Fekir, there goes my Gone

Olympique Lyonnais

RANK’N’OL #S03E17Pour se sortir des situations pénibles, il faut parfois savoir jouer de son arme. L’OL en a deux et la bravoure de Guingamp n’y a pas résisté (3-1). Le scénario n’était pas le plus le plus maîtrisé de la série, mais les Rank critiques jubilent encore.

 

Le match : La belle affaire (quand même)

 

rank-OL-Guingamp

Le mode d’emploi : Let’s Rank’n’OL !

 

Olympique Lyonnais1. Nabil Fekir

« Ce qu’on voit là, il faudra s’en souvenir un jour. » Cette confidence lâchée par Lacombe au micro de TLM au plus fort de la domination des années 00 a longtemps eu valeur de spleen d’avant l’heure. Pour toutes ces fois où il faudrait annoncer le retour dans le rang – à défaut d’une fin de cycle brutale. Une fin de l’histoire d’autant plus prévisible que l’OL avait besoin d’en passer par là pour se situer au niveau d’une autre histoire, celle d’une ville qui n’aime jamais rien tant que passer à côté de son destin. Il faut croire que Nabil aussi s’en est souvenu, mais pas comme on l’entendait. Moins comme une lamentation qu’à la façon d’une invocation à l’adresse d’une génération qui ferait son éducation devant ce jeu en 4-3-3 accords, Serpent à Sonnette qui hypnotise l’adversaire et l’allume à chaque accélération. Certes, le losange est passé par là depuis et on n’a plus à en passer par le grand tournis. Ça n’empêche pas le jeu lyonnais d’être étourdissant. Et comme souvent dans ce genre de situation, c’est vers la mène qu’on se tourne pour donner le tempo. Lequel est aussi soutenu et nerveux que les accélérations de Nabilon. La forme a peut-être changé, les buts rapelant que les fondamentaux restent les mêmes : une action collective qui se déploie sur les côtés et revient piquer au centre (20e) ; une passe qui traverse les lignes pour laisser à Fekir le soin de marquer de sang froid (87e). Les stats peuvent s’affoler un peu plus (onze victoires, deux nuls et six buts en treize matchs), si on se frotte les yeux, c’est que le miracle est ailleurs. On a trouvé celui qui a su s’en souvenir. There goes my Gone.

Olympique Lyonnais2. Alexandre Lacazette

Lyon aime trop ses idoles cachées, ses héros rien qu’à elle pour qu’elle se laisse griser d’en voir un estampillé meilleur attaquant de France. Mais il faut parfois se rendre à l’évidence. Et après tout, Alexandre Lacazette n’aura fait que ça de toute sa vie de footballeur, courir après l’évidence. Parce qu’il lui a fallu convaincre plus que les autres, et surtout plus souvent. Qu’il méritait un contrat ; qu’il méritait d’être titulaire ; qu’il méritait d’être avant-centre ; et enfin qu’il méritait d’être un leader. S’il a dû rendre son brassard, il est allé chercher le leadership là où personne ne pouvait le contester : au classement des buteurs. Et pourtant, le Kid de Mermoz vaut plus qu’une addition. Le une-deux avec Jallet à l’origine du premier but de Fekir ne sera pas répertorié chez Opta (20e). Pas plus que cette passe que Yattara s’entêtera à ne pas rendre décisive (76e). Si ses statistiques sont bonnes, elles contenteront surtout ceux qui ont douté. Pour les autres, Alexandre Lacazette n’est pas et ne sera jamais un joueur de chiffres. Il est une évidence.

