Le onze le plus rentable de l’histoire de l’OL

LE BON COIN. L’OL n’a pas attendu d’être à la ramasse financièrement pour se mettre à recruter à hauteur de 800 000 euros quand il faut jouer sa place en Ligue des Champions. La preuve avec cette équipe montée pour 15 millions d’euros et un Jean-Luc Sassus.

Le onze le plus rentable de l'Olympique Lyonnais

La vie et belle, chic et pas chère. (Panoramic – Eddy Lemaistre)

 

Grégory Coupet

1,1 million d’euros et Jean-Luc Sassus

Coupet a construit sa légende à la façon d’un cheap type : des pubs pour la Halle aux Vêtements, un départ précipité de Tignes avec madame et les mômes au volant de son monospace et des soirées passées à retourner le salon devant des DVD de Linkin Park – ouais, comme dans Le Péril Jeune. Faut dire que son arrivée à Lyon le prédisposait à accomplir ce destin. Si l’ex-futur gendre préféré des Français débarque un matin de décembre 1996 entre Saône et Rhône, c’est grâce au Juste Prix. Un jeu rendu culte par Patrick Roy et son cancer, Philippe Risoli et ses lancers de micros, mais aussi Pascal Olmeta et sa sortie aux poings dans la gueule à Sassus : Jean-Luc avait eu le malheur de s’approcher un peu trop de sa régulière du moment un soir en boîte – alors qu’on sait tous que le bouillant Corse aurait mieux fait de s’en prendre à l’ensemble électro-ménager que la belle et son escadron lustraient chaque midi sur le plateau de TF1, le regard autrement plus lascif qu’une Zahia quand elle parle de Ribéry. Plutôt que de faire vibrer davantage la nostalgie de la michetonneuse vraie (#lamichestonneusevraie), revenons-en plutôt au prix, celui de Coupet : un bon million d’euros et Sassus en plus. À ce niveau-là, c’est même plus le juste prix. C’est le Bon coin.

Jean-Marc Chanelet ou Lamine Diatta

Gratuits

Si l’on voulait rassurer les quelques supporters qui craignent de tenir avec Miguel Lopes un genre de sous-Fabio Grosso, on leur rappellera que c’est souvent lorsqu’ils sont arrivés pour trois fois rien que les latéraux de fortune ont fini par s’en sortir le mieux, surtout côté droit. De Chanelet, Coco boy sur le retour qui finit par coiffer Deflandre à la photo finish dans le sprint du premier titre, à Lamine Diatta, moins Dabo qu’il n’en avait l’air ces quelques soirs de Ligue des Champions où Réveillère n’avait pas trouvé de nounou pour Shanon, les boys next door ont toujours su se hisser à la hauteur du collectif sonnant et dominant des années 00. D’accord, il y en aura toujours pour vous dire qu’il était toujours plus facile d’être en surrégime l’espace de quelques piges que toute une saison. C’est d’autant plus vrai qu’il y a la preuve par François Clerc pour rappeler ce que doivent ces quelques bouts de carrière à Govou et son don de soi permanent. Quitte à y sacrifier une part de son adresse face au but et une part de sa propre carrière par la même occasion. Bon d’accord, la gratuité elle aussi peut avoir son prix.

Lire : Chanelet : « J’étais un joueur lambda »

