Dans la tête d’Alexandre Lacazette

Olympique Lyonnais

SÉANCE #11. Après la défaite en finale de la Coupe de la Ligue face au PSG, Alexandre Lacazette a tout raconté au Dr Meriem Cherchab. Attention : haine, larmes, violence et trahison.

Aujourd’hui on se déplace à Paris. Saint-Denis, ses cités, son Stade de France et sa barquette de frites dégueulasses, bref  tous les ingrédients sont là pour une finale endiablée. De l’infirmerie à Gerland, en passant par le centre de formation, la victoire en championnat contre le PSG la semaine précédente nous a donné de l’assurance.

Avant le match, Bafétimbi Gomis vient me voir dans les vestiaires pour m’avertir : « Ce soir, le héros c’est toi ou moi. Alors, fais pas ton Licha : laisse-moi la gloire. » Déjà concentré sur la rencontre, je préfère ne pas faire attention à cette remarque. D’ailleurs, depuis quand il faut faire attention aux avertissements de Bafé ?

Décidé à porter mon équipe, j’essaye de ne louper aucun des rares ballons que je vois arriver dans mes pieds. C’est difficile, surtout que Bafé me balance des taquets discrètement derrière les oreilles et sur les mollets histoire de lui laisser tous les ballons.

Je marque ce but tout seul. Bafé vient me voir : « Calme, calme, faut pas les provoquer ! »

On démarre mal le match puisque Cavani s’en va gâcher la fête en allant marquer dès la 3e minute. On commence à douter, je me mets à prier pour qu’Anthony Lopes tienne la baraque les 86 minutes restantes. Au même moment, comme si un court-circuitage avait merdé dans mes prières, Antho décide de rendre hommage au jeu d’action préféré de son enfance : Street Fighter. C’est Lucas Moura qui joue le rôle de Eagle et Stéphane Lannoy celui de Birdie. Sagat, alias Anthony Lopes, ne peut que s’incliner.

À 2-0, on se dit qu’il vaudrait mieux limiter les dégâts et soigner les apparences. Dans les vestiaires, on écoute avec attention le discours de motivation de Rémi Garde. Au moment de retourner sur le terrain, Bafé traverse le couloir menant à la pelouse du Stade de France habillé de ce ballon-bulle transparent hérité des animations d’avant-match. Il se justifie : « Bah quoi, j’ai vu ça, ça m’a paru comme une évidence. »

On démarre la seconde période avec plus de sérieux. D’ailleurs, le suspense remonte lorsque je marque ce but tout seul à la 56e minute.Bafé vient me voir : « Calme, calme, faut pas les provoquer ! »

J’ai fait renaître l’espoir, mais je vois la réalité en face : cette coupe, on ne l’aura pas. Les larmes commencent à couler le long de mon visage, bien que le match ne soit pas terminé. Pendant que Jean-Michel Aulas se bat avec la sécurité dans les tribunes, le coach insulte tout ce qui bouge sur le banc.

95e minute, le PSG remporte sa finale. Je suis posé là, au milieu de la pelouse, regardant cette coupe soulevée dans les tribunes. Les cris de joie, le folklore, les confettis, les nanas : après la tristesse, la rage envahit mon corps tel Vega prêt à attaquer avec ses griffes son adversaire. Voire son partenaire.

Meriem Lola

(Photo JB Autissier – Panoramic)

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