Fekir, le phéno’ mène haut

Olympique Lyonnais

RANK’N’OL #S03E27Plutôt que de subir la pression du premier, l’OL a préféré l’exercer pour faire perdre la tête aux Lensois et conserver la sienne – au sommet de la Ligue 1. Pour heureuse qu’elle soit, la victoire du jour n’a rien de la balade sans histoire, la faute en partie à un terrain cabossé. Si le jeu en a largement souffert, le Rank y a forcément trouvé son compte. Soit cinq histoires qui ne demandent plus qu’à verser du côté de la légende.

 

Le match : Réalistes, de bout en boue

 

Olympique Lyonnais

Le mode d’emploi : Let’s Rank’n’OL !

 

Olympique Lyonnais1. Nabil Fekir

Nabilon vit à l’ombre d’Alex et ça lui va bien. Cela ne l’empêche d’ailleurs pas d’être actuellement un des deux meilleurs joueurs du championnat. Le Rank a souvent rendu hommage aux types avec qui il peut se passer quelque chose à tout moment, peut-être parce que les Lyonnais ont connu trop de périodes depuis sept ans durant lesquelles ils savaient qu’il n’allait rien se passer. Nabil Fekir bénéficie sans doute de la jurisprudence, mais il apporte indéniablement quelque chose en plus, et à chaque match. À Amiens, dans la boue, il s’est créé une première occasion tout seul après avoir effacé Sylla comme s’il n’était qu’un piquet (8e). Puis il a envoyé cette demi-volée du droit à 25 mètres à quelques centimètres du poteau avec une spontanéité géniale quand tous les experts dopés à la Ligue 1 l’incitaient à avancer (45e+3). L’ultime quasi chef-d’œuvre, cette frappe en angle fermé après un grand pont fabuleux sur Boulenger (71e) aurait pu faire le tour de l’Europe, elle se contentera de faire sa vie en Vine auprès des happy few. Personne ne s’en plaindra ici. Car pour que les Lyonnais vivent heureux, il faut que Fekir vive caché.

Olympique Lyonnais2. Anthony Lopes

Quand un footballeur est sous-estimé en France, c’est encore à Lyon qu’il le vit le mieux. Anthony Lopes peut bien soigner ses stats et ne faire quasiment plus aucune erreur ni mauvais choix, il n’a même pas le droit au succès d’estime. Qu’importe, personne ici n’échangerait son gardien, et ce n’est pas faute d’avoir été gâté depuis vingt ans. Au turbin dès les premières minutes, Lopes a été devant Chavarria (2e) et El Jadeyaoui (3e), parfait devant Chavarria (67e) et surtout exceptionnel quand il le fallait : entre l’ouverture du score et le penalty du 2-0 pour une claquette sur un tir lobé d’El Jadeyaoui (23e) et au bout des arrêts de jeu de la première mi-temps pour récupérer d’un tacle dans les pieds de Chavarria une boulette de Jallet (45e+4). Un vieux poncif veut qu’on ne peut être champion sans un grand gardien. Il nous faudra donc aller chercher la modération ailleurs.

Olympique Lyonnais3. Maxime Gonalons

À Amiens, l’OL a gagné grâce à des coups du sort, qui sont aussi la conséquence d’un danger perpétuel porté dans la surface adverse. L’OL a aussi gagné parce que, outre un grand Lopes, il a trouvé un axe central propre et puissant. Pour Rose, c’était une bonne surprise ; pour Umtiti, éligible au top 5, c’était plus commun mais impressionnant (48 ballons joués dont 31 gagnés !) ; pour Gonalons, c’était un classique. Washing Maxime le bien (sur)nommé n’a pas réinventé son poste. Il se contente de l’incarner. Il n’est pas question ici de génie, mais « simplement » d’une maîtrise parfaite des attributions du 6, capable de briser les tentatives d’attaques adverses, de se muer en troisième défenseur et, surtout, de distribuer de la galette à qui mieux mieux (94% de passes réussies), toujours dans le sens du jeu. Pour que l’OL s’en sorte cette saison, il fallait que les cadres répondent aux espérances. Le premier d’entre eux permet aujourd’hui de croire aux espoirs les plus fous.

