Dans la tête de Milan Bisevac

SÉANCE #3. À la sortie du match de l’OL à Rennes, Milan Bisevac s’est allongé sur le divan du Libéro. Et il a lâché le morceau. Non, le Serbe n’est pas passé à travers de son match. Il avait juste mieux à faire.

 

 

 

Olympique Lyonnais

Toivonen et Bisevac. Qui est le bourreau ? Qui est la victime ? (Photo Panoramic – Nolwenn Le Gouic)

 

 

 

Aujurd’hui, on joue à Rennes. Dès le début du match, je suis chaud. Pas pour la rencontre, mais parce que j’ai prévu de passer la soirée avec quelques cousins. On maîtrise bien le match, même si Samuel n’arrête pas de me dire que « ça risque de péter ». Je crains qu’il parle de la météo. Faudrait pas que ça gâche mes plans.

 

On joue déjà vingt minutes mais ma tête est à Belgrade : je rate le mariage de mon oncle Darko, sorti de prison il y a deux semaines. Samuel se lâche et s’en prend à la jambe d’Alessandrini. Je me frotte les yeux : l’élève a dépassé le maître. En le voyant sortir, je me dis que c’est le bon plan. Je m’attaque à ce Rennais, là… Toivonen ? Ouais, voilà, c’est lui. Je suis tout excité en voyant l’arbitre s’approcher de moi, je me prépare déjà à partir aux vestiaires. Mauvaise surprise : je suis condamné à finir le match. Même si je ne perds pas espoir…

 

Mais le match ne se déroule pas comme prévu. À la mi-temps, Rémi Garde me prête son walkman pour écouter du Francis Cabrel. « Ça va te détendre », il me dit. Samuel passe par là et balance le walkman dans la tribune présidentielle. Sur le terrain, je suis déterminé à tout casser. Au moins des jambes. Quand j’ai pas envie de jouer, faut pas me forcer. On perd 2-0. Je ne peux pas m’empêcher de crier « Yes ! » et de lever les poings au ciel quand l’arbitre siffle la fin du match. Grenier me regarde les larmes aux yeux. Bedimo, lui, s’approche de moi, une ceinture à la main droite. Il fait un peu flipper quand il s’arrête de sourire quand même. Je cours vers les vestiaires. C’est tendu, ça pue la baston. La soirée peut commencer.

 

Meriem Cherchab

 

 

 

#1 Clément Grenier  ; #2 Arnold Mvuemba

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