Fouret : « Comme quoi, ça tient pas à grand-chose »

FOOT :  Clermont/Sedan -  L2  - 12.08.2005

SOUS L’HORLOGE. Au début des années 90, il était le serial buteur qui affolait les compteurs. Avec ses 27 buts en 17 matchs de CFA, il serait aujourd’hui sur les tablettes de Chelsea ou City. Pour lui, ce sera Nancy, Châteauroux et Gueugnon. Frédéric Fouret revient sur son étonnante carrière et nous dévoile son onze OL star.

 

Frédéric Fouret est né le 24 octobre 1974 à Thonon (Haute-Savoie).
Clubs successifs : OL (1995 – dec. 2000), Châteauroux (prêt, 1998-99), Nîmes (prêt, 1999-2000), Nancy (janv. 2001-04), Valence (2004-2005), Clermont (2005-06), Le Havre (2006-07), Gueugnon (2007-08), Cannes (2008-09), Menton (2009-10).

 

Où as-tu commencé à jouer au foot ?

Dans la cour de l’école, à Monnetier-Mornex, en Haute-Savoie. Mon père était le directeur de l’établissement et nous habitions donc dans l’école. Je jouais avec mon frère et mon voisin puis j’ai signé ma première licence dans le club du village. En poussins, j’ai intégré le club de Thonon-les-Bains dont l’équipe 1 jouait à l’époque en D2. Il y avait un centre de formation. J’y suis resté jusqu’en cadets. Il a fermé et j’ai rejoint l’Olympique Lyonnais après une séance de détection.

« Je n’ai jamais osé dire à Bravo que ma chambre était tapissée de posters de lui »

Tu avais une idole ?

Oui : Daniel Bravo. J’ai eu la chance de jouer avec lui à l’OL ensuite. Très pro et très exigeant. Je n’ai jamais osé lui dire que ma chambre était tapissée de posters de lui quand j’étais petit.

Comment s’est passée ton arrivée au sein du centre de formation ?

Un grand changement. De quatre entraînements par semaine, je suis passé au double avec de grosses méthodes de formation. Dans ma promotion, il y avait Jean-Christophe Devaux, Fabrice Fiorèse ou Fabien Debec. À ce moment-là, devenir pro était seulement un rêve. Certainement pas une obsession. Je venais de ma campagne.

« Je rêvais d’être Florian Maurice ! »

Quels sont tes grands souvenirs de cette période ?

José Broissart (l’entraîneur de la réserve, ndlr) tout d’abord ! Il a fallu du temps pour apprendre à le connaître, mais il m’a tout apporté. C’était une méthode un peu « à l’ancienne ». Il s’occupait de tout, il n’avait pas de préparateur physique, il n’y avait aucun calcul, il fallait maîtriser toutes les bases. C’est très dur quand tu viens d’un petit club. Mentalement, j’ai passé un cap énorme. Je suis devenu un compétiteur. On fermait tous nos gueules, on ne rêvait ni à l’argent, ni à la gloire. On voulait jouer.

Tu as disputé deux finales de Gambardella !

Une perdue en 1992 et une gagnée en 1994 ! Cette année-là, notre équipe était imbattable. On a gagné en finale 5-0 contre Caen et j’ai mis  un triplé. C’est peut être mon plus grand souvenir de foot. C’est la plus belle des compétitions de jeunes et on l’a gagnée avec les potes. Vraiment un super moment.

Tu signes professionnel quand ?

Honnêtement, je ne m’en souviens pas exactement. Signer mon contrat pro n’était pas une surprise ni un grand événement. Ce n’était qu’une étape même si j’étais quand même content. À l’époque, j’avais deux modèles : Alan Shearer et Flo Maurice. Je rêvais d’être Florian Maurice ! Il n’avait que six mois de plus que moi mais il était tellement en avance. Il jouait avec les pros, il avait la grande classe. C’était le meilleur joueur issu du centre de formation.

Tu te souviens de ta première apparition en pro ?

À peu près. J’ai été appelé pour la première fois dans le groupe lors d’un match à Rennes avec Jean Tigana. Au moment où j’allais entrer, on a égalisé et je suis resté sur le banc. Ensuite, j’ai commencé officiellement en D1 à Nice avec Guy Stephan la saison suivante. J’étais encore stagiaire. Je pensais débuter le match, j’étais un peu déçu et on a perdu.

Et ton premier but ?

Énorme souvenir. C’était à Gerland devant mes potes et face à la meilleure équipe française de l’année, l’AS Monaco ! Un match de fou qui se finit par un 3-3. À Monaco, il y avait Thuram, Petit, Scifo, et même Thierry Henry sur le banc. Une incroyable équipe.

