Fofana, le (bon) coup de la dépanne

PLACEMENT. La mutation au poste d’arrière droit de Gueïda Fofana est un peu raide pour Anthony Réveillère, dix ans au club et valeur sûre de l’équipe jusqu’en avril. Mais le pari tenté par Rémi Garde présente de nombreux avantages pour l’OL comme pour le joueur. Enfin tant que ça marche.

PSG OL

Un duel Fofana-Pastore, rien d’anormal. Sauf que dimanche, il aura lieu le long de la ligne de touche. (Photo Anthony Bibard – FEP / Panoramic)

Sans qu’on l’ait vu venir, Anthony Réveillère ne fait plus partie du futur de l’Olympique Lyonnais. Ni même de son présent. Ça fait cher payé le duel perdu, même face à Braaten. Et même si le problème semble dépasser le simple cadre sportif. Toujours est-il que les Lyonnais savent trop ce qu’ils doivent à la sobriété et à l’intelligence d’un « vrai » défenseur pour ne pas s’enflammer devant ces latéraux de résumés télé, ceux qui vont chercher la lumière là où elle se trouve : dans le camp adverse. Pour l’instant, Gueïda Fofana rentre plutôt dans cette case. Ce qui n’empêche pas que le repositionnement du milieu est une bonne suprise à plus d’un titre. Et un bon plan pour tout le monde.

Dans la philosophie de la fin de saison

Le 14 avril, au moment de recevoir Toulouse, l’OL reste sur trois défaites et n’a récolté que deux points sur quinze possibles. Le Nice de Puel vient de lui passer devant, comme si la présence de Saint-Étienne à la troisième place n’était pas un affront suffisant. Rémi Garde n’a plus de ressort. Ni de défense. Il va alors faire un choix : tout miser sur l’attaque, en gardant une ligne de trois devant mais en associant Gourcuff et Grenier au milieu. Puisque ses joueurs n’ont plus les ressources mentales pour faire bloc, Garde mise sur la folie et le talent. Fofana n’est pas des quarante-cinq premières minutes, mais son entrée à la place de Réveillère entre parfaitement dans le projet. Il est dangereux et offre un but à Gomis. Il en amènera deux autres à Nancy et pourrait même compter une passe décisive de plus si Briand avait voulu s’appliquer face à Saint-Étienne. Le nouvel OL reste fragile mais son insouciance paye : quatre matchs, trois victoires, un nul.

Ça équilibre l’effectif

C’était le paradoxe de l’OL 2012-13 : un effectif un peu juste (pas de remplaçants aux postes de latéraux ou de récupérateurs, même pas de titulaires sur les ailes) mais trois des huit meilleurs relayeurs de Ligue 1… pour un poste. Fofana recasé, Malbranque et Mvuemba ne sont plus que deux, ce qui permet à l’ancien Lorientais, irréprochable depuis Noël, de participer davantage, voire de débuter les rencontres, comme à Nancy. La situation est désormais plus claire et plus juste. Une tension en moins, aussi, pour le club puisque les joueurs concernés ne devraient pas, a priori, partir cet été.

Une véritable économie pour le club

Faire l’économie de frustrations, c’est bien. Faire l’économie d’un salaire, pour l’OL, c’est encore mieux. En se délestant de Réveillère et de ses quelque 200 000 euros bruts mensuels pour installer à sa place un joueur trois fois moins cher, le club réussirait une opération, qu’on la juge cynique ou pragmatique, qui cadrerait parfaitement avec sa politique actuelle. Il s’épargnerait aussi un recrutement à un poste sinistré. Les latéraux sont devenus des denrées rares, ce qui présente un double inconvénient : puisqu’il n’y plus de valeurs sûres, le « marché » est tendu et la moindre joueur un peu prometteur est vite surcoté (qui a dit « Aly Cissokho » ?). Et comme l’OL a également besoin d’un latéral gauche, la confirmation de Fofana lui retirerait un poids.

Une opportunité pour le joueur

Mais qu’en pense le premier concerné ? Pour l’instant, ce repositionnement est plutôt une bonne chose pour lui puisque cela lui permet de jouer. Mais Fofana, à peine 22 ans (il les aura le 16 mai), n’en est pas à repenser sa carrière, jusqu’ici plutôt linéaire (Ligue 2 au Havre, équipes de France de jeunes, dix titularisations pour sa première saison en Ligue 1, le double cette année plus huit matchs en Ligue Europa). Il suffisait de voir l’écart entre ses performances, convaincantes au poste de relayeur, médiocres à la récupération, pour savoir que l’ancien capitaine des Bleus à la coupe du monde des moins de 20 ans sait ce qu’il veut. Le constat est d’ailleurs à peu près le même depuis qu’il supplée Réveillère : Fofana s’éclate en phase offensive, mais il est beaucoup plus léger derrière. Pourtant, s’il devait avoir l’opportunité de faire un tour en équipe de France dans un avenir proche, ce serait plus sûrement sur le côté qu’au milieu. Il sera plus simple de déloger Debuchy et Sagna que Pogba, Matuidi, Cabaye ou même Sissoko et Gonalons.

L’effet papillon

Cette solution n’a pas que des avantages : l’OL perd un de ses milieux les plus réguliers depuis le début de la saison, et la frappe qui va avec (quatre buts, trois de l’extérieur de la surface). De plus, le joueur ne semble pas être un défenseur dans l’âme et si tout réussit aux Lyonnais depuis un petit mois, ce mode de fonctionnement pourrait très vite être sanctionné, comme cela aurait pu (dû) être le cas à Montpellier (1-2). En attendant, cette improvisation de Rémi Garde à la mi-temps de Lyon-Toulouse a bouleversé pas mal de choses du côté de Gerland. Pour le mieux ? On verra. Mais si c’est le cas, il ne faudra jamais oublier que tout cela n’a tenu qu’à un dribble de Daniel Braaten.

Pierre Prugneau

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