OL – Saint-Étienne (3-0) : Lacazette, gerlantissime

OL

LES NOTES. Après une année 2014 sans victoire dans le Derby, l’Olympique Lyonnais a remporté le dernier à Gerland au bout d’une prestation superbe magnifiée par Alexandre Lacazette, auteur d’un triplé. Pour conclure en beauté.

Dimanche 8 novembre, 13e journée de Ligue 1

Olympique Lyonnais – AS Saint-Étienne 3-0

Buts : Lacazette (41e, 59e, 90e+3) pour l’OL

Avertissements : Rafael (33e), Ferri (78e), Lopes (80e), Valbuena (84e) pour l’OL, Pajot (1e), Lemoine (6e), Hamouma (72e), Clément (86e) pour l’ASSE.

OL : Lopes – Rafael (Jallet, 67e), Yanga-Mbiwa, Umtiti, Morel (Bedimo, 72e) – Gonalons (cap.) (Darder, 32e), Ferri, Tolisso – Valbuena – Beauvue, Lacazette. Entr. : Hubert Fournier.

ASSE : Ruffier – Clerc, Perrin (cap.), Pogba (Polomat, 54e), Assou-Ekotto (Monnet-Paquet, 67e) – Pajot, Clément, Lemoine (Eysseric, 31e) – Roux, Beric, Hamouma. Entr. : Christophe Galtier.

Lopes 6
Rafael 7
Yanga-Mbiwa 6
Umtiti 6
Morel 6
Gonalons non noté (Darder 6)
Ferri 7
Tolisso 6
Valbuena 7
Beauvue 6
Lacazette 10

C’était la dernière. La dernière fois que des joueurs de l’Olympique Lyonnais traverseraient ce tunnel pour pénétrer sur la pelouse de Gerland et y affronter l’AS Saint-Étienne. Nul doute qu’au moment de parcourir la distance qui séparait le terrain du vestiaire, les titulaires choisis par Hubert Fournier étaient virtuellement escortés de leurs augustes ainés, déterminés à choisir eux-mêmes l’issue de ce cent onzième Derby.

L’histoire et l’émotion ont ensuite laissé place au jeu . Et quel jeu ! Hubert Fournier avait surpris en changeant la moitié de sa défense par rapport au match de Saint-Pétersbourg, choisissant deux latéraux frais (Jérémy Morel et Rafael) et maintenant sa confiance à un Mapou Yanga-Mbiwa qui comptait probablement plus d’amis dans le camp stéphanois que lyonnais au coup d’envoi.

Les derbies sont aussi souvent des histoires de gardiens mais Anthony Lopes, qui avait effectué ses débuts en Ligue 1 lors de la même affiche, a probablement vécu son derby le plus tranquille depuis le début de sa carrière professionnelle. Très vite au diapason de ses coéquipiers dans l’engagement, il a imposé sa présence sur quelques ballons aériens chauds, mais ne fut sollicité directement qu’en seconde période sur une frappe d’Hamouma, captée tranquillement sur sa droite. Et ce fut tout. Une nouvelle clean sheet pour lui cette saison, qui plus est obtenue en terminant le match avec devant lui une charnière Mapou-Morel. Achievement Unlocked.

 

Les bons choix d’Hubert

Hubert Fournier avait beaucoup fait parler avant le match en changeant ses deux latéraux. Rétrospectivement, on admettra que cela ressemble fort à un coup de génie. A droite, Rafael a joué comme s’il avait passé la semaine à parler culture derby avec Juninho, Caçapa et Cris. Tranchant défensivement, ultra-présent offensivement, il a allumé la première mèche d’une frappe enroulée du gauche qui prenait la direction du petit filet de Ruffer. Il a sans cesse combiné avec Ferri, a livré un vrai combat face à Hamouma et fut à l’origine du second but sur une frappe croisée superbe. Son bingo du derby a même été agrémenté d’un carton jaune pour un tacle appuyé sur Pajot.

A gauche, Jérémy Morel a réussi là où Henri Bedimo avait échoué face au Zenit : en remportant ses duels. Solide défensivement, il n’a jamais hésité à jouer haut, empêchant sans cesse le bloc stéphanois de remonter. Il s’est même permis de réussir des centres et de se montrer disponible et intelligent dans ses montées. « El Loco » Fournier l’a replacé arrière central après la sortie d’Umtiti. Son meilleur match depuis son arrivée à l’OL, très certainement.