 

Le onze OL star de Frédéric Fouret

« Le premier loft du genre »

Pourtant, par la suite, tu n’as pas beaucoup joué…

Non. Tout cela m’a obligé à me remettre en question de manière permanente. Je n’avais pas beaucoup de rapports avec Guy Stephan. Puis Bernard Lacombe a préféré d’autres joueurs. C’est dommage de ne pas avoir pu jouer plus car je cartonnais en CFA. J’ai quand même marqué 27 buts en 17 matchs ! Il y avait aussi de la concurrence. D’abord Caveglia, pour qui j’avais beaucoup de respect, Giuly qui marchait  sur l’eau, Bardon et puis aussi Job et Kanouté. Ces deux derniers ont explosé en très peu de temps. Ils avaient de grosses qualités. Surtout Fred. Je le revois de temps en temps.

Tu as joué avec Franck Gava et Samassi Abou?

Deux génies. Et deux types très sympas. Abou était monstrueux. On se marrait, il était insouciant et capable de tuer toute une équipe comme le jour où il a martyrisé le PSG. Il aurait pu faire une plus grande carrière internationale, c’était un vrai bon mec et un footballeur hors du commun.

Quand as-tu quitté l’OL ?

En 1998. J’ai signé à Châteauroux pour gagner du temps de jeu. Joël Bats était mon entraîneur. C’est un type admirable. Ma saison a été gâchée par une grosse blessure. En partant, j’ai compris que ce serait très difficile de faire ma carrière à l’OL alors que j’en avais très envie. Dès la fin de la saison, j’ai été à nouveau prêté à Nîmes sans passer par la case OL. Une bonne saison. Quand je suis revenu à Lyon, il me restait deux ans de contrat et Santini m’a exclu du groupe avec Devaux, Hellebuyck et (Olivier) Bernard. Il ne comptait pas sur nous, c’était le premier loft du genre. J’étais super déçu car j’avais un comportement exemplaire. J’ai défendu tous mes droits car je ne méritais pas un tel traitement de la part du club. Santini a admis que j’avais eu un bon comportement et a failli me prendre dans le groupe pour la Coupe d’Europe en raison de la blessure de Vairelles. Mais il s’est finalement rétabli et l’horizon s’est bouché. Comme quoi, ça tient pas à grand-chose. J’ai donc signé six mois à Nancy en prêt avec option d’achat et je suis resté en tout plus de trois ans !

À Chateauroux avec Malouda, à Gueugnon avec Cissokho

Tu as ensuite visité pas mal de clubs et joué avec des joueurs étonnants.

À Châteauroux, j’ai vu commencer Florent Malouda. Immense potentiel et il avait les crocs. Il était sûr de lui et voulait réussir. À Nimes, j’ai joué avec Pagis et c’est probablement le plus grand technicien avec qui j’ai évolué en dehors de l’OL. A Clermont, j’ai adoré jouer avec Diomède et Gourvennec, qui ont beaucoup apporté au groupe. À Valence, j’ai découvert Mehdi Lacen, un phénomène technique.  À Gueugnon, Aly Cissokho débutait. Il avait de très grosses qualités physiques mais n’était pas assez attentif. Mais il était très volontaire et le coach avait vu que ce joueur pouvait aller plus haut.

Il y a aussi eu la terrible attaque du Havre !

Ah ! Oui, c’est drôle. Nous étions cinq attaquants. Les deux titulaires étaient Lesage et Traoré qui ont fini meilleurs buteurs ex-aequo avec 18 buts chacun. Puis il y avait le grand espoir Alassane. Puis moi. Et, le 5ème attaquant, c’était Guillaume Hoarau, qui a dû être prêté car il ne jouait jamais à cause de nous quatre !

Si tu ne devais choisir qu’un seul stade ?

Gerland ! Et de loin. Gamin, c’était un rêve d’y jouer un jour. Je me souviens qu’on écarquillait les yeux devant quand on venait jouer avec Thonon.

Que fais-tu aujourd’hui ?

Je suis conseiller en gestion de patrimoine auprès de sportifs de haut niveau. J’ai intégré une société créée par un pote du sport-études de Thonon. J’avais commencé à réfléchir à ma reconversion lors de mon dernier contrat à l’AS Cannes que j’ai intégré grâce à Fabien Debec (gardien de la victoire en Gambardella) et Patrice Carteron. Je vis encore sur la Côte d’Azur.

Ça représente quoi pour toi l’OL aujourd’hui ?

Je m’y suis fait de très bons potes : Debec, Chavrondier ou Laville par exemple. Je passe de temps en temps au club et je suis resté supporter. C’est mon club de cœur, une bonne partie de ma vie. Même si tout ne fut pas rose, l’OL m’a tout donné.

Propos recueillis par Lucien Eynard


(Photo Panoramic – Eddy Lemaistre)

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