Fekir, la qualif’ à la place des califes

Olympique Lyonnais

RANK’N’OL #S03E02. En l’absence de Gourcuff et Grenier, les titulaires du poste, Nabil Fekir s’est approprié la pointe du losange pour mener ses camarades à la victoire contre Mladá Boleslav (2-1). Un meneur d’un genre nouveau à l’OL, qui n’a pas vraiment besoin de faire briller les autres quand il brille lui-même aussi fort.

 

Le compte rendu du match : La farce de l’habitude

Olympique Lyonnais

Le mode d’emploi : Let’s Rank’n’OL !

 

Olympique Lyonnais1. Nabil Fekir

Qu’il n’y ait pas de méprise : Nabil Fékir n’est pas un joueur égoïste. Il n’y a qu’à regarder l’ardeur mise à tenter de distribuer des galettes à Benzia (36e, après un une-deux de toute beauté avec Umtiti), à N’Jie (81e) mais surtout en direction de Malbranque avant que le contre désespéré de Navratil se transforme en offrande pour Lacazette (58e). Mais à l’image de l’action qui précède ce but (sombrero-grand pont, accélération, résistance à un premier défenseur, fixation d’un second), c’est encore tout seul que l’ancien tricard du centre de formation fait mieux les choses. Par trois fois, il aurait pu marquer, de la tête (4e), sur un coup franc de plus de 25 mètres (66e) ou encore après un joli pivot aux abords de la surface suivi d’une frappe soudaine (84e). S’il a systématiquement été mis en échec par Hruska sur ces tentatives, Fekir a sauvé la soirée des spectateurs  (et une bonne partie de leur été) à défaut de sauver son équipe, qui n’en avait de toute façon pas besoin. Car au bout du compte, il terminera le match avec 0 but et 0 passe décisive. Mais plus personne ne doute de la valeur du bonhomme : Fekir est un 10. Sur 10.

Olympique Lyonnais2. Alexandre Lacazette

C’est peut-être au creux de cet été un peu pourri, entre une Coupe du monde qui file entre les doigts, une augmentation -significative- qui n’arrive pas et cette « petite faiblesse au genou » (Fournier) qu’on se rend compte du niveau d’Alexandre Lacazette. Désormais, l’ancien forçat du couloir n’a plus besoin d’être bouillant pour faire peur. À dire vrai, et malgré quelques mouvements de classe mais stériles, on en était à penser que Lacazette était en train de rater son match, sur la foi notamment de ce face-à-face co-gâché avec Benzia (20e), alors qu’il était en position favorable. Et puis il y a eu ce but de raccroc (58e) et plus encore cette action géniale, deux minutes plus tard, sur laquelle il s’emmène le ballon d’une aile de pigeon avant de fausser la compagnie à tout le monde et d’envoyer une frappe de peu à côté. Même à 50%, le Kid de Mermoz laisse planer une menace constante. Aussi effrayante pour ses adversaires que celle de son départ pour les supporters.

Olympique Lyonnais3. Steed Malbranque

Si l’OL n’est plus tout à fait une formidable raison d’être heureux, il est plus que jamais l’un des attelages les plus cool de la Ligue 1, au-delà même de ce qu’aurait pu en rêver le prez’ au moment de vendre pour la première fois cette période de transition – sans qu’on sache encore d’où à où on transite. Un attelage cool disait-on, au sein duquel se côtoient un dynamiteur, plus chaud que cet été qui constitue jusqu’ici à la fois l’apogée et la quasi-totalité de sa carrière, et un métronome au sang froid, seize ans de foot pro dans les jambes mais surtout dans la tête. Deux types façonnés au même endroit, à treize ans d’écart, plus ou moins concurrents et pourtant parfaitement complémentaires. Parce que le vrai génie de Malbranque, outre ces passes simples et rapides qui créent des situations que personne n’avait anticipées (exter’ parfait pour Lacazette, 20e), c’est avant tout cette capacité à offrir de la liberté aux autres, et à Fekir en particulier. Quand Fekir part à gauche, Malbranque est dans l’axe ; quand Fekir assaille, Malbranque veille ; quand Fekir centre, Malbranque est à la réception. Faussement neutre, Steed Malbranque demeure LE joueur capable de mettre une équipe dans le bon sens. Et même à 34 ans, le bon sens a de l’avenir.

Olympique Lyonnais4. Christophe Jallet

Pas la peine d’avoir une gueule de rock star pour convaincre les Rank critiques. Car tout le monde le sait déjà : les Lyonnais sont condamnés à kiffer Jallet. Les rêves sont pour plus tard, paraît-il, et la route qui y mène nécessite peau de Chamois et Merlu-pilote. Elle ne sera probablement pas aussi droite que le couloir qu’arpente, toujours à bon escient, le camarade Kiki, capable de venir apporter le danger tout en s’évitant les courses inutiles. Et l’on n’oubliera surtout pas, malgré toute la tendresse qu’il a pu susciter, qu’il y a encore peu de temps Miguel Lopes y distillait contrôles et passes ratés ou autres duels perdus quand l’ex-Parisien assume jusqu’au bout sa composition de Monsieur Propre. Les sceptiques de la première heure sont déjà en passe d’être convaincus et ils n’attendent plus que d’être définitivement désavoués. Parce que sans méprise, la réjouissance n’est rien.

Olympique Lyonnais5. Lindsay Rose

Tout n’a pas été parfait, à commencer par ces glissades en début de match qui vous filent des frayeurs quand l’adversaire est à peine en mesure de faire croire qu’il y croit. Mais on retiendra cette percée pleine d’autorité et les trois joueurs mis dans le vent (22e), la sérénité dans les duels, l’assurance dans la passe et même la sagesse de sortir (53e) après avoir ressenti une gène derrière la cuisse, a priori sans conséquence. Et tant mieux, puisque davantage que sa prestation, c’est l’espoir qu’il incarne qui vaut au nouveau venu d’être couché dans le Rank le premier soir. Un élan d’optimisme qui ne nous fera pas oublier que nombreux ont été les espoirs depuis le départ de Sébastien Squillaci, en 2008. À peu près autant que les déceptions. Mais en l’absence de certitudes, on s’en remettra à une conviction. Aujourd’hui, on sait comment on veut voir la vie.

Pierre Prugneau


(Photo Nolwenn Le Gouic – FEP / Panoramic)

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