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Dans la tête de Bako Koné
- Publié le: 24 février 2014
SÉANCE #5. À la sortie du match de l’OL à Lille, Bako Koné s’est allongé sur le divan du Libéro. Il explique pourquoi Gonalons a joué sous vermifuge alors que lui a plané sur la rencontre. Et même un peu plus haut.

Merci pour le ballon. Mais j’en fais quoi ? (Photo Panoramic – Jean-Baptiste Autissier)
Aujourd’hui, on se déplace à Lille. Comme d’habitude je me prépare dans mon coin, je suis chaud. Mais je sais que je vais tout foirer.
Avant d’entrer sur la pelouse, Max Gonalons me fait un clin d’œil et me donne deux gélules. Il dit que ce sont des vitamines pour nous permettre de bien gérer le match. Je les prends volontiers. Des lumières, des flashs, des gens qui gueulent… J’ai un peu le tournis et les oreilles qui sifflent, mais j’ai qu’une envie : tacler la gonzesse qui crie le nom des joueurs dans son microphone. Max sent mon impatience : « C’est bon signe, mec ! »
Premières minutes de jeu, je fais tout de travers pour ne pas changer mes habitudes. Je laisse les gars faire le ménage pour moi. Samuel Umtiti me supplie de revenir, mais j’ai pas la tête à ça. Je préfère taper la discussion avec un ramasseur de balles, Souleymane, qui vient de mon village. De l’autre coté du terrain, je vois Henri Bedimo se faire martyriser. Personne n’a le droit de toucher Henri, c’est lui qui le dit. Surtout, c’est pas son genre de se laisser faire. Je décide donc de le venger.
À la mi-temps, on a rien à se mettre sous la dent. Bruno Génésio a encore oublié de faire les courses. Max Gonalons est tout pâle, il parle de gélules et d’un chien. Personne ne comprend.
Au retour des vestiaires, je revis. Enfin je crois. Un, deux, trois tacles, les Lillois n’osent même plus s’approcher de moi. C’est moi, le Général Bako ! Je tente tout, je n’ai peur de rien. J’ai même failli marquer à la 72e minute, mais heureusement que j’ai foiré sinon j’aurais éveillé les soupçons. Max Gonalons va mal. Il vient me voir pour m’avouer : « J’ai mélangé les gélules, j’ai pris celles de mon chien. » Je commence à comprendre toute cette puissance que je sens en moi. Le match avance, Gonalons se pète mais, moi je tiens le coup. En fait je plane complètement. J’écoute du Bob Marley en fumant la ganja entre deux tacles.
On fait match nul, les gars disent que c’est un mauvais résultat. Je leur dis qu’on a rien à regretter, qu’on s’est bien défoncés.
Heureusement que je suis là pour prendre de la hauteur parfois.
Meriem Cherchab
#1 Clément Grenier ; #2 Arnold Mvuemba ; #3 Milan Bisevac ; #4 Bafé Gomis