Malbranque, parce qu’il faut bien tuer la peur

RANK’N’OL #S02E17. Comme le veut la règle, une grande équipe ne perd jamais douze fois de suite. Et si elle peut renouer avec la victoire contre d’obscurs Croates (1-0, contre Rijeka), on peut alors se laisser aller à tous les enthousiasmes. Alors, l’OL is back ? De retour, peut-être pas encore. Mais revenus de tout le reste, on veut bien y croire. À commencer par cette peur qui empêche d’avancer et que seul un joueur avec la profondeur de Malbranque pouvait tuer. Au point de s’imposer un peu plus comme le deep roi du Rank.

Olympique Lyonnais

Malbranque, sans peur et (à nouveau) sans reproche. (Photo Panoramic – Frédéric Chambert)

 

Jeudi 24 octobre, 2e journée d’Europa League

Olympique Lyonnais – HNK Rijeka 1-0

But : Grenier

OL : A. Lopes – Zeffane, Bisevac, Gonalons (cap), Dabo (Tolisso, 69e) – Ferri (Mvuemba, 85e), Fofana, Malbranque – Grenier – Lacazette (avert., 9e ; Benzia, 76e), Briand. Entr. : Rémi Garde

 

Olympique Lyonnais

Le mode d’emploi : Let’s Rank’n’OL !

 

1. Steed Malbranque. Grenier exilé côté gauche, Gonalons en retraite dans la défense, il est encore le seul à rester à sa place dans ce milieu qui a fait le bonheur de la première saison dernière, celle qui s’est achevée en décembre 2012. Encore faut-il s’accorder sur la place que peut occuper Malbranque dans le milieu lyonnais. Le football lyonnais est un jeu qui se joue à onze contre onze, de préférence vers l’avant, et à la fin c’est le 4-3-3 qui gagne. Quand la partie s’ouvre avec un genre de 4-4-2, Steed reprend la mène à Grenier et remet le jeu à l’endroit. Quand la possession se limite à faire tourner la balle à coups de passes latérales et/ou vers l’arrière, il redescend pour remettre un peu de prise de risque dans un jeu qui n’en a plus à force de flippe. Les règles du football moderne restant les mêmes, Malbranque en profite pour rappeler au premier intéressé, Grenier, que c’est toujours comme ça que s’envoient les passes les plus décisives. À sa sortie, le Virage Nord ne s’y trompe pas : le milieu, c’est lui. Et comme l’OL, c’est le milieu et que nous sommes l’Olympique Lyonnais, alors Malbranque, c’est moi.

2. Maxime Gonalons. Rappelez-vous, la saison passée, Gonalons revenait chaque semaine dans son Rank. A priori, plutôt bon signe de le retrouver là après des semaines d’errements. Sauf qu’il n’y revient pas vraiment comme le gars qui s’y sent comme chez lui. Retour à la case départ, celle qui l’a vu surgir un soir d’octobre 2009 à Anfield, en défense centrale. Où on a besoin de quarante-cinq bonnes minutes pour se rôder et laisser à d’autres le porte-voix qu’on lui avait pourtant confié en début de saison. C’est ce qu’il y a de mieux à faire pour entendre les conseils de Bisevac et accéder au plus vite aux subtilités du métier. D’ailleurs, il ne lui faut pas longtemps pour s’imposer là où le feu couve, du côté de Dabo. Une renaissance ? Max n’en est plus là. Ce qui n’empêche pas de retrouver cette première qualité révélée à Anfield par son compagnon de défense d’un soir, Toulalan : « Ce qu’il y a bien avec Maxime, c’est qu’il est toujours à l’écoute. » Il faut bien ça pour s’imposer loin de son milieu d’origine. Et ce n’est pas Jérémy qui dira le contraire.