Olympique Lyonnais3. Maxime Gonalons

Lacazette a dû s’en remettre au coup d’éclat permanent pour forcer la main de Deschamps. Gonalons sait qu’il n’aura même pas cette chance, le sélectionneur préférant avoir avec lui d’autres affiliés aux tâches obscures qui font briller des escouades qu’on pensait incertaines. Tout ce qu’il faudrait à Washing Maxime reprocher, ce serait donc d’être resté à Lyon. Comme si celui qui remettait à plus tard le soin de se frotter à une nouvelle concurrence, à un nouveau championnat, à une vie loin de ses bases trahissait l’une des croyances les mieux partagées dans le foot moderne et qui veut qu’il n’y a pas de grand footballeur sans un mental à toute épreuve. Peut-être qu’il manque à Gonalons celle du grand départ pour savoir s’il a le cuir aussi épais que tous les gars appelés à frayer avec la sélection. Peut-être même a-t-il trahi cette idée en laissant entendre à plusieurs reprises que pour pouvoir jouer à son meilleur niveau, il avait besoin d’avoir ses repères, sur le terrain, dans le jeu, dans la vie. Ce qui lui permet de prendre une part aussi secrète qu’active dans la domination de la première période en s’imposant dès qu’il y a du duel dans l’air. Ce qui lui coûte ces quelques basculements qui finissent en interception. Ce qui rapporte cette passe qui fait sauter assez de lignes pour envoyer Fekir au but (87e). Le genre de prestation bien trop raccord avec la performance du jour pour saisir la place que Gonalons tient dans un match et, au-delà, dans le renouveau lyonnais. Si l’OL n’est pas toujours au top, c’est qu’il est au Max.

Olympique Lyonnais4. Samuel Umtiti

Une faute qui coûte le coup franc qui amène le but guingampais (45e), une main qui aurait pu valoir un penalty (67e). Mais les actions passées en gras dans les résumés ne disent pas tout du match de Samuel Umtiti. Déjà parce que la première intervention était peu évitable et la seconde a priori involontaire. Et surtout parce que le gras, c’est l’antonyme d’Umtiti. Sylvain Marveaux privé d’un face à face tout cuit par une intervention délicieuse (30e), ou encore Jérémy Pied qui se fait subtiliser un ballon à un mètre du but par un type qui repart calmement soigner sa relance plutôt que de balancer (62e) peuvent en témoigner. Le Fossoyeur de Ménival a définitivement ce truc en plus. Qu’importe si tout le monde ne l’a pas encore remarqué, s’en délecter restera l’une des raisons d’être du Rank. Et avoir frustré les Côtes-d’Armor n’aura fait que lustrer sa côte d’amour.

Olympique Lyonnais5. Christophe Jallet

La vérité du moment n’est pas forcément là où on l’attend. Prenez Jallet. Le genre de gars qui aurait tant à dire sur ce rôle d’animateur du couloir dans un losange qui en dépend. Au lieu de quoi, l’ancien Parisien n’en revient toujours pas de se marrer à nouveau dans un vestiaire. À peu de choses près, on croirait entendre Coupet qui nous a expliqué l’importance des barbecues et des matchs qu’on refait autour d’une bière au Ninkasi. À cette différence près que les rôles ont changé. Là où, pour Coupet, le respect des anciens et de l’expérience tenaient lieu d’autorité dans un groupe – celle de Cavéglia, de Gava ou de Violeau –, Jallet vit bien dans un groupe où les leaders ont tout juste la vingtaine. Du coup, on se dit que ce n’est plus forcément une expérience qui se transmet au jour le jour au sein de l’OL entre jeunes et anciens, mais bien un savoir-faire maison qui comprendrait aussi bien le système de jeu que ces valeurs mises en avant par les formateurs lyonnais. De quoi renvoyer à d’autres temps ces histoires de hiérarchies immuables et comprendre que, dans le foot comme dans la vie, la transmission n’est jamais autant assurée que lorsqu’elle devient la chose la mieux partagée du monde. Au-delà de son activité qui fait basculer toujours un peu plus le jeu à droite, la réussite de Jallet tient donc dans la prise en compte de cette nouvelle distribution des rôles. Ce que ce modèle de une-deux avec Lacazette (20e) est venu rappeler une fois de plus, avec le centre en retrait, toujours le même, pour un de ces milieux qui traînent, Malbranque ou Fekir, peu importe. Plus besoin de devenir vieux avant l’heure pour se faire une place. Suffit juste de la prendre.

Par Pierre Prugneau et Serge Rezza

Retrouvez le Rank’n’OL sur OL Dirty Bastards et le Libéro Lyon.

(Photo Nolwenn Le Gouic – FEP / Panoramic)

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