Corentin-TOLISSO4. Corentin Tolisso

Il faudrait opposer les joueurs de l’ombre à ceux qui prennent la lumière. On veut bien, mais jusqu’à un certain point. Parce qu’entre les deux se situe Corentin Tolisso. Pour en arriver là, le jeune milieu lyonnais ne s’en est pas seulement remis à cette caisse qui pèse au moment d’étouffer les premières relances adverses ou à cette technique pleine d’assurance qui remet le jeu en ordre. Un coup d’œil lui suffit pour passer de l’ombre à la lumière – et inversement – parce que toutes les situations s’y prêtent. Il ne suffit pas de prendre la mesure du milieu adverse sitôt les premières interventions réussies. Il faut aussi savoir imposer son jeu, son rythme et provoquer une certaine intranquillité autour de la surface lensoise. Faire d’une récupération pas seulement une relance, mais aussi une occasion de tirer au but (17ème) ou de servir de relais pour envoyer Lacazette affoler un peu plus la défense sang et or (71e). Et des fois qu’on n’ait pas bien pris la mesure des choses, c’est Fournier qui l’envoie finir le boulot de Dabo quand ce dernier se met à apparaître plus Mou que jamais. Tolisso en profite alors pour repousser un tir de Madiani devant sa ligne (79e). On pourra y voir un signe parmi tant d’autres – avec le but contre son camp de Gbamin ou le penalty récolté – d’une chance qui a choisi son camp, celui du champion. Encore faut-il savoir incarner l’idée qu’on se fait d’un champion. De ce qu’on en a vu, Tolisso n’en est jamais loin.

Olympique Lyonnais5. Lindsay Rose

Samedi soir, personne n’avait envie d’être à la place de Lindsay Rose. D’abord, parce qu’on ne connaît personne qui souhaite se retrouver troisième dans la hiérarchie des adjoints d’Umtiti, derrière Bisevac et Koné. Ensuite, parce qu’on mesure la pression de celui qui sort de la cave à la faveur d’un forfait de dernière minute et d’un départ pour la CAN. Enfin, parce qu’il ne faut pas deux minutes de jeu pour comprendre que les Lensois vont allumer les premières mèches dans son coin. Qu’un Sang et Or s’y pointe et l’on sait que c’est le milieu qui vient d’être passé, que Jallet est en train de naviguer trop haut, qu’Umtiti doit veiller au grain à l’opposé. Mieux vaut encore serrer les dents plutôt que les espaces qui s’ouvrent à Chavarria et Coulibaly dans le premier quart d’heure. A ce moment-là de sa saison, c’est sans doute ce que Rose sait faire de mieux : ne rien dire et encaisser. Les accélérations adverses laissent clairement apercevoir son retard à l’allumage. Cela aurait pu se voir si le destin avait voulu s’acharner sur lui. Dans la gadoue, on préfère ne pas s’arrêter à ce genre de détails et apprécier le choix du joueur qui a compris que la meilleure façon d’occuper les espaces qui menacent de se libérer dans son dos, c’est encore de boucher la vue de son adversaire. Le premier retour dans les pieds de Coulibaly (19e) annonce ce qui va suivre : il n’y a de défense qui vaille que lorsqu’elle tient encore debout. Sous ses faux airs d’Ederson mais dans le corps de Lovren, Rose n’a pas encore rejoint la cohorte des maudits qui finissent par se coucher pour une glissade coupable ou un moment d’oubli. Peut-être parce que le plus dur commence maintenant qu’il y a une place pour lui et pour l’OL. Une place à défendre.

Par Pierre Prugneau et Serge Rezza

Retrouvez le Rank’n’OL sur OL Dirty Bastards et le Libéro Lyon.

(Photo Frédéric Chambert – Panoramic)

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