Cris

3,5 millions d’euros

« Le défenseur qui s’est fait la gueule à Laurent Duhamel, il pourrit tous les matchs des attaquants comme ça ? Non parce que j’aimerais bien voir le petit Nilmar jouer. Il est déjà passé par l’Europe ? Leverkusen ? En même temps, tu sais Marcelo, je ne souhaite à personne de passer un seul hiver à Leverkusen. Même pas à Laurent Duhamel, c’est dire. Après, c’est sûr que si ton Cris, là, il ne supporte pas les couloirs de la chimie, ça risque d’être aussi tendu qu’une séance d’équarrissage avec Flo Laville du côté de Corbas. Tu me diras, on n’est pas non plus obligé de lui montrer Feyzin. Rien qu’en allant à Geoffroy-Guichard, il aura déjà son lot de gueules chimiques pour le reste de sa vie. Autant l’épargner le garçon. Donc tu me dis qu’il est marié, qu’il est Pauliste, croyant mais pas trop branché non plus télévangéliste… C’est pas pour me déplaire : depuis qu’Edmilson balance ses dégagements en invoquant la grâce du Saint-Esprit, je me suis dit qu’il faudrait peut-être lever le pied niveau conso de cierges à Fourvière. Encore un coup du foulard comme celui qu’il m’a fait face à l’Ajax et je l’envoyais chez le Père Guy Gilbert faire du poney avec des dealers de drogue, l’Edmi’. J’imagine que Cris, il sait pas parler français. Quoi ? Après six mois, il ne savait toujours pas dire ‘auvideurzène’ ? Bon, on lui apprendra à parler le Vahid alors. Dis donc, Marcelo, une dernière chose : si je vais voir son agent en bas et qu’il me répond 4 millions, on est d’accord que je peux m’en tirer pour un bon 3,5, hein ? » Bernard Lacombe, été 2004, Mineirão, Belo Horizonte.

Claudio Caçapa

Prêt de 6 mois puis transféré pour 6 millions*

La grande affaire du mandat de Caçapa à Lyon ne peut pas tenir dans sa technique limitée et son allure de joueur qui serait toujours à la ramasse pour peu que le jeu s’accélère. Pas plus dans les six titres auxquels le bonhomme prendra part à Lyon ou dans ce but en finale de Coupe de la Ligue qui décide de la suite de son destin selon Aulas. Ce qui déjà en soi faisait un paquet de bonnes raisons de parler de bon coup au regard de l’investissement consenti à son arrivée. En vrai, c’est son départ qui l’emporte sur tout le reste. Car ce moment de janvier 2007 où Captain Claudio doit filer pour Newcastle est devenu depuis le point de repère officiel de la fin d’une époque, celle des années de domination. On pourra toujours rejoindre ceux qui pensent avec Sadran que l’homme décisif de cette période dorée fut Juninho. On pensera qu’au-delà du joueur providentiel, du 4-3-3 sonnettes et arabesques, des recrutements bien sentis, il fallait aussi un cœur à cette équipe. C’est précisément ce rôle qu’a investi au-delà de toute mesure Caçapa, au point de se faire tendrement appeler « Papa » par tout un vestiaire. Une saison après son départ, ce même vestiaire ira quand même chercher un doublé, sorte de point final à l’histoire. Mais la saveur n’est plus la même. Ne serait-ce que parce que le cœur n’y est plus.

Mouhamadou Dabo

1 million d’euros

Dabo ne vaut rien et il le sait. Il en a même fait un personnage quand il fait mine de s’emmêler les pinceaux pour sortir un centre au cordeau ou qu’il parle avec le débit d’un gamin pas à l’aise avec l’éloquence pour mieux livrer sa petite leçon de répartie bien sentie. Pourtant, c’est ailleurs qu’il faut chercher la vraie plus-value de son transfert, un des premiers menés à l’économie par l’OL. L’arrivée de Dabo nous renvoie deux ans plus tôt quand, pour une lucarne foutraque trouvée des 30 mètres, la cellule recrutement se rencarde auprès des Stéph’. Les Verts en veulent 6 millions. Le temps d’hésiter, de formuler une nouvelle offre et le voilà cédé au FC Séville. Un an plus tard, le calcul est vite fait : 6 millions grattés sur le dos de son meilleur ennemi, ça n’a pas de valeur. Dabo peut alors officiellement rejoindre le cercle très fermé des bonnes affaires de l’OL.

