Benzia, l’indocile heureux

RANK’N’OL #S02E04. Contre Sochaux, les Lyonnais ont brillé par leur supériorité technique, apprise à l’entraînement. Mais c’est surtout dans leur capacité à prendre des initiatives qu’ils ont brillé. Et lorsqu’il s’agit d’en faire qu’à sa tête, c’est encore Yassine Benzia le meilleur.

Benzia, le branleur magnifique. (Photo Panoramic – Nolwenn Le Gouic)

Le compte rendu du match : L’OL au stade bonnard

Le mode d’emploi : Let’s Rank’n’OL !

1. Yassine Benzia

Tout le monde attend que Benzia se plante un jour. À part à Lyon, évidemment. Trop attendu, trop branleur, trop facile. Et sûrement trop arabe aussi. Qui a vu la bête à l’entraînement, avec son attitude de lycéen qui s’est pointé en cours d’EPS sans ses affaires de sport, les paumes rentrées dans les manches et ce sourire je-m’en-foutiste, sait que Rémi Garde a dû prendre sur lui pour ne pas péter les plombs et faire preuve d’une véritable intelligence de la situation. L’intelligence de la situation, Benzia l’a bien assimilée. Car si Lacazette brille à la pointe de l’attaque depuis une semaine, il faut se souvenir du garçon trop discipliné quand on lui confie une mission sur l’aile. On ne pourra jamais reprocher à Benzia d’être trop discipliné. Et c’est sa force. Avec lui, le 4-2-3-1 devient tout de suite moins austère : la preuve, c’est dans l’axe qu’il est allé déflorer ses stats, offrant un but à Lacazette et un autre à Gourcuff après avoir marqué lui-même. Une réalisation en forme de définition du bonhomme, avec la liberté de dézoner, l’intelligence de l’appel, l’aisance à se situer dans l’espace et la spontanéité de la frappe du gauche. Mais si Yassine Benzia sait désobéir, il n’est pas fainéant pour autant et ne rechigne pas à revenir donner un coup de main au copain. Yassine Benzia est un bon gars. Avec cette forme d’arrogance qui risque d’agacer tout le monde. À part à Lyon, évidemment.

2. Clément Grenier

CG7 superstar – Phase 3. Après avoir été le héros heureux de la course au podium au printemps, après avoir été le leader capable d’assumer ses états d’âme au moment de sortir tout le monde du piège zürichois, Clément Grenier est désormais capable d’être bon avec les autres. Et c’est, de loin, ce que le Rank lui trouve de plus brillant. Et Ryad Boudebouz avec : « On n’a jamais réussi à résoudre le problème Malbranque et Grenier, qui étaient toujours seuls. » Car si l’Ardéchois y est encore allé de sa passe décisive -pour Benzia- et de son coup-franc -boxé par Pouplin (31e)-, c’est bien dans son rôle de playmaker qui rend les choses simples pour ses coéquipiers qu’il est en train de devenir un vrai grand. Un vrai très grand ? Le temps sera seul juge. Mais on est tout prêt à s’incliner. Sans rankune.

3. Anthony Lopes

D’abord, il y a les faits. Antho Lopche a sauvé les siens, et peut-être même la crédibilité de la Ligue 1, en empêchant Roy Contout de marquer le but du 2-0 après avoir traversé les trois quarts du terrain. Mais il y a surtout cette part d’irrationnel qui dit beaucoup de choses sur la situation actuelle (éphémère ?) de son équipe : il a fallu la blessure de Rémy Vercoutre  pour que l’OL se retrouve avec l’un des trois ou quatre meilleurs gardiens de Ligue 1, après seulement sept matchs de championnat. Et le pire, c’est qu’on s’habitue très vite. Il n’y a plus personne pour s’émouvoir lorsque Lopes bloque tout bonnement une volée à bout portant (celle de Boudebouz en l’occurrence, 70e). Quand le génial devient la norme, c’est forcément qu’on est sur la bonne voie.

4. Yoann Gourcuff

Jouer au foot à ce niveau n’est déjà pas chose aisée. Le faire avec un écriteau sur lequel clignote « À vendre » en pendentif est sûrement plus compliqué. On n’est jamais tombé dans le panneau du Gourcuff victime de son statut médiatique. On a bien compris, comme tout le monde, qu’il y avait un problème. On ne vous cachera pas qu’on a cherché à savoir, nous aussi. Mais rien n’apporte autant de satisfaction au sujet de Yoann Gourcuff que de le voir jouer au foot. Jouer vraiment au foot. Un peu comme avec Benzia, on ne sait pas si le meneur décalé avait la liberté de ses mouvements ou s’il l’a prise. Gourcuff n’a pas subi le système, il en a fait ce qu’il a voulu, avec classe, intelligence et efficacité. Néanmoins, il demeure un problème Gourcuff : plus il sera bon, moins il aura de chance de rester.

5. Henri Bédimo

Il pique peut-être ici la place de Lacazette. Ou de Malbranque, voire de Gonalons, pas géniaux mais qui ont forcément leur part dans la maîtrise quasi-totale de l’OL au milieu de terrain. Mais Henri Bédimo a surtout piqué la place de Dabo. Et s’il n’y a jamais eu grand-chose à reprocher à Moudab, il y a surtout rarement eu à s’enthousiasmer. Pas de bashing gratuit ici. Juste la sensation que l’arrivée du latéral camerounais a participé à l’éclosion de ce football plus réjouissant et moins stéréotypé offert par les Lyonnais depuis deux rencontres. Pas tant grâce à la jovialité du personnage en dehors du terrain qu’à la personnalité du joueur : prompt à s’aventurer à l’attaque et spectaculaire au contact. Avec Bédimo, la palette de solutions s’est élargie et le Gourcuff summer 2013 ne serait peut-être pas à ce niveau s’il avait dû composer avec la timidité de Dabo sur l’aile gauche. Et, par ricochets, Lacazette se serait peut-être senti plus seul devant (comme Lisandro contre les Grasshoppers), Benzia moins libre de ses mouvements, etc. Certes, Nice et Sochaux ont été de faibles oppositions. Mais c’était justement face à celles-ci qu’on s’ennuyait avant. On jugera sur la durée. Mais pour l’instant, la vie est vachement plus cool avec Bédimo.

Par Pierre Prugneau

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