Gourcuff, un conte de l’OL

Olympique Lyonnais

RANK’N’OL #S02E30. Entre tuer le père et ses pairs, Gourcuff n’a pas choisi. Du coup, c’est un nouveau conte de l’OL qui peut reprendre. Où, pour satisfaire aux considérations esthétiques, Yoyo et les siens font durer le plaisir jusque dans les derniers instants pour mieux décevoir l’instant d’après (2-2). Une histoire sans fin.

Dimanche 22 décembre 2013, 19e journée de Ligue 1

FC Lorient – Olympique Lyonnais 2-2

Buts : Aboubakar (59e) et A. Traoré (90e +3) pour Lorient ; Grenier (21e) et Gomis (49e) pour Lyon

OL : A. Lopes ; Miguel Lopes (Ferri, 78e), Bisevac, Umtiti, Bedimo – Fofana, Gonalons, Grenier (Malbranque, 88e) – Gourcuff – Gomis, Lacazette. Entr. : Rémi Garde

 

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Le mode d’emploi : Let’s Rank’n’OL !

 

Olympique Lyonnais1. Yoann Gourcuff

Après le match, Yoyo a regretté cette sale tendance de l’OL à ne pas savoir tenir un résultat une fois l’avantage acquis. Comme s’il était question d’une autre équipe. En vrai, son match est venu rappeler qu’il se foutait royalement de ces histoires de points comme du reste, tant que ça joue et qu’il peut envoyer ces gestes soyeux qui confirmeront un peu plus l’idée d’un retour au sommet de la hype. Quelques jours après son passage devant la presse, on pourra toujours y voir la confirmation de cette incompréhension tenace qui demeure avec le club. C’est précisément parce qu’il se fout des réalités comptables qu’il n’y a pas joueur plus raccord que lui avec l’OL du moment. Garde ne dit rien d’autre quand il se félicite après la victoire face à Reims d’être à la tête d’une équipe aussi joueuse. Derrière lui, c’est le collectif qui maintient la prise de risque au Moustoir, quitte à laisser revenir les Lorientais. C’est surtout une promesse de jeu qui ramène encore les foules au stade quand les résultats ne suivent plus. Même cotée en bourse, l’OL de Gourcuff est une société du spectacle comme les autres.

Olympique Lyonnais2. Henri Bedimo

Si on était fainéant – du moins si on le laissait transparaître –, on vous demanderait de vous référer aux vingt derniers Ranks. Ou si on était fainéants, au point de le laisser vraiment transparaître, on vous ressortirait la formule : « Si le 4-4-2 a profité à quelqu’un, c’est bien à [Lacazette, Fofana, Gourcuff, etc.]. » Mais on ne se le permettra pas. Rien que pour lui. Car Bedimo est une machine dont la première partie de saison n’est pas sans rappeler celle de Malbranque un an plus tôt. À cela près que le Camerounais pourra toujours décliner, il aura pour lui d’avoir fait briller Gourcuff. Mieux, d’avoir laissé croire l’inverse. Et que dire de Gomis qui lui doit désormais cinq buts ? Entre générosité et miracles, Henri Bedimo a mis le Père Noël et Jésus d’accord. Les rois mages peuvent déjà réclamer une revue du contrat à la hausse.

Olympique Lyonnais3. Clément Grenier

Rémi Garde a compris bien des choses, mais comme souvent un peu trop tard. C’est ce qui lui vaut le matin cette faute à moitié avouée d’avoir laissé filer Lisandro plutôt que d’essayer de le retenir en tentant le 4-4-2. Un losange passe. L’après-midi, c’est Grenier qui évolue loin de la place attendue, celle du type autour duquel tous les autres gravitent. Pour tout dire, c’est même l’inverse qui est à l’œuvre : les dix autres jouent précisément à leur poste quand Grenier doit se contenter de la place qui reste. De quoi rabattre bien des prétentions. Et pourtant, cette inversion des attentes finit par opérer. Ne serait ce que parce qu’elle ramène l’Ardéchois à cette vérité du jeu aperçue au plus fort des années de domination : dans la peau du harceleur plutôt que dans celle du harcelé ; dans ces espaces qui appellent la projection vers l’avant et la passe bien cadencée. Ces soirs-là, la vérité s’appelait Tiago et Grenier l’a souvent invoquée comme source d’inspiration. Comme si, bien avant qu’on ne l’oblige à avoir d’autres prétentions, il avait déjà compris où se situait sa place de toujours : deuxième de la classe.

Olympique Lyonnais4. Alexandre Lacazette

Trois mois après le départ de l’Argentin, voilà Lacazette qui poursuit sa leçon lisandriste à l’adresse de tous ceux qui ont eu la frousse de se perdre dans la bibliothèque de Borges, qui n’ont pas trouvé la tombe de Cortázar au cimetière Montparnasse ou pour qui, même romantiques, les chiens de Bolaño aboieront toujours trop fort. Après son introduction de barbe et de hargne, on avait quitté Lacazette sur une leçon de technique et de sang froid à même de coucher une défense olympienne. On attendait la suite avec d’autant plus d’impatience que le Kid de Mermoz s’est approprié avec ce qu’il faut de classe et d’opportunisme ce losange qui, de l’aveu même de Garde, aurait dû revenir à Licha. C’est oublier cette belle idée qui n’a jamais cessé de traverser l’œuvre lisandriste : celle qui voit un attaquant exister par et pour les autres. Ce qui ne le place pas moins en pointe lorsqu’il s’agit de presser pour permettre à son milieu d’être à son affaire, le plus proche possible de la surface adverse, le plus souvent avec la balle dans les pieds. Et pour que le don de soi soit complet, Alex va jusqu’à offrir son enchaînement contrôle + reprise à Gomis qui n’a qu’à s’offrir le but ouvert (49e). Manquait simplement un titre à cette leçon. On saisira l’opportunité de ce second 2-2 de la semaine pour tenter celui-là : Lacazette ou le lisandrisme pour les nuls.

Olympique Lyonnais5. Gueïda Fofana

Quand les historiens se pencheront sur Gueïda Fofana, ils trouveront 70% de la littérature qui lui aura été consacrée dans les pages du Rank’n’OL. Il ne s’agit pourtant pas d’un parti pris, ni même d’un pari du genre ah-vous-voyez-on-vous-l’avait-dit. Il faut se rendre à l’évidence : dans le football du XXIe siècle, Gueïda Fofana est fascinant en rien. Ni dans son abattage à la récupération, ni dans la finesse de ses transmissions, guère plus dans la percussion. Et il n’est même pas la peine d’évoquer ses statistiques. Il sera toujours le troisième choix d’un milieu à trois ou le quatrième d’un système à quatre. Mais il sera toujours là. Parce qu’il est peut-être difficile de cerner Gueïda Fofana, mais il semble encore plus compliqué de s’en passer.

Par Pierre Prugneau et Serge Rezza

Retrouvez le Rank’n’OL sur OL Dirty Bastards et le Libéro Lyon

(Photo Bruno Perrel – Panoramic)

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