Olympique Lyonnais

 

Mahamadou Diarra

3,8 millions d’euros

À tous ceux qui pensent encore que Lacombe a toujours eu besoin des adresses et des numéros de téléphone que lui refilait Marcelo pour devenir recruteur-né, on répondra Djila Diarra. Parce qu’il en fallait du flair pour voir l’avenir du milieu lyonnais dans ce grand Malien au pedigree incertain : une carrière commencée dans la peau d’un joueur malingre en Crête avant de passer par la case Vitesse Arnhem pour prendre du volume. Des armateurs grecs et la boîte à hormones des maquignons hollandais, de loin, ça pue l’arnaque. À une CAN près, celle d’où Diarra revient avec le titre de meilleur joueur et Lacombe avec un contrat en main. À son retour, Dirty Bernie raconte l’histoire comme ça : il a dit « fils » à Diarra et le joueur lui a répondu « papa ». Trop beau pour être vrai. On aura toute la saison d’après pour comprendre : la légende d’un roi ne naît jamais entre les lignes d’un contrat, mais bien à coups d’ « il était une fois ». C’est ce que Lacombe a vu. Une fois de plus avant tout le monde.

Philippe Violeau

400 000 euros

Entre autres sentences géniales, il faut accorder une place toute particulière à celle servie par Jean-Louis Murat : « En équipe de France, on a toujours besoin d’un gars qui appelle son gamin Brandon et qui écoute Sardou. » Ce à quoi la lyonnaise du foot sait depuis 2002 qu’à l’OL on a besoin d’un type avec une tête de vendeur d’assurances pour commencer à devenir champion. Car, au-delà des qualités du bonhomme qui en feront le chef de rayon le soir du premier titre, on jure d’avoir croisé Violeau un bon millier de fois dans une station-service en train de choisir un sandwich Daunat, dans les rayons du Carrefour Vénissieux pour comparer les mérites des différents plasmas, à la machine à café en train de compulser son Nokia des fois que la serveuse du Courte Paille à qui il a laissé son numéro sur le set de table en papier le rappelle. Et toujours ce même uniforme : chemisette, cravate Mickey et les chaussettes Cups qui vont avec. Pas besoin de forcer pour lui filer 400 000 euros, le prix à payer pour la meilleure des assurances-vie.

Steed Malbranque

Gratuit

Le sport cultive l’art de l’histoire. Qu’importe la vérité, pourvu qu’il y ait le miracle au bout. Le Tour de France par exemple, qu’elles prennent l’allure de la fable andine avec Nairo Quintana ou du conte africain avec Froome. L’OL n’échappe pas à la règle. La preuve avec Steed Malbranque, le type qui arrête de faire ses courses chez Auchan pour redevenir footballeur professionnel. Du drame familial aux tournois de tennis disputés dans l’anonymat des courts de Rhône-Alpes jusqu’à ce père, le vrai, qu’il faut régulièrement tuer, on a cherché de toutes parts une explication à ce retour en forme de miracle. Un an plus tard, Steed n’a toujours rien dit. Tout laisse croire qu’il n’en dira jamais rien. Du coup, on s’en remet à l’art de l’histoire, quitte à cultiver le n’importe quoi. C’est toujours ça de pris. Et c’est surtout gratuit.

Sylvain Wiltord

Gratuit

Le début, tout le monde le connaît : la signature en 2004, un 31 août, à quelques minutes de la clôture du marché et la trentaine flamboyante qui vient foutre un bon coup de pompe à Nicolas Rey et toute sa cohorte de néo-trentenaires au top de l’auto-apitoiement. La suite n’est qu’affaire d’interprétations. On pourrait faire comme tout le monde et se féliciter du coup de génie de la cellule recrutement de l’OL qui fait venir à moindres frais, plus précisément pour rien, un joueur qui pue le foot comme personne. Sauf que le vrai génie, c’est encore Nino qui le possède sur ce coup, en choisissant Lyon comme destination. Pendant qu’à Paris on fustige encore les virées de trop de Ronaldinho en le clouant sur le banc, Wiltord s’offre le droit de mener la vie, la vraie, entre Saône et Rhône. Il peut se réveiller chaque matin dans la peau du professionnel et dormir loin de chez lui le soir, en levant les femmes des collègues à l’occasion et en le faisant savoir le lendemain dans les pages du Progrès : « Quand je rentre chez moi, les draps de mon lit sont froids. » Un modèle et pas seulement pour les rois de la bringue à la Sid ou pour Biolay qui en fera une chanson (Personne dans mon lit). Disons plutôt la ligne à suivre pour ceux qui pensent qu’une carrière doit se mener comme on arrive et comme on part : libre. Et pas seulement de tout contrat.

