équipe d’Houston avec une passe en profondeur façon quarterback dans la course de Manon Melis.

Elle excelle également sur les récupérations hautes en pressant rapidement et efficacement la première relanceuse adverse, lui permettant ainsi de créer de nombreuses situations offensives favorables pour son équipe.


Et elle se charge parfois elle-même de la finition.

Joueuse décisive avec un sens du collectif admirable, elle sait tout aussi bien conclure les actions que mettre ses coéquipières dans les meilleures dispositions pour marquer.


Même s’il faut parfois se jeter un peu.

Malgré sa petite taille (1m58), elle possède un excellent jeu de tête et une très bonne détente, ce qui la rend redoutable dans les duels aériens.


Avec néanmoins parfois un peu de casse…

Au delà de ses qualités techniques, son tempérament de compétitrice et sa volonté en font aussi une vraie leader sur le terrain, qui n’hésite pas à encourager et recadrer vertement ses partenaires au besoin.

Ses points faibles. S’il est difficile de trouver un défaut à sa palette offensive quasiment parfaite, on pourra néanmoins souligner qu’elle fait très rarement la différence en un contre un. En revanche, son placement sur les attaques placées adverses est un peu plus problématique : son choix quasi systématique de délaisser un marquage individuel pour couvrir ses coéquipières en deuxième rideau ouvre assez régulièrement des espaces pour les adversaires et crée des déséquilibres difficiles à défendre pour son équipe.

Si elle n’a pas forcément disputé plus de matchs que ses nouvelles coéquipières du milieu de terrain, Fishlock prend par contre rarement des vacances à force de participer à deux championnats différents dans l’année. La Galloise a ainsi disputé des matchs officiels lors de 21 des 22 derniers mois. Une absence de temps de repos qui peut interroger, même si cela n’a jusque-là jamais eu d’effet sur sa hargne.

Données recueillies au 28/09/2018

L’avis du Libero Lyon Excellent (+++) La Galloise est habituée à évoluer dans des équipes qui utilisent la longueur complète du terrain pour déployer leur jeu, on guettera son adaptation aux matchs face à des adversaires regroupés et où les espaces seront mécaniquement réduits. Mais le prêt de Fishlock permet de renforcer le milieu de terrain lyonnais avec une joueuse d’expérience et de caractère. Et d’ouvrir quelques nouvelles options tactiques, en proposant par exemple une alternative crédible aux décrochages fréquents loin de la surface d’Ada Hegerberg, ce qui permettra à l’attaquante norvégienne de se consacrer davantage à la concrétisation des actions plutôt qu’à leur construction.

Julien Perrier

(Photo Melbourne City)

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