3. Clément Grenier. Grenier n’a jamais eu les faveurs du Rank, surtout au plus fort de la hype. Sans doute parce qu’il suffisait de voir un match dans son intégralité en fin de saison dernière pour mesurer l’écart entre le niveau réel et supposé du nouveau roi de la mène lyonnaise. De la même manière que Clémy ne sera jamais le bon Juni que Gerland réclame à chacun de ses coups francs, il faut tordre le cou au Grenier bashing qui a pris ses quartiers dans le quotidien lyonnais. Car même quand certaines passes trahissent le manque de confiance et que l’espace se resserre côté gauche, l’Ardéchois possède encore cette technique menée tête haute qui le fait jouer au-dessus des autres. C’est précisément de là que vient la différence, quand il faut monter un cran plus haut et placer cette tête que Lacazette a laissé en vrac. De quoi remettre un peu d’ordre dans sa légende personnelle qui, même loin de l’idée qu’on se fait du joueur providentiel annoncé, peut toujours se construire à la façon d’un mythe décisif.

4. Milan Bisevac. L’offensive ne semblait pas être le fort des Croates ce jeudi soir. Du coup, puisqu’il n’y avait rien d’autre à faire qu’envoyer un coup du sombrero en toute fin de partie, Bisevac en a profité pour prendre le pouvoir. L’air de rien tant l’affaire était entendue avant même le coup d’envoi. Comme dans les meilleures séries politiques, là où think tanks et spin doctors rivalisent en coulisses, le Serbe a fait valoir un sens politique plutôt rare. Ça commence en début de semaine avec une première apparition dans OL System. Où le Bisevac étant avant tout une affaire de style, il n’a qu’à inspirer longuement et verser dans les graves pour donner à quelques banalités ce qu’il faut de profondeur : « Un match tient souvent à des détails. Moi, je peux péter un câble quand on ne respecte pas ces détails. » Il peut tellement se permettre de dire n’importe quoi qu’un compliment envoyé à Vidic peut aussi bien aller à Koné : « Il m’a apporté beaucoup au niveau de la concentration. Avec lui, tu n’as pas le droit de perdre le ballon des yeux une seule seconde, même quand il est loin. » Bisevac n’attend plus qu’un signe. Il vient de Lacombe : « Milan est un bon défenseur qui doit maintenant communiquer son expérience aux autres. » N’ayant rien d’autre à défendre que sa cause sur le terrain, Bisevac soigne les derniers détails en vue du plébiscite : replacer, porter la voix de l’équipe, s’imposer par le charisme. Quatre-vingt-dix minutes et une victoire plus tard, c’est réglé : l’affaire est dans le sacre.

5. Jimmy Briand. Si tu dois passer ton épreuve de français au bac et que tu flippes rien qu’à l’idée de tomber sur L’Albatros de Baudelaire, le Rank a une solution pour toi. Pense à Jimmy Briand. Parce que Briand, c’est Baudelaire. Un peu Pinochet aussi, mais garde ça plutôt pour l’année prochaine, quand tu passeras ton épreuve d’histoire. Briand, c’est l’albatros. Cet oiseau un peu étrange qui fait marrer tous ceux qui le côtoient tous les jours sur le pont, à l’entraînement. Pas simplement parce qu’il s’en prend des pleins paniers de ponts, grands ou petits. Mais bien parce qu’il ne réussit rien : des frappes en mousse, cadrées à 1,50 mètre de la cible et des courses rigolotes où il bat de l’aile plus qu’il ne court. Les jours de match en tribune, les mecs font les marins : ils miment son pied-bot pris dans le carton et ricanent à la seule évocation d’une passe qui pourrait être manquée. Jusqu’à ce que son activité abrasive rallie les derniers rieurs à sa cause. Là où aucun autre ne va plus se battre pour récupérer une balle ou proposer un appel, Briand s’y rend. D’accord, on est encore loin du roi de l’azur. Mais l’admiration peut fonctionner à plein pour peu qu’on réalise que Jimmy est un joueur précieux. Au moins pour incarner celui que tous les autres devraient être.

Serge Rezza

Retrouvez le Rank’n’OL sur OL Dirty Bastards et le Libéro Lyon.

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