OL-Nice : l’art du contre à Puel

RANK’N’OL #26. « Pour tenir le ballon il faut un certain style de joueurs. » OK, Rémi Garde n’avait pas Gourcuff ou Grenier sous la main. Mais une victoire face à Nice (3-0) en jouant le contre, c’était surtout un hommage aux années Puel. Ou comment être agaçant en restant classe. So Lyonnais. So Rank’n’OL.

 

Samedi 22 décembre 2012, 19ème journée de Ligue 1

Olympique Lyonnais – OGC Nice 3-0

Buts : Lisandro (40ème), Réveillère (56ème) et Gomis (sp, 76ème)

 

 

 

OL-Nice

Le mode d’emploi : Let’s Rank’n’OL !

 

1. Anthony Réveillère : cette saison, Antho le discret a décidé d’écrire sa légende. Il aurait pu sombrer dans la dépression après l’humiliation infligée cet été par Leonardo et le staff du PSG, mais il a pris les devants. Et ce n’est pas qu’une métaphore. Pas assez reconnu pour ses années à écoper les conneries des autres derrière, Réveillère s’amuse désormais du côté de la lumière. Et il soigne ses stats avec deux buts, deux passes déc’, un CSC provoqué contre Reims et pléthore d’occasions créées. Face à Nice, il a d’abord frappé sur le poteau avant de conclure un contre pour le 2-0. Histoire de rappeler à Puel qu’il y a bien un monde entre François Clerc et lui. Et au PSG qu’il est le meilleur latéral de France. Réveillère ne se pose plus de questions, il donne des réponses.

2. Rémy Vercoutre : « Il a fallu un bon Rémy Vercoutre. » Plus qu’à son coup de bluff de dernière minute – Ghezzal n’était pas titulaire sur la première feuille de match qui indiquait un 4-3-3 avec Fofana –, Rémi Garde sait à qui il doit la première victoire de l’OL depuis douze ans lors du dernier match de l’année. L’homme de la manchette a donc récidivé avec sa spéciale, côté droit, à 0-0 devant Cvitanich (14e) puis en deuxième mi-temps, après un tir à bout pourtant de Traoré, sur sa gauche cette fois (64ème). Certes, Vercoutre n’a pas réalisé l’arrêt miracle digne de ses prédécesseurs à Paris et il avait méchamment fauté contre Nancy. Mais en sortant le grand jeu pour le retour de Puel, Rémy a rappelé que l’OL pouvait bien se passer d’un grand gardien pourvu qu’il y ait un meneur d’âme.

3. Bafétimbi Gomis : il met tellement de cœur sur le terrain médiatique à prouver qu’il est plus sympa que Jallet, Mavuba et Janot réunis qu’il commencerait presque à en devenir fatigant. Mais puisqu’insister est aussi sa marque de fabrique, Bafé a préféré poursuivre cette campagne de séduction un cran plus fort, sur le terrain cette fois. Et comme promis, il ne s’est pas raté : bien placé pour planter, il a délivré une offrande à un Lisandro alors en échec (1-0, 40ème). Il transforme ensuite le penalty du 3-0 qu’il a lui-même obtenu après une action pleine de puissance, d’abnégation et de finesse. Bref, un match beau comme un CV de chouchou préféré des Lyonnais. Qu’il vaut mieux rédiger soi-même pour mieux laisser aux autres le soin de l’envoyer.

4. Milan Bisevac : alors qu’il avait promis à son arrivée l’Art de la guerre, c’est pour une autre œuvre revisitée par ses soins que Bisevac est en train de s’imposer en patron de défense : l’Anthologie des PV du premier flic de France. De toute évidence, le Serbe joue sous influence, celle laissée par Cris, pour venir à bout des absences de Lovren, les refiler à Cvitanich et renvoyer au passage Puel à la consultation du Coaching pour les Nouls. Pour s’en convaincre, il suffit de considérer cette prestation où la défense debout et la relance tout en percussion ne sont pas loin d’en faire un évangéliste de première. Reste maintenant à convertir le reste de la bande au message du Cris où le seul amour qui compte est celui de la force de l’ordre.

5. Rachid Ghezzal : l’air de rien, Ghezzal est en train de prouver qu’il vaut mieux que ces histoires d’héritages qui ont plombé bien des promesses à Lyon. Le premier, ce nom qui renvoie au grand frère, ses chemins de traverse qui tiennent lieu de carrière et le pedigree qui va avec – des grands attaquants empruntés. Le second, cette étiquette du Ben Arfa nouveau genre envoyée par quelques suiveurs qui ont le name dropping facile. Or, pour sa seconde apparition dans la peau d’un titulaire, l’OL l’emporte une nouvelle fois par trois buts d’écart : 4-1 au Vélodrome, 3-0 pour cette fois. On peut y voir un coup de bol monumental pour la trouvaille que personne n’avait vu venir. On n’oubliera pas de rappeler qu’un autre boy next door a construit une bonne part de sa légende sur cette réputation d’amulette porte-bonheur : Govou. D’autant qu’avec deux occasions presque trop faciles pour ne pas être manquées, de la discipline dans le repli défensif et une ouverture lumineuse sur le premier but, on tient quelques arguments de plus pour pratiquer la seule comparaison qui vaille la peine d’être tentée : celle du joueur à la Sid.

 

Par Pierre Prugneau et Serge Rezza

(Article publié le 23 décembre 2012 sur Rue 89 Lyon)

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