Gourcuff-Ferri, solides dans la tempête

RANK’N’OL #S02E06. Après la Real, le déluge ? C’est ce que semble raconter la victoire du coup de bol champagne des Rémois à Gerland (0-1, le compte rendu). Pas faute d’avoir tenté et tout manqué. À commencer par cette association qui sent le lol et la marrade entre Gourcuff et Ferri. L’OL n’est plus à ça près. La légende du rock peut continuer à scander le nom des grands couples éternels (Lennon+Mc Cartney, Jagger+Richards, Morrissey+Marr, Charly+Lulu), cela n’empêchera jamais le Rank de célébrer les coups d’un soir.

 

Le compte rendu du match : Sauvé des eaux, noyés au champagne

 

Rank'n'OL Olympique Lyonnais - Stade de Reims

Le mode d’emploi : Let’s Rank’n’OL !

 

Olympique Lyonnais1. Jordan Ferri

L’histoire de Ferri, on ne la connaît pas. Pour une raison toute simple : jusque-là, on s’en foutait. Faut dire que ce parti pris a été largement conditionné par Rémi Garde qui a baladé son joueur un peu partout sur le terrain la saison dernière, sans que personne ne sache vraiment quelle était sa place. Il a fallu s’en remette à ses dernières sélections en Espoirs pour découvrir que Ferri évoluait naturellement dans le rôle du milieu plutôt défensif et vaguement relayeur. Ce qui a fini par se voir quand, ramené dans un genre de 4-4-2 quelque part entre Gourcuff et Fofana, il a servi la partition du milieu à la lyonnaise : récup’ courte sur pattes, accélérations plein axe et belle vision du jeu. Avec pour sommet, cette passe en cloche pour Lacazette avant son renvoi par la barre (60e). Voilà à peu près comment en seconde période, temps fort de la domination de l’OL, Ferri a su ouvrir les espaces que les autres ont tant de mal à voir. Rien de bien surprenant de la part d’un joueur qui n’a jamais fait que ça, obligé de se trouver cette place qu’on lui ne voyait pas au milieu. Reste maintenant le plus dur : la gagner.

Olympique Lyonnais2. Yoann Gourcuff

On les a presque confondus. On a tenté de les associer. On pourrait presque les opposer. D’un côté, Grenier qui part jouer les chiffonniers pour récupérer le ballon du pénalty dans les mains de Lacazette. Le geste dérange d’autant plus que le nouveau roi de la mène se manque. N’empêche, il raconte bien la relation de dépendance qui s’est établie entre Grenier et l’OL : si le premier n’est plus décisif, alors il n’y a plus rien à espérer. Ce fut déjà le cas face à la Real Sociedad. Son entrée anecdotique contre Reims n’a fait que confirmer la donne. Côté Gourcuff, c’est l’inverse. À croire qu’il faut qu’il pleuve des coups durs pour que le Breton se retrouve au-dessus du lot. Comme s’il était impossible pour l’OL et l’ex-enfant chéri du foot français de dépasser cette relation destructrice dans laquelle l’un et l’autre se sont engagés. La preuve, cela fait deux ans que tout le monde promet d’en finir au plus vite. Pour mieux reculer le moment venu en se disant qu’il paraît difficile de se passer l’un de l’autre. On sait depuis les Rita Mitsouko que les histoires d’amour finissent mal en général. On vous laisse maintenant imaginer ce qui arrive à celles qui n’ont jamais vraiment commencé.

Olympique Lyonnais3. Farès Bahlouli

Pas la peine de s’attarder sur la comparaison entre Benzia et Bahlouli. Elle finira pas arriver inévitablement et rappellera au monde entier pourquoi on se réveille un jour en préférant les Stones aux Beatles – et inversement. Avant d’en arriver là, l’OL doit encore apprendre à ses dépends que la formation est une affaire qui se joue sur le long terme. Et bien plus que le seul choix entre Benzia et Bahlouli, c’est celui de la voie à suivre qui pose question. L’OL peut être rattrapé par le destin d’un club formateur comme les autres. Auquel cas il lui faudra accepter de dévisser plus souvent qu’à l’accoutumée et se satisfaire d’un quotidien à la rennaise, entre la 5e et la 10e place, un peu d’Europe à l’occasion et 25 000 spectateurs de moyenne à Gerland. Ou alors s’embarquer dans cette politique du joueur qui fait fureur de Dortmund à Saint-Sébastien. On élève une génération aux principes d’un jeu plus offensif que la moyenne jusqu’à ce que ça finisse par payer. En la conservant, quitte à s’imposer quelques sacrifices. De longues années dans le semi-anonymat de la Bundesliga pour Dortmund. Un détour par la Segunda División pour la Real. L’OL pourrait très bien y laisser un peu plus qu’une qualification en Ligue des Champions et un début de hype en Ligue 1. Ce que l’on est prêt à accepter à une condition : que les dribbles et les accélérations de Bahlouli dans lesquels on a pu voir l’avenir de l’Olympique Lyonnais ne soient pas mis en vente dans la foulée.

Olympique Lyonnais4. Alexandre Lacazette

Lacazette sait trop ce que deviennent les grands attaquants à Lyon pour s’aventurer à prendre leur succession. Jouer à Gomis ou à Lisandro quand la comparaison vous attend au tournant, c’est risqué. Du coup, le Kid de Mermoz joue avec son expérience, celle d’un joueur élevé à ce 4-3-3 qui fait la part belle aux gars du milieu. Ce qui ne l’empêche en rien d’employer son talent à envoyer son lot de gestes presque décisifs : une feinte qui démarque Fofana au second poteau (53e), une reprise qui met en évidence la vision de jeu de Ferri (60e), un pénalty qu’il laisse à Grenier (70ème). Partout ailleurs, on aurait vite fait de lui reprocher de ne pas se comporter à la manière des grands attaquants qui, la légende le dit, ne vivent que par et pour le but. Lacazette a compris ce que sa carrière doit aux autres en général et au milieu en particulier pour se permettre de ne penser qu’à lui. L’important n’est pas d’être une tête de Rank. C’est d’y rentrer.

Olympique Lyonnais5. Gueida Fofana

Fofana revient de loin. De la défense centrale, précisément là où d’autres milieux avant lui (Bodmer, Toulalan) ont fini par s’abîmer. Malbranque à la peine, Mvuemba en disgrâce, Gonalons à la recherche du bon tempo, on s’est dit que Gueida avait enfin la possibilité d’occuper la place qui lui revient, ce genre de 6 à 8 qui est devenu la marque de fabrique de la formation à la française. Encore faut-il être sûr que ça intéresse l’OL. Normalement, il ne faudrait pas plus de cinq minutes pour mettre tout le monde d’accord, d’autant plus dans un club qui a vu Michael Essien inventer ce rêve de milieu post-moderne. Tout y est : polyvalence, volume, projection. Manque peut-être l’essentiel : le contexte. Le Bison s’imposait dans un milieu à une époque où celui-ci pouvait devenir le plus dur d’Europe. Fofana y est rappelé toutes ces fois où il se met à douter de lui-même. Cette différence d’état d’âme finit par rattraper l’ancien Havrais quand il lève la tête, se lance et envoie un plat du pied bien trop appliqué pour tromper Agassa (53e). L’occasion manquée en vaut certainement d’autres. Elle participe aussi à détourner Fofana de ce rôle de grand relayeur pour lequel il est taillé vers celui de grand relayé où les circonstances ne cessent de le ramener.

Serge Rezza

Retrouvez le Rank’n’OL sur OL Dirty Bastards et le Libéro Lyon.

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