Ahmed Aït Ouarab : « L’UNFP FC, humainement enrichissant »

Ahmed Aït Ouarab

ENTRETIEN. Entraîneur adjoint de la Duchère depuis 2015, Ahmed Aït Ouarab a quitté le deuxième club lyonnais au début de l’été. Désormais sans contrat, l’ancien milieu offensif (qui a notamment joué en deuxième division avec Martigues, Le Mans ou Clermont) donne depuis deux semaines un coup de main à l’UNFP FC. L’occasion de discuter avec lui de cette équipe très spéciale, constituée de joueurs sans contrat.

Comment tu t’es retrouvé dans le staff de l’UNFP FC après ton départ de la Duchère ?

J’ai toujours été membre du syndicat depuis que j’ai 20 ans et le début de ma carrière de joueur. L’UNFP essaye de faire adhérer les joueurs pros pour que le syndicat soit plus puissant. J’ai suivi toutes les aides et les services qu’il propose, jusqu’à devenir membre du comité directeur pendant deux années. Je suis ensuite parti jouer à l’étranger [à Chypre et en Algérie] et je me suis donc un peu éloigné du comité directeur, tout en restant proche de l’UNFP. J’ai participé deux fois au stage en tant que joueur [en 2004 et 2008], mais jamais en tant qu’entraîneur. C’était l’occasion, ils avaient besoin de moi.

« Exactement comme un club ! »

Quel est le but de l’UNFP FC ?

En club, il y a toujours une excellente ambiance tant que tu n’as pas redémarré le championnat et fait les fameux choix. Là c’est moins compliqué : tout le monde fait une mi-temps lors des matchs amicaux.

C’est l’un des services de l’UNFP. Le but est d’apporter aux joueurs libres toute la logistique leur permettant de faire une préparation physique : stage de préparation, matchs amicaux, entraîneurs pros, préparateurs physiques, équipements, hôtel de qualité, masseurs, kinés, etc. Exactement comme s’ils étaient dans un club !

Il y a une petite sélection pour choisir les joueurs qui participent ?

Il faut être adhérent à l’UNFP et c’est en gros premier inscrit premier servi. Il y a ensuite une liste d’attente en fonction des postes : certains joueurs nous quittent quand ils trouvent un club et d’autres les remplacent.

À quoi ressemble le stage au niveau de l’ambiance ? Comme la pré-saison dans un club ?

La grosse différence, c’est qu’en club tu rentres chez toi tous les soirs, à part une semaine de stage. Là, tu es en stage pendant cinq semaines. Sinon, ça ressemble vraiment à un stage de pré-saison. En club, il y a toujours une excellente ambiance tant que tu n’as pas redémarré le championnat et fait les fameux choix. Là c’est moins compliqué : tout le monde fait une mi-temps lors des matchs amicaux. Il n’y a pas de rivalité. Au contraire, vivre ça ensemble, ça soude.

« On a affaire à des joueurs qui savent vite s’adapter »

C’est quoi le programme typique d’une semaine ?

On va à l’essentiel. On essaye de rapidement créer une ossature d’équipe avec une base défensive, parce que l’objectif n’est pas non plus d’en prendre cinq tous les week-ends !

Quasiment le même qu’en club, sauf qu’on multiplie les matchs amicaux pour que les joueurs puissent se montrer. En club on fait en moyenne cinq matchs amicaux, là on est montés à 11. Donc forcément il y a un peu moins de travail athlétique et beaucoup de récupération.

Vous êtes basés où ?

Le point de chute est au sud de Paris, à Lisses, dans un hôtel quasiment spécialisé dans l’accueil des équipes de football en stage. Il y a aussi une semaine où l’UNFP FC est parti en Angleterre pour que les joueurs puissent se montrer outre-Manche.

C’était vraiment le but, attirer les scouts anglais ?

Oui, oui. C’est un peu la même idée en France : on essaye de jouer aux quatre coins du pays pour que chaque recruteur puisse venir jeter un œil.

Ce n’est pas trop dur de faire son métier de technicien dans ce contexte un peu spécial, sans long terme ?

Ce n’est pas simple. On va à l’essentiel. On essaye de rapidement créer une ossature d’équipe avec une base défensive, parce que l’objectif n’est pas non plus d’en prendre cinq tous les week-ends ! Et on laisse un peu plus libre cours à la partie offensive. Les entraînements, c’est beaucoup de préparation physique pour que les joueurs soient à jour s’ils intègrent un club, et après on répète toutes les gammes techniques. On a heureusement affaire à des joueurs professionnels, donc qui savent vite s’adapter.

« Tu te dis que tu as quand même de la chance »

Tu as appris des choses aux côtés de joueurs comme ça ?

Faire le stage UNFP te pousse à tout faire pendant la saison pour ne pas te retrouver de nouveau dans la même situation ! C’est quand même mieux de commencer la saison avec un club. Mine de rien, ça fait peur d’être libre et de voir les effectifs se constituer sans toi.

Ça a été humainement enrichissant. Tu as affaire à des joueurs pros, avec des exigences et des besoins. Ça m’a permis de me rendre compte que je pouvais être crédible auprès d’eux. Parce que j’ai eu une petite carrière et parce que j’ai vécu ce qu’ils sont en train de vivre. Tout ça, et aussi mon vécu d’entraîneur, fait que je peux leur apporter des choses. Ils sont reconnaissants et à l’écoute. Savoir que je suis passé par là et que j’ai pu quand même faire carrière ensuite, c’est rassurant.

Justement, tu as retenu quoi de tes deux stages avec l’UNFP FC en tant que joueur ?

Déjà, ça te pousse à tout faire pendant la saison pour ne pas te retrouver de nouveau dans la même situation ! C’est quand même mieux de commencer la saison avec un club. Mine de rien, ça fait peur d’être libre et de voir les effectifs se constituer sans toi. Ça, c’est la première chose : te dire que c’est mieux si tu peux éviter d’y retourner. Mais la deuxième chose que j’en retiens, c’est que lorsque tu y es, tu te dis que tu as quand même de la chance. Tu peux te préparer, faire des matchs, te montrer, tu es prêt si on t’annonce que tu fais un essai le lendemain.

Et en tant qu’entraîneur, ce stage a aussi pour objectif de se montrer ?

Déjà, je suis déjà venu pour rendre service à Pascal Bollini, le directeur de stage, qui avait besoin de quelqu’un pour la fin du stage. Ça m’a donné l’occasion de côtoyer Serge Romano pendant deux semaines, qui est quand même un coach de première division qui a beaucoup bourlingué, donc c’était bien sûr un enrichissement personnel. C’était aussi une façon de me prouver que je pouvais encadrer des joueurs pros, de me rendre compte que je m’étais bien éclaté ces dernières années et que je pouvais persévérer dans ce métier en étant capable d’apporter à des clubs et des joueurs de bon niveau.

C’est quoi la suite pour toi ?

J’ai quitté la Duchère fin juin, donc à cette période-là tous les staffs sont déjà prêts. Je vais attendre plus tard pour retrouver un club. J’ai bien aimé être adjoint, j’aimerais le refaire à un niveau pro. J’aimerais aussi beaucoup être à la formation, entraîner des U17 ou U19 nationaux. Mais après, si un club de bon niveau R1, N3 ou N2 est intéressé par un jeune entraîneur passionné…

Propos recueillis par Hugo Hélin

(Photo Lyon Duchère AS)

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