Comment convaincre un Colombien de signer à Amiens ?

Mendoza

INCULTURE FOOT. L’OL affronte ce dimanche l’Amiens SC. Et donc peut-être Stiven Mendoza, Colombien débarqué en Picardie directement depuis le championnat brésilien. Mais comment attirer un Sud-Américain dans un club pas franchement salsa d’une région pas franchement samba ? Zénon Zadkine et notre rubrique Inculture Foot répondent à cette question.

L’anecdote se transmet oralement dans les PMU de Franche-Comté, entre un Pontarlier Anis et une affirmation comme quoi Noël-Cerneux est le seul village de France contenant « Noël » dans son nom (je n’ai pas les connaissances nécessaires pour juger, je vous laisse chercher un contre-exemple). Elle raconte comment Sochaux aurait convaincu Paco Carrasco, triple vainqueur de la Coupe d’Europe des Vainqueurs de Coupe avec le Barça et sélectionné pour les Euro 1980 et 1984 et la Coupe du monde 1986 avec l’Espagne, de quitter la Catalogne pour la Franche-Comté en 1989.

Carrasco aurait en effet visité Montbéliard le 21 juin… jour de la fête de la musique. Et en aurait donc conclu un peu trop rapidement que le Doubs était ZE place to be, avec des groupes qui jouent live à chaque coin de rue, des alcooliques joyeux qui braillent The Final Countdown en vous payant des bières et des filles faciles qui montrent leurs seins au son de mauvaises reprises de Téléphone.


Un quiproquo rigolo, même s’il a tout de même forcé Carrasco à habiter trois ans à Montbéliard, ce qui est tout de suite moins drôle. Mais un quiproquo qui a aussi inspiré le monde du football. Des entreprises proposent en effet désormais aux clubs de les aider à faire le nécessaire pour attirer une recrue potentielle, quitte à travestir un peu la réalité.

Le quartier de Montmartre avait ainsi été reconstitué dans une ZAC du Mans afin de permettre au club local de faire signer Daisuke Matsui. Le Cameroun et Oman avaient certifié à Paul Le Guen que Jérémy Clément serait sélectionnable, papiers d’identité à l’appui. Un sosie de Laurent Blanc (plombier dans le civil) prend place en tant qu’adjoint sur le banc de Saint-Étienne pour faire croire à Jean-Louis Gasset que c’est lui, l’adjoint. Adriano était persuadé depuis La Beuze que la ville du Havre était la capitale mondiale de la drogue, avant d’apprendre la vérité et de préférer signer à Miami.

L’inverse existe aussi, même si cela est plus rare. Pour aider Damien Perrinelle (234 matchs de Ligue 2 au compteur, 0 en Ligue 1) à s’adapter au gigantisme de la Big Apple, son club des New York Red Bulls a ainsi dû user de quelques stratagèmes. L’ancien défenseur de Clermont habitait à 40 kilomètres de Manhattan, dans une communauté amish. Thierry Henry devait constamment porter un masque de Mustapha Yatabaré à l’entraînement et lors des matchs. Le Jamaïcain Kemar Lawrence arborait lui un T-shirt Pani Pwoblem, un collier en forme de l’île de la Guadeloupe et devait passer Flamme de Slaï tous les jours dans le vestiaire. Sacha Klestjan, archétype du hipster américain, a de son côté dû apprendre à rouler les R pour passer pour un inoffensif péquenot.

Ce phénomène encore balbutiant devrait peu à peu devenir une norme dans le football. Stéphane Plaza animera à la rentrée une émission sur beIN, dans laquelle il tentera de convaincre des footballeurs du monde entier de signer dans une région sinistrée. La saison pilote, produite par Gérard Lopez, a déjà rencontré un grand succès critique.

Zénon Zadkine

(Photo Amiens SC)

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