Sima Nikolic

50 000 euros

Cinq matchs à peine pour hisser l’OL en tête du championnat et reprendre à Di Nallo le titre de nouveau « Petit Prince » de Gerland. La Fleur’ ne peut pas lui en vouloir : c’est lui qui est allé chercher le nouveau bienfaiteur de l’attaque lyonnaise en D2 yougoslave. Qu’un attaquant de son calibre grenouille à ce niveau-là est une anomalie que Kovacevic et Mihajlovic ont bien entendu soufflée à Di Nallo. Si Nikolic en est là, c’est parce qu’il boude, lassé de devoir jouer les doublures au Partizan. Pour soigner son spleen, l’attaquant est donc reparti jouer à l’étage inférieur pour planter plus que de raison. Au risque d’attirer un marquage plus dur et de se faire redessiner le portrait : une fracture du nez manque de mettre un peu plus sa carrière en l’air. Qu’importe, Di Nallo préfère encore tenter le coup. La suite, c’est 21 buts enfilés dès sa première saison, soit déjà la moitié de son total sous le maillot lyonnais, Chiesa qui flambe une dernière fois à la passe et Tigana qui s’annonce comme la nouvelle merveille du milieu de France. Pas suffisant pour voir au-delà d’une petite saison et retourner fissa cultiver son spleen de grand attaquant sur le qui-vive en D2.

L’histoire de Nikolic est à découvrir sur Old School Panini.

Franck Gava

Entre 500 000 et 1 million d’euros

Laurent Croci, Jean-Christophe Thomas, Jean-Philippe Séchet, Jossip Weber, Ricky Owubokiri, Igor Dobrovolski, Laurent Delamontagne : bienvenue dans la boîte à idées de la cellule recrutement lyonnaise pour sa collection printemps-été 1992. À sa tête, Bernard Lacombe. Enfin, pour quelques semaines seulement, le temps pour Aulas d’annoncer un petit remaniement à la tête de la direction sportive et de reléguer Dirty Bernie vers un nouveau poste qui sent le placard : « Mission de confiance pour le comité de gestion ». Ne lui reste donc en ce mois de mai que quelques jours pour finaliser un dernier transfert. Cela aurait pu être Jean-Philippe Séchet. Ce sera Franck Gava. Lacombe a pu compter sur un fin connaisseur en technique superlative et autres passes soyeuses envoyées depuis le milieu pour mener cette dernière affaire : « Cela fait quatre ans que Platini me parlait de Gava ! » Quand le joueur de 22 ans rapplique pour visiter les installations à Tola Vologe, il est bien question de projet, de pépinière pleine de promesses – Jurietti, Patouillard, Flachez, Maurice et Bardon doivent disputer la finale de Gambardella face à Lens –, d’ambitions pour le club qui doivent suivre celles de Michel Noir pour la ville. Mais Lacombe préfère s’arrêter pour évoquer son secret préféré, ces quelques étangs de la Dombes où il a ses habitudes : « Je te les montrerai si tu veux. Enfin, si tu viens chez nous ! » Le lendemain, Gava signe un contrat de cinq ans. On ne sait toujours pas à combien de zéros a pu se monter le transfert. Ce qui est sûr, c’est qu’il valait bien un secret.

Lire : Gava, le culte du don

Serge Rezza

(*) Les 6 millions payés pour le transfert de Caçapa le sont à l’été 2001, à l’apogée de la phase d’inflation post-Bosman, et ce pour un international brésilien sélectionné pour la Coupe des Confédérations.

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