« Cher OL, je crois que personne ne t’en veut »

FOOTBALL : PSG vs Lyon - Ligue 1 - 01/12/2013

COURRIER. Cyril avait 10 ans le 4 mai 2002. Gâté tout au long de son adolescence, il a appris tard à supporter l’OL en période de sevrage. Que ce soit juste une étape ou que ça dure, cela ne remet pas en cause son engagement. Tant que son club ne se renie pas.

Olympique Lyonnais

Les supporters de l’OL sont prêts à être tolérants. À condition que leurs joueurs fassent front. (Photo Panoramic – Nolwenn Le Gouic)

Cher Olympique Lyonnais,

Cela fait quelques mois que je n’avais pas pris ma plume pour écrire à ton sujet. Mais, là, tu ne me laisses pas vraiment le choix. Je ne sais pas si tu te préoccupes de savoir si je vais bien ; par contre, moi, je te suis de près.

On en a connu des moments magiques, toi et moi. Rappelle-toi. C’est toi et ta bande – les Cocard, Marlet, Malbranque 1.0 et autres « Fifi » Violeau et Pierre « frappasse » Laigle – qui m’ont initié au football de l’intérieur. Celui qui te conduit dans les travées d’un stade fait de vieilles pierres en plein mois de novembre, sous une pluie dantesque, et grâce à des places estampillées « Conseil Général ». Le 4 mai 2002, j’avais 10 ans et tu m’as offert « mon » premier titre. Le premier d’une (très) longue série. C’était funky de suivre ce OL-Lens avec les commentaires de Richard Benedetti. Dois-je te remémorer ces souvenirs impérissables sur la scène européenne ? Parce qu’après Maribor, tu t’es bien rattrapé. On en a tapé des clubs de haut standing. J’ai entendu dire qu’au Santiago-Bernabeu, on te craint encore. Tu m’étonnes. Tout te réussissait, au point que John Carew ridiculisait celui qu’on surnommait encore « San Iker ».

Petit à petit, tu t’es construit, et j’avais l’impression qu’on gagnait ensemble. On se déplaçait ensemble, jusqu’au Mans quand la rillette n’était pas privée de football professionnel et quand elle était encore dégustée dans un stade offrant un parcage digne de l’ex-URSS. On pleurait ensemble aussi – « Y avait péno sur Nilmar ! » – et on insultait les mamans de certains – Van Bommel, TMTC. Aujourd’hui, l’heure est venue d’apprendre à perdre ensemble. Mais modérément, hein…

Et pour être franc, ce n’est pas la chose la plus facile que tu m’aies demandée. Quand tu t’es fâché avec Claude Puel, j’étais contrarié. Je te boudais un peu, pour être totalement transparent. Je trouvais que tu t’acharnais sur lui outre mesure. Et ça a encouragé certains à être vraiment dégueulasses avec Claude – les tags sur les murs de sa résidence, ce n’était pas classy. Mais, après tout, tu défendais tes intérêts. Becs et ongles. Avec, à ta tête, des personnalités aux charismes exceptionnels qui, il faut le dire, ont toujours réussi à te sortir de tes différents pépins. Mais la crise économique, le train de vie excessif qu’on avait embrassé et des résultats sportifs en berne – relative – ont eu raison de la période faste qui avait bercé mes tendres années. Aujourd’hui, on ne sait jamais quel sera le visage que tu nous proposeras le samedi soir. Quand on « se chie dessus » avant le Derby, de peur de perdre notre supériorité régionale, un sursaut d’orgueil nous procure un bonheur incommensurable en plongeant l’ASSE dans ses vieux démons. D’ailleurs, tu diras à Jimmy qu’il est grand et que sa statue l’attend. Qu’il évite tout de même de signer chez les Verts l’été prochain, ça compromettrait le projet.

Alors, tu sais, au moment d’allumer ma télévision pour voir si tu n’allais pas m’offrir un cadeau de Noël anticipé en me permettant d’aller chambrer les Parisiens – je te jure sur la Maserati d’Umtiti que j’avais un peu d’espoir. Rémi t’avait mis en beauté en renforçant ton arrière train, et je comptais sur la folie des courbes dribblesques de Lacazette pour faire grincer l’appareil dentaire de Marquinhos. J’avoue, aussi, qu’étant très affecté par la récente blessure de Maître-Guide-Apôtre-Dieu-Juninho-Pernambucano-Do-Recife, j’espérais que l’esprit de ce dernier prenne à nouveau possession des crampons de Clément G. Je dois aussi te confier qu’un de mes amis avait déposé un cierge à Fourvière. La foi n’a donc pas été suffisante, et l’étincelle n’a pas pris. Tu sais, je crois que personne ne t’en veut. On s’y était préparé. On est un peu déçu de ce que tu as montré sur le terrain, quand même. Tu as été bien trop rapidement désabusé. Comme impuissant. Mais rassure-toi : qu’on soit plutôt expatriés, Hex@, O’Elle clubiste, casual, supporter-canapé, nordiste ou sudiste, on sera nombreux à être toujours à tes côtés. Avec un petit sentiment plaisant : celui de se considérer comme les fidèles parmi les fidèles. Et on se plait à croire, aussi, que tu es le dernier club à avoir pu réussir en te construisant sur la durée, progressivement, sans faire appel à des investisseurs importants levant des capitaux faramineux en un temps record. Fuck yeah ! Les Gones sont bien là.

PS : je ne te demande aucune réponse écrite. Contente- toi de nous montrer, rapidement, que tu en as là où il faut.

PS 2 : Sidney, reviens.

CR

 

 



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