OL : Rémi Garde a (quelques) choix à faire

FOOTBALL : Lyon vs Marseille - Ligue 1 - 10/03/2013

CAP. L’entraîneur de l’OL n’a pas beaucoup de joueurs à disposition, et pas forcément ceux qu’il souhaitait. Ce qui ne doit pas l’empêcher de trancher s’il veut mener son projet à bien, y compris à court terme. Quitte à heurter quelques susceptibilités, et pas seulement au sein de son effectif.

Mardi 20 août. L’OL reçoit la Real Sociedad. Le match est important, et c’est rien de le dire. Mais ce sera sans Samuel Umtiti, qui verra cela du banc. Trop le melon selon l’Équipe du lendemain.

La démonstration des Basques a été telle que le Fossoyeur de Ménival serait – pour le coup – sacrément prétentieux s’il prétendait qu’il aurait pu y changer quelque chose. N’empêche, vu le naufrage de Fofana et Bisevac ce soir-là, on ne pourra jamais s’empêcher de penser que mettre au coin l’un des meilleurs potentiels de son effectif un soir de barrage de Ligue des champions à 20 millions, ça fait cher l’heure et demie de cours de savoir-vivre. Surtout si c’est pour que ce soit Dortmund, Arsenal ou le Barça qui en profite l’année prochaine.

Attendre l’opportunité de ne plus avoir à choisir

Mais au moins Rémi Garde est-il capable de trancher quand il estime que c’est le moment. Comme il avait pu le faire dans le sprint final de la saison dernière avec Milan Bisevac et Dejan Lovren, même s’il a à chaque fois attendu un élément déclencheur (dans l’ordre : carton rouge ou épanchement dans la presse croate + marche d’escalier ratée). Finalement, le plus sanctionné de tous aura été le longtemps irréprochable Anthony Réveillère. Pour avoir présumé de ses capacités à revenir de blessure rapidement, le latéral historique de l’OL avait été sorti sans ménagement à la mi-temps du match face à Toulouse pour ne revenir qu’à deux journées de la fin, faute de combattants. Sauf que la suite des événements, et cette non-prolongation de contrat, éclaire aujourd’hui ce choix sous un angle forcément plus politique.

T’en veux du Miguel Lopes ?

De la politique, Rémi Garde en fait. Quoi qu’il en dise. La confiance accordée à Miguel Lopes tout au long du mois d’août – et probablement pour la suite – est une manière de dire : « Je voulais Corchia, on m’a donné Lopes. J’en prends acte, venez me le reprocher. » Un paradoxe d’autant plus cocasse quand on sait que le Sochalien n’est pas venu à cause d’un bonus « qui n’en était pas un » puisqu’il concernait la qualification pour la Ligue des champions… Même chose pour Bisevac, plus mauvais à chaque sortie, mais recruté pour être un cadre.

Gonalons sur les genoux plutôt que sur les fesses

Et Maxime Gonalons dans tout ça ? Ça fait forcément tiquer de l’ajouter à cette liste. Mais si le milieu défensif a déjà atteint un niveau, sur la durée, qui laisse encore penser qu’il est presque trop beau pour cet OL, son statut d’irremplaçable tient depuis six mois davantage au fait qu’il n’a pas de remplaçant qu’à ses prouesses. Mais ce statut de titulaire à perpétuité, s’il n’aide pas l’émulation et le dépassement de soi, ressemble parfois là aussi à message de la part de Garde : si sa pièce maîtresse est défectueuse, c’est la faute au surrégime. Mais sûrement pas de la sienne. Qui mettrait-il à la place ?

Le choix de ne pas avoir le choix

Pourtant, des remplaçants, il aurait pu en « fabriquer ». Il n’a jamais cru en Lamine Gassama, au point de lui préférer Bastos au poste de latéral quand Réveillère était forfait lors de sa première saison sur le banc (2011-12). Pas grand monde ne viendra le lui reprocher. Mais en sachant déjà qu’il ne recruterait plus, et encore moins des joueurs d’appoint, il a préféré le vide au perfectionnement d’un joueur qui n’aurait, quoi qu’il arrive, pas régressé en jouant de temps en temps, ou même simplement en s’entraînant avec les pros. S’il a accepté le défi de la transition (ou du déclin), Garde savait qu’il devrait composer avec des joueurs qu’il trouvait moyens, à tort ou à raison. Aujourd’hui, l’arrière droit Mehdi Zeffane, le récupérateur Sidy Koné ou l’ailier droit Alassane Pléa, sans préjuger de la suite de leurs carrières, sont des spécialistes de postes sur lesquels l’équipe pro est en déficit. Un déficit au moins quantitatif. Et aucun ne semble en mesure de pouvoir assurer une dizaine d’apparitions dans l’année.

Gomis, pas le choix

Des choix, Rémi Garde va toutefois être obligé d’en faire avec le retour de Gomis et, à un degré moindre, de Briand. Mais la titularisation de Gomis sera-t-elle vraiment un choix ? Si l’OL veut conserver le mince espoir d’une vente, même modeste (mais qui aurait le mérite de rentrer quelques millions d’euros tout en soustrayant les cinq derniers mois de Gomis de la grille des salaires), au mercato d’hier, il faut exposer l’attaquant et même le mettre dans les meilleures conditions possibles. Lacazette va donc repartir de l’axe aussi vite qu’il était venu, quitte à ce que Garde ravale ses envies de jeu rapide et de promotion d’un de ses fils préférés.

Il est évident que Garde doit jongler avec de nombreuses contraintes. Néanmoins, s’il veut réaliser un miracle – un podium – ou au moins une saison réussie – dans les cinq premiers -, il va falloir que le coach de l’OL maintienne un niveau de motivation et d’exigence suffisant pour compenser le manque d’expérience et de talent de son groupe. Mais pour transcender ses joueurs, encore faut-il croire soi-même en ce qu’on dit, et donc en ce qu’on fait.

Aulas sera-t-il aussi consensuel que Garde ?

Rémi Garde conserve peut-être à l’esprit que le meilleur est à venir. Et donne l’impression de chercher à se trouver, ou mieux, se créer des excuses pour durer. Comme s’il avait déjà pris conscience de la fatalité d’une ou deux saisons loin des standards habituels de l’Olympique Lyonnais. Alors s’il veut être celui qui dirigera ce fantasmatique Bayern français au stade des Lumières dans trois ou quatre ans, il a compris qu’il ne fallait pas faire de vagues non plus en attendant. Mais à vouloir protéger son recruteur (Florian Maurice), son président (Jean-Michel Aulas) et leur conseiller commun (Bernard Lacombe), il prend le risque de ne plus avancer. Ce n’est pas forcément la meilleure stratégie, ni pour le club, ni même pour lui. Car d’autres sont plus ingrats. Et si ça tourne mal, ils auront moins de scrupules à trancher.

Pierre Prugneau

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