Dans l’axe, Fournier a du essuyer quelques sueurs froides au moment de coucher le nom de Mapou Yanga-Mbiwa sur la feuille de match. Mais l’international français est un homme de derbys. Buteur face à la Lazio avec la Roma l’an dernier, il s’est appliqué à faire ce pourquoi l’OL l’a recruté : gagner des duels. Un vrai combat avec Beric dont il est souvent sorti vainqueur, et un placement plus sûr. On a presque dû se pincer pour le croire. A ses côtés, Samuel Umtiti a livré une partie impeccable avec l’assurance d’un vieux briscard. Quelques remontées de balle qui commencent à être une vraie marque de fabrique et un hématome mutant plus tard, il a livré une prestation aboutie jusqu’à sa blessure.

 

Un milieu sévèrement burné

Devant la défense, l’OL n’aura pu compter sur Maxime Gonalons plus de trente minutes, avant de perdre son capitaine sur blessure. Et le plus beau compliment que l’on puisse faire à Corentin Tolisso, c’est que l’absence de Captain Max est passée inaperçue. Juste dans son placement, présent dans les duels, auteur d’une tête qui a frôlé le cadre stéphanois, le milieu de terrain lyonnais aura démontré que son toucher de balle est à la hauteur de son toucher de parties génitales. Coco ? Cocojones, oui. Sergi Darder, remplaçant au coup d’envoi, a livré un match propre et appliqué. Présent dans l’engagement, il fut précieux dans la conservation du ballon. Une prestation sans étincelles mais ô combien précieuse.

A ses côtés, on a retrouvé un Jordan Ferri sous stéroïdes. Son match va probablement faire vendre plus de menus Best Of que toutes les campagnes de publicité de Macdo des trois décennies à venir. Le milieu lyonnais ronronnait depuis quelques matches? Il a été le premier à simplifier et fluidifier son jeu, réduisant les touches de balle. L’OL manquait de verticalité ? Il n’a jamais hésité à allonger le jeu quand cela a semblé nécessaire. Juste techniquement, énorme dans l’agressivité, il a récolté un carton jaune faisant office de médaille et une belle mise à prix sur sa tête au match retour. Une passe délicieuse sur le troisième but et une joie 100% derby. Si, hombre.

Mais le trophée cojones de ce 111e Derby en revient sans nul doute à Mathieu Valbuena. Nul besoin d’avoir vu sa sextape pour être sûr d’une chose: le milieu lyonnais en a une sacrée paire. Piqué au vif par sa non-sélection en Bleu, il a corrigé hier soir son principal défaut lyonnais: une tendance à multiplier les touches de balle et à ralentir le jeu de son équipe. Sa spontanéité retrouvée a redonné de l’allant au jeu lyonnais, et son abattage défensif fut à la hauteur de son match offensif. Sa relation technique avec ses attaquants semble en net progrès, et ses milieux l’ont soulagé en se projetant vers l’avant, ne lui laissant pas le monopole de l’étincelle créative.

 

Lacaz’ du siècle

Devant lui, Claudio Beauvue ne fut pas le plus brillant – mais son travail de l’ombre fut à la hauteur de ce que l’on attend dans un derby. Appels en profondeur, courses défensives – il a couvert un terrain fou et s’est souvent excentré sur la droite, ouvrant des brèches dans l’axe pour Ferri, Valbuena ou Rafael. Aurait pu marquer sans un enième arrêt de Ruffier. Enfin, impossible de terminer sans rendre un énorme hommage au Roi de ce dernier derby à Gerland. Alexandre Lacazette aura tout fait : toucher de balle soyeux sur son premier but, placement de renard sur son second, appel parfait et sang-froid total sur le troisième. Une générosité de tous les instants et une justesse technique retrouvée lui ont permis de signer l’une des plus belles prestations de l’histoire de ces derbys. Gerland et les lyonnais s’en souviendront longtemps. Lui aussi.

Étienne M. & Martin M.

(Photo Anthony Bibard / Panoramic)

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