Dans la tête de Jimmy Briand

SÉANCE #8. Héros irrationnel, Jimmy Briand est capable de voler un Derby à la dernière seconde et de planter un doublé sur des passes de Miguel Lopes et Bako Koné. Il était temps de savoir comment il vivait ça. Confessions (non-certifiées) recueillies par le Docteur (non-conventionné) Meriem Cherchab après OL-Monaco.

Olympique Lyonnais

Quand Jimbo se couche sur le divan, c’est forcément à l’envers. Mais le résultat est là. (Photo Panoramic – Anthony Bibard)

 

Aujourd’hui on joue Monaco. Je suis bouillant depuis quelques matchs déjà. J’ai confiance.

Rémi Garde m’a prévenu : il me fait jouer seulement en prévision du Derby dans quinze jours. « T’es un peu notre Jésus Christ du match aller, hein », m’a-t-il dit en rigolant. J’ai à cœur de lui prouver que je ne suis pas qu’un simple messie, même si on m’appelle « Briand 90 + 3″ depuis un certain 10 novembre.

Le match commence mal avec ce but dès la 4e minute. Je suis le seul sur le terrain à courir partout pour gratter des ballons, histoire de montrer que je sers à quelque chose. On se prend un deuxième but hors-jeu. Je lève les yeux vers le banc en panique, persuadé que le coach voit en cet après-midi du hors-jeu une aubaine pour Bafé Gomis. En fait, il est occupé à crier sur le quatrième arbitre, comme un gamin qui s’est fait piquer son jouet.

À la 32e, Gerland retient son souffle. Miguel Lopes court sur son côté droit pour me donner un bon ballon. Je marque sans célébration, je préfère calmer mes coéquipiers. Après tout, je ne cadre pas si souvent. Alors j’en profite pour recadrer dans la foulée.

On fait un bon match dans l’ensemble, on tient le coup. À la mi-temps, je pars chercher un stock de Powerade dans un placard caché à côté du vestiaire des arbitres. Je participe malgré moi à une conversation surprenante :

- « Il a dit qu’il donnerait combien de billets de 500 déjà ?

- J’ai pas compris avec son accent russe, mais y a moyen de se faire des couilles en or.

- Génial, encore un hors-jeu et ça devrait aller je pense. »

Je décide de ne pas partager avec les gars ce que je viens d’entendre. En fait, je ne suis même pas sûr d’avoir compris, jusqu’à ce que Berbatov marque son but. Je lève la tête vers les tribunes : Jean-Michel Aulas fait une syncope. Sur le banc Rémi Garde reprend de la Ventoline. Joël Bats, lui, essaye d’attacher sur les cages adverses une écharpe « La Ligue, on t’encule » qu’il a cousue à la mi-temps.

Ça dégénère, et je repense aux paroles du coach avant le match. Et si c’était vraiment moi le « messie » ? Je n’ai pas le temps d’y réfléchir trop longtemps que je plante le deuxième but, un peu surpris je l’avoue par la tête de Bako Koné.

On perd ce match, on a les boules. Moi j’ai encore la tête à Gerland. 30 Mars 2014, 22h35. Il est temps de prendre du grade : désormais, on m’appellera « Briand 90 + 4″.

Meriem Cherchab

#1 Clément Grenier ; #2 Arnold Mvuemba ; #3 Milan Bisevac ; #4 Bafé Gomis ; #5 Bako Koné ; #6 Mouhamadou Dabo ; #7 Yoann Gourcuff

 

 

 


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