Montpellier-OL : la victoire à demi-volée

RANK’N’OL #43. De manière improbable, l’OL l’a emporté à la dernière seconde à Montpellier (1-2), inversant en cinq jours la dynamique de cette fin de saison. Un hold-up ? Peut-être, au vu de la deuxième mi-temps. Mais, à l’image du but de Grenier, les Lyonnais, leur coach en tête, ont tout misé sur l’insouciance et la folie pour rafler le pactole. My daddy was a Rank rober ? Peut-être. Mais il n’a jamais fait de mal à personne.

 

Vendredi 19 avril 2013, 33e journée de Ligue 1

Montpellier Hérault SC – Olympique Lyonnais  1-2

Pour Lyon : Lisandro (28e), Grenier (90e + 2)

Pour Montpellier : Belhanda (41e)

 

Montpellier Lyon

Le mode d’emploi : Let’s Rank’n’OL !

 

1. Clément Grenier : la première place du Rank ne lui était pas promise à cinq secondes de la fin. Et pourtant, c’était écrit. Dans un match sans véritables conventions, il ne pouvait qu’être le boss. À sa façon. À sa nouvelle façon. C’est qu’il en a envoyé bouler des conventions en 48 heures, le bonhomme. Fini le gentil garçon, propre sur lui, discret, écrasé par le poids de la famille, lyonnais quoi. Vas-y que je te demande une augmentation à la hussarde. Et vas-y que je joue pour mes lignes de stats plutôt que de courir pour l’institution. Pour le coup, le Grenier NBA style n’a pas déçu, jolie passe décisive et jouissif missile à l’appui. Une frappe qui rappelle celles de Toulalan, à cela près qu’aucune n’est jamais rentrée. Pourtant, le soyeux meneur n’a pas encore atteint la cote d’amour du besogneux récupérateur. Alors certes, Clément, tout Lyon a spontanément levé ses fesses sur ce coup-là comme ça ne lui arrive plus si souvent. Mais il peut très vite te les montrer le jour où la chance ne sera plus à la hauteur de tes ambitions.

2. Lisandro : on connaît suffisamment le lisandrisme pour savoir mieux que quiconque à quel point il peut encore nous surprendre. Ne serait-ce que pour en profiter encore quelques matchs depuis ce passage remarqué à Tola Vologe cette semaine aux allures d’adieux avant l’heure. Et vérifier cette drôle de théorie sur laquelle on n’a jamais eu vraiment prise : Lisandro n’a jamais paru aussi bon qu’à Montpellier. Pourquoi là et pas ailleurs ? Peut-être parce que, pour que le Gaucho se sente bien, il faut qu’il y ait quelque chose de l’Argentine dans l’air. La Mosson, stade déglingue qui ne tient que par ses Gitans de la Paillade, seule barra brava digne de ce nom à l’échelle de la Ligue 1. Ce football qui la joue bâtard pour mieux rester sensible, sous le coup de patte de Belhanda (41e) ou de gueule de Girard qu’on tient, en vrai, pour le coach le plus sous-estimé de son temps – ceux qui ont encore en tête le championnat d’Europe de ses Espoirs en 2006 savent de quoi il retourne. A moins qu’il ne s’agisse des plus belles femmes du monde, celles qu’on ne peut croiser qu’à Montpellier ou en Argentine, ou de ces pages de Cortazar qu’on ne veut jamais refermer comme on se refait l’OuSaPo (l’ouvroir de saloperies potentielles) de Loulou Nicollin à intervalles réguliers. Pas de doute, avant de s’en aller, Lisandro tenait là plus qu’ailleurs ce qu’il fallait pour livrer une grande partie aussi généreuse qu’enragée, un des dernières sans doute. Quelque chose qui aurait à voir avec sa part d’hombre.

3. Maxime Gonalons : sans le Rank, la vie pourrait être injuste pour Washing Maxime. Comme elle doit l’être pour à peu près tous les bassistes et les batteurs de la Terre dans n’importe quel groupe de rock : les mecs sont condamnés à n’exister que lorsque les stars attitrées ne sont plus en mesure d’attirer la lumière. Une fois de plus, c’est ce qui est arrivé au capitaine lyonnais. Dans une première période où le jeu qu’avec des milieux fait surgir l’idée un nouveau futur pour l’OL – ce qui suffit en soi à provoquer une belle émotion –, il n’a jamais eu qu’à disparaître pour jouer du relais comme les autres. Il est déjà essentiel quand la seconde période s’embarque sur des pertes de balle, celles de Grenier en tête, qui font disparaître le milieu lyonnais. Autrement dit, toute l’équipe ou presque. Or, c’est précisément là, dans ces trois contre un qui tournent à son avantage ou dans ces retours dans les chevilles de Belhanda que Gonalons a pu choper un peu de la gloire que les autres laissaient filer. Pour mieux l’abandonner aux autres au premier exploit venu. Que vous soyez un groupe de rock ou de Rank, ne partez jamais sans un gars qui sait battre un peu plus que le tempo.

4. Rémi Garde : ça s’appelle régler le chaos par le chaos. Après trois défaites, le coach lyonnais, sans défense et avec guère plus d’attaque, avait décidé d’associer et Grenier et Gourcuff. Sans qu’on sache si ça avait fonctionné ou non, l’OL avait enfin gagné. Pour le match suivant, Garde n’a pas tranché. Il a même rajouté Malbranque au milieu. Et Fofana, qu’on a peu vu derrière. Et même Lisandro, qui y a ses habitudes. Et, bien sûr, Gonalons. L’OL a-t-il joué en 4-3-3, en 4-2-3-1, en 3-4-3 ou en 4-4-2 ? Un peu de tout. Ce qu’on pourrait synthétiser en 3-6-1. Et l’histoire retiendra qu’il a gagné ainsi. Quant au coaching, il aura au moins eu le mérite d’indiquer une volonté de tenter quelque chose jusqu’au bout. Et, malgré un net déclin en deuxième période, les Lyonnais l’ont emporté au bout, justement. Faute de pouvoir blinder sereinement, mais Garde a préféré tout faire péter. Preuve que maîtriser le bordel, c’est toujours plus classe qu’accompagner la discipline.

5. Yoann Gourcuff : et si c’était lui le vrai sauveur de la fin de saisons lyonnaise ? On sait très bien qu’on ne serait pas en train de parler des performances de Grenier si le destin n’avait pris un malin plaisir à s’acharner sur le corps de l’ex-futur du foot français. De même qu’on ne pourrait parler de victoire lyonnaise à l’arrachée s’il n’y avait eu ces interventions, même lointaines, presque éthérées de Yoann : une air passe qui paraît aussi involontaire qu’elle devient décisive sur l’action qui mène au but de Licha (28e). Comme le sera son corner qui finit sur la patte gauche d’un Grenier qui réussit en une fois ce que Toulalan aura manqué en quatre saisons entre Saône et Rhône (90e +2). Preuve qu’on peut se voir reprocher régulièrement de faire plonger tout un club et finir par en devenir l’homme providentiel. Peut-être pas le héros qu’on attendait à son arrivée, mais un héros quand même : malgré lui.

Par Pierre Prugneau et Serge Rezza

(Article publié le 20 avril 2013 sur Rue 89 Lyon)

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