Billong : « Ça joue bien chez les Verts, mais… »

LYON-ST ETIENNE

SOUS L’HORLOGE. Deuxième partie de l’entretien avec Romarin Billong qui, après avoir évoqué ses débuts à l’OL, revient sur la suite de sa carrière, son passage à Sainté et la sélection camerounaise. Et nous livre son onze OL star et son prono pour le Derby.

 

« Domenech, j’étais un peu son fiston »

Tu as aussi joué avec Samassi Abou qui reste pour beaucoup l’un des plus gros potentiels passés par l’OL au cours de ces vingt dernières années (1992-1996)

Un joueur extraordinaire et un super mec. C’était l’athlète qui avait tout pour devenir un grand. Nous l’avons découvert lors d’un match amical à Martigues où il jouait alors qu’il avait 18 ans. Pendant les vingt premières minutes, il a fait son numéro et il nous a tous bluffés. Avec Bruno N’Gotty, on a prévenu tout le groupe qu’on allait l’attraper sur le terrain et ne pas le rater. Jusqu’à la fin du match, il nous a échappés. Il nous a dribblés sans cesse et même à l’impact, il faisait très mal ! Quand Samassi jouait a son vrai niveau, il était impressionnant. J’ai rarement vu un joueur de ce niveau-là. L’année d’après (1992), il a signé à l’OL.

Je crois qu’Alexandre Bès (formé à l’OL et décédé en 1997, à 30 ans, d’un arrêt cardiaque) était aussi ton copain ?

(Très ému) Oui. Mon ami. Une générosité sans faille. Toujours disponible. Un vrai athlète. Je pense très souvent à lui comme au gardien de Nancy Philippe Schuth, avec qui j’achetais tous les jours des viennoiseries, et qui est décédé en 2002 d’un accident de voiture, à 35 ans. Des moments très durs.

Quelles étaient tes relations avec Raymond Domenech ?

Particulières ! Une confiance absolue. J’étais un peu son fiston. Il me titularisait alors que j’étais à la Fac et que je ratais plusieurs entraînements ! Nous n’avions pas besoin de nous parler, nous nous comprenions en nous regardant.

Et Jean Tigana ?

C’était une relation bipolaire. Chaud-froid. Un jour, il m’a même exclu du groupe parce qu’il m’avait attribué une défaite sur un mauvais placement défensif et je n’étais ouvertement pas d’accord. Avec le recul, il avait raison, je le concède très facilement. Et cela m’a servi toute ma carrière car j’avais soudainement progressé défensivement. Mais c’est lui qui a amené la gagne et l’esprit de compétition au sein même du club. Il détestait la défaite plus que tout. Même le moindre petit jeu à Tola Vologe était susceptible de mal se terminer si on ne cherchait pas à gagner à tout prix.

Jean-Michel Aulas ?

Nous avions une relation spéciale. Peut être parce qu’en continuant les études, j’avais un profil particulier. Et puis, c’est dans sa société, la Cegid, que j’ai fait mes deux stages de DESS (Économie et gestion). Il a toujours eu une idée très précise de ce qu’il voulait faire. Il est dur mais humain. Mais j’ai beaucoup d’estime pour lui.

« L’OL, c’était ma vie »

As-tu gardé des grands potes de ces années- là ?

Oui. Un vrai noyau dur d’amis avec Flo Maurice, Gilles Rousset, Stéphane Roche, Abdel Redissi (kiné de l’OL et parrain de l’un des fils de Romarin), Franck Gava, Olivier Blanc (directeur de la communication de l’OL) et Pascale Félix (assistante de JMA et marraine de l’un de ses fils).

Dans quelles conditions as-tu quitté l’OL ?

Je ne voulais pas partir, je pensais y faire toute ma carrière. L’OL, c’était ma vie. Après une grave blessure aux croisés, j’ai négocié une prolongation de trois ans, alors qu’il y avait déjà Jean-Luc Sassus et que je jouais peu. Mais je me suis blessé à nouveau, au ménisque externe du genou gauche, et l’OL a stoppé les négociations. Pendant longtemps, je n’ai pas voulu prendre d’agent puisque je ne pensais jamais quitter mon club. Mais ensuite j’ai travaillé avec Pape Diouf. À ce moment-là, il avait des contacts entre autres avec le FC Metz ou l’ASSE, dirigé par Élie Baup à l’époque.

Et, à la surprise générale, tu es parti à Saint-Étienne en 1995.

C’était un choix professionnel. Quand je suis arrivé, j’ai dit aux supporters : « Je suis lyonnais et je le resterai toute ma vie. Mais je suis ici pour bien bosser. » Je m’y suis fait accepter même si les résultats n’ont pas toujours été au top. Et j’en ai gardé d’excellents amis : Claude Fichaux, Jean-Philippe Delpech ou Gilbert Ceccarelli, le témoin de mon second mariage. Cinq ans plus tard, j’ai rejoint Nancy pour deux saisons, un club familial qui manquait peut-être d’ambition. Et c’est dommage. Mais j’ai gardé d’excellents rapports avec Olivier Rambo, Vincent Hognon, Paul Fischer et Pablo Correa. Et puis, c’est là bas que j’ai rencontré ma seconde épouse.

« On va gagner »

Y a-t-il un moment de ta carrière de footballeur dont tu es particulièrement fier ?

Un maillot qui me tient à cœur : celui de l’équipe nationale du Cameroun. Quand j’ai été sélectionné, quelle fierté pour mes parents ! Je suis allé au village avec ma grand-mère maternelle en respectant les traditions avec du poisson séché et du pain. Une extraordinaire découverte humaine et culturelle. Et puis, il faut imaginer la folie et la ferveur quand tu joues devant 100 000 spectateurs dans le stade ! J’étais extrêmement ému de porter ce maillot. Au Cameroun, tout le monde s’identifie aux Lions Indomptables et, partout dans le monde, les Lions Indomptables sont une véritable marque reconnue pour le talent, l’agilité, la force physique et l’imprévisibilité de ses joueurs. Peu de sélections ont ce privilège. Mais, à cause des problèmes actuels, on perd un peu de ce prestige, on exploite pas cette marque, et c’est bien dommage.

Le derby approche et…

… on va gagner !

« On » ?

Oui, ça joue bien, en face, chez les Verts. Mais l’OL va gagner 2-1 !

Olympique Lyonnais

Propos recueillis par Lucien Eynard

La première partie de l’entretien, avec les années OL :
« Je suis lyonnais et je le resterai toute ma vie »

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